Les Tempérance forment une très ancienne lignée de sorcier qui a toujours vécu dans l’anonymat et la discrétion. Originaire des faubourgs de Paris, dés ses premiers balbutiements, les plus anciens membres de cette famille ont toujours connu la misère et les travaux ingrats. Incapable de se développer, de prospérer ou de se faire un nom, il leur faudra attendre plusieurs siècles avant de connaître le moindre espoir.
Cette chance se présenta en la personne de Galahad De Tempérance, l’arrière-grand père de Lence. C’était un sorcier d’honneur, malgré ce que les magiciens de son époque pouvaient dire de lui ou de son espèce en général. Lorsqu’il sortit prématurément de son école de sorcier en 1914 à l’âge de 18 ans, à cause de la guerre qui éclata dans le monde humain, le jeune diplômé se jura qu’à la fin de ce conflit, il sortirait sa famille de l’oublie en profitant du renouveau qui se profilait. C’est exactement ce qu’il fit, et sans jamais s’expliquer clairement, il obtint une fortune importante. Mais lorsqu’on lui demandait comment il avait fait, Galahad ne répondait que par une phrase :
« Ce fut totalement légal, mais parce que nous sommes des sorciers, les magiciens feront tout pour vous prouver le contraire. Les Tempérance deviendront une grande lignée qui pourra lever fièrement le regard fasse aux Grandes Familles. Et je refuse de créer nos fondations sur le mensonge et la traîtrise ! »
C’est en suivant ses paroles et cet unique objectif que ses enfants grandirent et étudièrent pour lui faire honneur. Galahad continua de prospérer lui aussi en tentant de repousser les limites de sa malédiction et de ses connaissances. Il ne mourut qu’en 1998, changé en pierre par cette dernière lors d’un dernier effort bien trop important.

Lence naît au début du nouveau millénaire à Paris dans l’immense immeuble occupé par sa famille depuis plusieurs décennies. Il est le fils de Roland De Témperance et de Anna Bon, deux sorciers diplômés de hautes écoles et persuadés que leur espèce est capable de se relever de sa malédiction et de faire face de nouveau aux magiciens. Dés son plus jeune âge, le nouveau membre de la famille est partagé entre une vision revancharde des sorciers, cultivée par sa mère et son frère aîné, et une autre bien plus pacifique et réfléchis, prôné par son père et grand-père. C’est en écoutant ce dernier lui conter les histoires de son ancêtre que Lence choisi la voix de la raison, se sentant investi du devoir familial qu’est de donner tout son éclat au blason de la sorcellerie et de sa famille.
Fort de ce sentiment et de cet enjeu dont il ne comprend pas encore toute l’envergure, le jeune garçon est devenu l’un des meilleurs élèves de son école. Incapable de s’arrêter dans sa recherche de mieux, il s’est mis à chercher la moindre occasion pour se faire voir, intégrant le club de balais aérien, pour en devenir rapidement l’un des membres les plus importants, ou cherchant toujours à en faire plus lors des cours de magie. Il en est même venu à penser qu’il ne serait jamais touché par la malédiction, lui qui n’avait peur de rien.
Mais cette innocence et orgueil d’enfant qui lui servaient de moteurs dans son début d’adolescence s’effondrèrent en une seule petite journée. Lorsqu’il rentra chez lui alors que les beaux jours commençaient à peine à se montrer, il découvrit sa famille en panique. Quelque chose de grave s’était produit, même le plus idiot des enfants aurait pu le comprendre. La mère et le frère de Lence avaient tenté de réaliser le dernier défis que s’était lancé Galahad avant sa mort, sauvé l’arbre plusieurs fois centenaire qui reposait dans son domaine, au dessus de la tombe de sa femme. Touché depuis plusieurs décennies par une maladie magique inconnue, la famille De Tempérance s’était juré de sauver ce trésor de la Nature par leurs seuls moyens. Mais lorsqu’ils s’y étaient entrain d’essayer de réussir là où leur ancêtre le plus respecté avait échoué, quelque chose avait mal tourné, les forçant à puiser bien plus de magie qu’il n’aurait dû. Personne ne savait ni pourquoi ni comment mais leurs malédictions respectives les avaient rappelé à l’ordre, et par la manière forte. Sa mère a depuis ce jour, la peau blanche livide et le regard perdu dans le vide. Elle est devenu incapable de s’exprimer ou de ressentir de nouveau un sentiment, bien qu’elle semble comprendre ce que sa famille lui dit. Son frère Philippe quant à lui a perdu l’usage de ses membres, le forçant à vivre dans un fauteuil roulant, incapable de vivre seul. Face à ce spectacle qui lui aurait semblé impossible avant, toutes les certitudes avaient volé en éclat. Si son frère et sa mère avaient échoué, pourquoi lui réussirait ? Ni son père, ni son aïeul n’avaient pu lui donner la moindre explication, ce qui le troubla d’autant plus.
