❝ Le week-end est toujours accueillie avec joie par les élèves de Sainte Catherine. Bien que dans la logique des choses il débute dès le samedi matin, ce n'est pas le cas dans l'école de magie. En effet, les élèves doivent encore subir quatre longues heures d'éducation sportive collectives avant de pouvoir goûter à ce repos tant attendu. Mais pour certains d'entre eux, ce n'est pas si difficile à vivre. Nozomi, évidemment, fait parti de ce groupe-ci. Pour elle, il n'y a pas plus agréable que de courir au petit matin. Ainsi, elle se plie aux différents exercices avec un plaisir qu'elle n'essaie même pas de cacher. Qu'importe le sport du jour, il trouve toujours grâce aux yeux de la métis. Jeux collectifs, athlétisme, endurance, escalade … Rien de tout ça ne lui fait peur. Bien évidemment, quatre heures c'est long, même pour elle : mais elle se sent tellement bien lorsque le cours prend fin qu'elle ne regrette jamais de s'être autant dépensé. De plus, cela lui permet de se vider la tête et d'oublier un peu le reste pour se concentrer sur sa respiration ou sa course. Et pour une personne comme Nozomi qui fait tourner son cerveau à plein régime à peine les pieds hors du lit, ce répit est le bienvenue. Elle en regretterait presque que ce cours n'ait lieu que le samedi matin – heureusement, elle peut compter sur la voltige deux fois dans la semaine pour compenser.

C'est donc en nage mais ravie de sa séance que Nozomi rejoint la Tour des Dryades, Shirayuri sur les talons. Malgré ses muscles qui crient grâce, elle n'a cependant pas le temps de se reposer : cette après-midi, elle a prévu une virée shopping avec Romane. Amies depuis leur rentrée à Sainte Catherine, les deux jeunes filles sont comme le jour et la nuit. Tandis que Nozomi est sérieuse et discrète, Romane est plus dissipée et vive. Pourtant, elles se sont toujours bien entendues. Sûrement parce qu'elles partagent le même point de vue concernant les Sorciers ? Ce n'est sûrement pas le seul argument mais c'est malgré tout un critère important. En tout cas, Nozomi apprécie la compagnie de la rouquine. Elle est comme une bouffée d'air frais en plein désert. Passer du temps avec elle est donc toujours agréable – cela lui permet de se comporter un peu plus comme une adolescente normale, ce qui lui fait souvent le plus grand bien. Sans vouloir entrer dans les clichés sexistes, Nozomi apprécie le shopping comme la plupart des autres filles. Ainsi, pourquoi s'en priver ? Il est plus que temps qu'elle trouve des vêtements un peu plus chaud pour l'hiver qui arrive, bien que le domaine de Sainte Catherine jouisse de températures clémentes en toute saison.

Après une bonne douche bien méritée, Nozomi s'est habillée d'une petite robe bleue marine toute simple et a enfilé de jolis sandales noires. Pour le sac, le plus petit fera l'affaire. Elle a simplement besoin de place pour son éventail et son porte-monnaie de toute façon. C'est ainsi apprêtée qu'elle est descendue dans la Grande Salle afin de grignoter un peu. Connaissant son amie, elle succombera à des gourmandises au centre commercial, inutile donc de trop se remplir l'estomac. Une fois un minimum rassasiée, Nozomi est sortie du château et s'est rendue jusqu'au téléphérique. Elle a hésité un instant à simplement se téléporter mais elle a du temps devant elle, alors autant profiter de la vue dans la cabine suspendue dans les airs. La descente a duré une petite quinzaine de minutes et une fois en bas, la métis a continué sa route à pied. La ville de Malnans a beau être la plus proche, il faut tout de même marcher un moment avant d'arriver à destination. Mais cela ne dérange pas Nozomi malgré ses quatre heures de sport. Pratiquant la voltige depuis son plus jeune âge, ses mollets ont connu bien pire qu'un peu de marche. Lorsque les premières habitations commencent à apparaître, la métis presse le pas. Elle a déjà fait des rencontres peu appréciables dans le coin et ne désire pas vraiment renouveler l'expérience.

Ce n'est qu'une fois au centre-ville que Nozomi retrouve une certaine sûreté. Bien sûr, un peu de magie lui permettrait de se débarrasser de potentiels assaillants mais c'est interdit dans les lois d'user de ses pouvoirs contre des humains. Et même en cas de légitime défense, la brunette refuse de faire entorse à la loi. C'est donc rassurée par la foule du centre-ville que Nozomi s'assoit sur un petit banc, prête à attendre son amie. La connaissant, Romane sera très sûrement en retard. C'est pourquoi la métis s'est permise de venir à pied sans se presser. Son amie est incapable de respecter un horaire, Nozomi l'a constaté plus d'une fois en trois ans. Shirayuri couchée à ses pieds, invisible aux yeux des non-magiques, la métis feuillette un journal qu'elle a trouvé abandonné sur le banc. Il parle du mécontentement de la population française suite à l'élection de leur nouveau président. Rien qui la passionne vraiment, en vérité. Un idiot qui gouverne des idiots, voilà ce qu'elle pense de la politique des êtres humains. Un coup d'oeil à sa montre lui indique alors que Romane cumule déjà un retard de cinq minutes. Classique. Soudain cependant, Shirayuri relève la tête. La rouquine apparaît quelques instants plus tard, accompagnée de son lapin chanteur. Il était temps.

▬ Je suis désolé du retard! Mais bon, me voilà maintenant, c’est le principal non ?

▬ En toute honnêteté, je m'y attendais. Tu es incorrigible.

Nozomi se lève du banc, jetant le journal dans la poubelle la plus proche. Maintenant que son amie est là, elles peuvent se mettre en route pour le centre commercial. Il n'a plus qu'à quelques rues de leur point de rendez-vous. La métis prend donc naturellement la tête du duo, ouvrant la marche. Bien qu'elle ne vienne pas très régulièrement dans le coin, elle connaît cependant la route : après trois ans à vivre dans le coin, il serait bête qu'elle ne sache pas encore se repérer. Elle chemine ainsi dans la rue piétonne, échangeant des banalités avec son amie. Shirayuri slalome entre les longues jambes humaines, s'amusant parfois à en chatouiller certains de sa longue queue touffue. Nozomi sait que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne réclame ses bras, mais elle ne peut se le permettre au milieu de temps de monde : elle aurait l'air bien ridicule, les bras entourant quelque chose d'invisible. Merlin, lui, n'a rien à craindre dans son sac. Nozomi regrette presque d'en avoir prit un si petit. Sûrement craquera-t-elle pour un modèle bien plus large une fois dans le centre commercial, même si ce n'est vraiment pas dans sa liste des priorités. Elle n'est pas une acheteuse compulsive mais n'est malheureusement pas à l'abri des coups de cœur soudain.

Tandis qu'elles rentrent enfin dans le centre commercial, Nozomi s'adresse à son amie :

▬ Tu sais déjà quelles boutiques tu veux faire ?