} Tentative de rendez-vous galant {Sofia}
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Tentative de rendez-vous galant {Sofia}
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MessageSujet: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyMer 25 Juil - 21:32
dans lequel un gars est sapé comme jamais

Here come the man in black.

Frédérik leva les yeux au ciel, exaspéré par la moquerie. Il rangea la veste noire au fond de son placard sous le regard approbateur de Derrick.

Tu vas au restaurant, pas à un enterrement.

Oh, vraiment ? Il n'était pas au courant. Chaque tenue qu'il venait de sortir avait été impitoyablement rejetée par la conseillère en image assise par terre. Cette dernière arrosait copieusement de critiques assassines chaque proposition, à croire que Frédérik avait ses côtés la Cristina Cordula des familiers. Trop formel, trop guindé, trop coincé. Dès qu'il sortait un cintre du placard, il avait le droit à un soupir bruyant. Oh, ne vous méprenez pas, il se fichait bien de l'avis du chien. Il s'habillerait comme il le voudrait, n'en déplaise à cette parodie de styliste. S'il s'était décidé à ranger les pièces exclues, c'était surtout à cause de sa propre indécision, rien d'autre. Il scruta une dernière fois les vêtements soigneusement classés devant ses yeux avant de se saisir d'un pantalon camel et d'une veste bleu marine.

Toujours un peu trop formel, mais t'as pas l'air d'avoir du décontracté de toute façon ...

Ce rendez-vous avait beau ne pas signifier grand chose, Bartosz ne pouvait pas s'empêcher d'étudier son look avec attention. Ses parents lui avaient toujours rabâché que le paraître était tout aussi important que l'être, raison pour laquelle il y apportait toujours un grand soin malgré le classicisme de ses goûts. Hors de question en tout cas de garder les vêtements qu'il avait porté toute la journée.

Après son service et en dépit de son envie évidente de privatiser une des salles de cours transformée en laboratoire pour commencer son travail de recherche, il était rentré chez lui pour se changer. Il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation ; même s'il mourait d'envie de mettre les mains dans le cambouis, il devait avant toute chose se lancer dans une étude théorique approfondie. Formuler des hypothèses, éplucher des ouvrages interdits d'une complexité inouïe, élaborer des protocoles détaillés ... Hors de question de gaspiller bêtement son échantillon de Larmes. Le travail en amont était considérable, et, à vrai dire, parasitait déjà son esprit. Dur de se concentrer sur les cours quand on avait à porter de main la découverte de la décennie. Et pourtant, Frédérik ne comptait pas négliger ses obligations professionnelles ; il y tenait beaucoup trop.

Plus qu'à se débarrasser de ce rendez-vous avant de s'exiler dans son ermitage. Cette formalité ne lui inspirait rien, ni en bien, ni en mal. Il devait se plier à l'exercice, il n'avait pas le choix. Eriksen méritait des remerciements en bonne et due forme, et il était suffisamment éduqué pour s'y astreindre. D'ailleurs, le bouquet qu'il comptait offrir à sa collègue patientait tranquillement sur son buffet. Il aurait préféré passer chez le fleuriste juste avant de se rendre au restaurant, mais, malheureusement, tous les fleuristes étaient fermés à l'heure à laquelle il comptait s'y rendre. Ce faisant, avant de rentrer chez lui, il avait fait un rapide crochet en ville. Des œillets rouges vifs accompagnaient des gerberas de la même couleur le tout parsemé de petites fleurs blanches ça et là pour casser la monotonie de la teinte. Le tout se voulait assez imposant, environ trente centimètres de diamètre à vu de nez. Il avait fait en grande partie confiance au fleuriste pour l'arrangement, il s'était contenté de donner quelques instructions sur les fleurs nécessaires afin de coller aux goûts de Sofia. Franchement, il trouvait la composition plutôt jolie.

Attrapant un cravate noire, Frédérik la noua d'un geste d'expert avant de replacer soigneusement son col. Il rangea son téléphone et son porte-monnaie dans la poche intérieure de sa veste, ajusta le tout, puis se recoiffa rapidement devant le miroir de sa chambre. Bon. Voilà, voilà. Il jeta un coup d'œil à l'heure. Il était large, comme d'habitude. Ce geste lui rappela qu'il lui fallait une montre pour éviter de consulter son portable, un geste fort impoli s'il l'exécutait en pleine conversation avec Eriksen ... Si conversation il y avait toutefois. Peut-être qu'au fond, Frédérik éprouvait une pointe d'anxiété au sujet de la rencontre car il craignait de ne pas être un très bon interlocuteur. Inviter sa collègue partait d'une bonne intention, mais, rétrospectivement, peut-être qu'il aurait dû s'abstenir pour éviter à la magicienne de passer une soirée ennuyeuse. Sur cette pensée, il ajouta une montre, héritage de papa Bartosz, à sa panoplie.