Les jours qui suivirent furent les pires de sa vie. Incapable de trouver le repos, de trop nombreux cauchemars hantaient ses nuits. «Inutilité», «Échec», «Défaite», «faillite» étaient des mots qui résonnaient dans sa tête comme des tintements de cloches assourdissants. Des visions d’horreur se créaient devant lui, lui montrant des montagnes de cadavres des membres de sa famille, tués uniquement par sa faute et son incapacité à accomplir son but, ou encore l’image de milliers de rangés de pierres tombales comportant le nom de la moindre de ses erreurs.
Depuis ces cauchemars, Lence ne peut plus supporter l’Échec. Le moindre écart l’éloignant de l’image de sorcier parfait qu’il se représente le fait partir dans des crises émotionnelles, pouvant aller du simple excès de colère à de véritables crises de démence.
Mais loin de l’éloigner de son objectif, l’apparition de sa malédiction n’a fait que renforcer sa volonté d’arriver au sommet. Maintenant ce n’est plus seulement une question d’honneur, mais aussi de nécessité. Devenant ainsi encore plus acharné dans ses études et dans ses passions, Lence ne peut plus accepter de lui même le moindre écart. Ses efforts semblent d’ailleurs porter ses fruits puisque qu’à la fin de cette année de travail acharnée, Lence réussi son petit exploit personnel de prendre la forme d’un Nâga d’un taille bien respectable et de réussir une première téléportation bien que sur une distance assez courte lors de ses derniers cours de l’année 2016-2017, dans son ancienne école. Cependant une autre facette de sa malédiction s’est montré au grand jour lors de ces petits tours. A chaque fois qu’il prend la forme de Nâga, le jeune sorcier ressent ce sentiment de trouble qu’il a à chaque fois que l’échec prend un part trop importante de ses pensées. Lence se sent alors incapable de pouvoir relancer son sort de nouveau et au bord de la crise de nerf. Sa malédiction ne le lâcherait jamais et serait son plus grand ennemie au long de sa vie.
Mais un ennemie se combat et se vainc. Et lorsque le jeune homme vit que l’école d’Hortensia s’ouvrait enfin aux sorciers, il comprit que ce serait là qu’il trouverait les clés de la réussite. Peu importe les efforts que cela lui demandera mais il viendra à bout ces mœurs obsolètes et montrera au monde que lui réussirait à concrétiser les espoirs de son ancêtre. Lence allait enfin pouvoir échanger avec des magiciens, étudier avec eux et progresser encore plus qu’avant. Pour sa rentrée, le grand père offrit d’ailleurs à Lence l’un des objets les plus symbolique de sa famille, le sceptre enchanté de Galahad qui s’aurait dorénavant le sien, faisant office de catalyseur pour sa magie.
Sa rentrée à Saint Catherine fut d’ailleurs exactement comme il l’avait imaginé. Beaucoup de monde, certains sûrs d’eux et d’autres apeurés par ce mélange. C’était ce qu’il recherchait. Il pourrait prouver que les sorciers ne sont ni des menaces, ni des êtres inférieurs. Mais son attention fut surtout attirée par une personne, celle du nouveau directeur de Sainte Catherine. Lui qui semblait être un parfait membre de Grande Familles respectueux des règles ancestrales, comment avait-il pu mettre un place une telle réforme, et de manière si soudaine ? Mais surtout, ce qui marqua le jeune sorcier, c’est lorsque celui ci lui remit son familier, d’abord une boule grise étrange devenant entre ses mains un magnifique cobra noir. Le directeur avait été spontané et n’avait fait preuve d’aucune hésitation, même pas un mouvement de recul qu’un magicien normal aurait eu avec un sorcier.Le familier en question fut d’ailleurs renommé rapidement Nâga et se révéla être un parfait compagnon pour Lence. D’humeur très moqueuse mais attentionnée, il sert à l’adolescent de regard externe dans tout ce qu’il fait, lui donnant conseils et critiques.