⎡Conséquences & Fourberies⎦

avec Ezhyo Evercrow

Samedi – 14h32
La porte de la salle de classe des Pégases se dressait hostilement face à la petite Magicienne. Pas totalement réveillée de la grasse matinée qu'elle s'était octroyée un peu avant, elle sentait ses yeux qui se refermaient contre sa volonté. Quelle cruauté de la part de son professeur de lui donner des lignes à copier le week-end ! Elle saurait s'en souvenir.

Preuve de son récent réveil, ses cheveux étaient encore indisciplinés vers l'arrière, son chemisier mal fermé et le ruban bleu pour fermer son col était resté sur sa table de nuit. Il était possible, également, que l'un de ses bas se soit arrêté sous son genou, contrairement à l'autre. D'habitude, un petit tour de magie permettait de les garder à mi-cuisse mais là … là, il était encore trop tôt pour elle.

De son côté, le familier renard n'était pas en meilleur état. D'habitude, ils flânaient tous les deux, surtout en une si belle journée. Devoir s'enfermer dans une pièce, pour une simple petite coloration involontaire de la peau, c'était criminel. Ezhyo était un traître. La vengeance de Sasha allait être terrible, le pauvre homme n'avait aucune idée de la tempête qu'il venait de provoquer.

Si encore, il s'était contenté de la coller, bon, elle se serait faite à l'idée sans discuter. Mais non ! Il avait osé lui sourire, du sourire du vainqueur, de celui qui venait de lui clouer le bec. Elle n'aimait pas ça. Elle reconnaissait sa défaite mais elle n'aimait pas ça. Sasha en était persuadée, elle l'avait presque détournée de son cas en passant sur celui de l'infirmière. Mais au final, il était revenu à lui et l'avait terrassé en trois phrases. L'adolescente était impressionnée et très vexée de ne pas l'avoir eut avec son petit jeu.

Elle était restée longtemps dans ce couloir, la bouche ouverte et les bras ballants après le départ de l'adulte. Les ricanements de Mikorin s'étaient ensuite dirigés contre elle et pendant un instant, elle avait réfléchit à la possibilité de lui courir derrière pour tenter de plaider une nouvelle fois son cas. Mais tout bon guerrier savait se rendre compte quand le combat était terminé. La victoire revenait haut la main à Ezhyo.

Il fallait le reconnaître, les gens ayant un familier renard étaient des adversaires coriaces : le Directeur pour citer le plus impressionnant et maintenant, Ezhyo qui s'était démarqué avec beaucoup de surprise. Mais elle restait dans la course, bien décidée à ce qu'on la remarque. Elle avait prévu des années inoubliables, ici à Sainte Catherine, pour elle comme pour les autres. Ce serait dommage de revenir sur sa promesse ~

Elle poussa la porte, remarquant que son professeur n'était pas encore arrivé. Perdu avec son sens de l'orientation défectueux ? Que c'était mignon. Ah, elle aurait vraiment pu prendre davantage son temps en fait. Enfin bon, maintenant qu'elle était là … Elle mit un peu d'ordre dans sa tenue et longea les allées, sa main venant caresser les bureaux inoccupés. Le sien était au milieu de la pièce, là où elle pouvait encore se concentrer sur le cours tout en ayant une oreille indiscrète du côté des conversations de fond de classe.

Sasha tira sa chaise et prit place, le visage dans la paume de sa main. Combien de temps allait-elle devoir attendre ? Pour la peine, elle avait bien envie de préparer une petite farce pour l'adulte mais devoir copier des lignes était déjà assez ennuyant comme cela … inutile d'en rajouter davantage. Son renard était à ses pieds, étalé de tout son long, prêt à poursuivre sa nuit. Infâme lâcheur. Abandonnée par son plus fidèle allié !

Soudainement, la Magicienne prit conscience qu'elle était venue sans son sac : une feuille et de quoi écrire risquaient pourtant d'être fort utile pour ce pénible moment. Bah, Ezhyo se débrouillerait pour lui donner le nécessaire. Après tout, elle aurait été bien capable de trafiquer le tout pour que les lignes s'écrivent toutes seules. Un gain de temps pendant lequel elle aurait encore cuisiné son professeur sur sa « relation » avec l'infirmière. L'important était de ne jamais perdre le nord.

La porte s'ouvrit enfin et comme ça ne pouvait être que son fourbe de professeur, l'orangée prit sa position la plus détendue et, comme s'ils s'étaient donnés rendez-vous au café de la ville d'à côté, badina sur le ton de la conversation :

« Bonjour, Monsieur ! Belle journée, n'est-ce pas ? Quel dommage d'être enfermé à l'intérieur … Vous avez bien dormi, j'espère ? »