Whoaaah, il est beau comme un camion !

De nouveau, Frédérik ignora Derrick qui semblait aussi excité par la perspective de ce rendez-vous qu'une fangirl catapultée devant son chanteur de boys band favori. Ou aussi inquiet qu'une maman qui allait emmener son garçon au bal de promo. Un mixte des deux probablement. Il faisait désormais les cents pas dans l'appartement, s'assurant au passage que son partenaire n'avait rien oublié.

J'y vais. Ne m'attends pas, je ne sais pas quand je rentrerai, finit par conclure Frédérik en nouant le lacet de ses chaussures, d'élégantes richelieus .
Mais ... Je pourrais venir avec toi.
Non, et c'est non-négociable.


Même si Derrick le savait, pour avoir tenté de négocier sa présence ce matin, il ne put s'empêcher d'afficher une certaine déception. D'un côté, c'était une bonne chose, de laisser Frédérik et Sofia en tête-à-tête. De l'autre, il craignait qu'en son absence Frédérik ne fasse n'importe quoi quitte à nuire à LIA. Quand il vit ce dernier se saisir du bouquet, il se dit que Frédérik ne pouvait pas foirer à ce point-là l'entrevue : le chien avait placé toutes les cartes dans sa main. Il ne restait plus qu'au magicien de voir si le courant passait ou non. De toute manière, le familier ne pouvait pas créer une alchimie si des braises ne préexistaient pas à son intervention. Un peu inquiet malgré tout, il souhaita une bonne soirée au polonais juste avant qu'il ne se téléporte à Malnans.

Armé de son bouquet de fleurs toujours aussi fraiches grâce à un soupçon de magie, le professeur se dirigea d'un pas décidé vers le Khrua Thai. Il pénétra dans l'enceinte du restaurant à vingt heures moins deux. Contrairement à la croyance populaire, Frédérik n'arrivait jamais en avance : il était toujours précisément à l'heure. Il avait réservé le matin même normalement une table pour deux. Du regard, il chercha dans la salle pour voir si Sofia ne l'avait pas devancé. Le cas échéant, il ne lui restait qu'à s'annoncer auprès du serveur, prendre la table qu'on lui proposerait et attendre.

Frédérik Bartosz
Frédérik Bartosz

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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyDim 12 Aoû - 23:24

Tentative de rendez-vous galantKhrua Thai - Malnans
Sofia
Eriksen
Fréderik
Bartosz
Les pattes raides, les poils hérissés, Eyla fait les cent pas en jettant des coups d'oeil impatients en direction de Sofia. L'horloge affiche dix-neuf heure trente et madame a toujours le nez dans ses copies. A-t-elle donc oublié son « rendez-vous » au restaurant avec Bartosz ?! Loin d'elle l'idée de vouloir tomber dans le cliché mais … la danoise ne devrait-elle pas plutôt chercher une tenue convenable ou réfléchir à un maquillage de circonstance ? Au lieu de cela, elle est avachie dans un fauteuil, habillée d'un jogging vraiment très moche, ses si beaux cheveux retenus en un chignon difforme sur le haut de sa tête. Stylo bille dans la bouche, elle corrige le devoir surprise qu'elle a proposé à ses élèves la veille. Eyla se souvient encore des mines effrayées et des cris stupéfaits qui avaient résonné dans la salle à cette annonce. Elle ne rigolerait encore. Ces pauvres enfants n'ont vraiment pas consciences des difficultés de la vie pour s'indigner de la sorte pour un pauvre QCM. Sofia aurait put leur proposer un exercice bien plus difficile. Cela dit, elle l'a préparé à la dernière minute, une heure avant le cours. Impossible pour elle de mener un cours de métamorphose classique pendant une Sécheresse. Alors aux grands maux les grands remèdes : Sofia s'est hâtée de préparer un QCM sur l'ordinateur de la salle des professeurs afin d'occuper ses élèves pendant une heure sans avoir à dépenser la moindre goutte de magie. Cruel, peut-être, mais efficace.

Sauf que voilà, Sofia, elle est typiquement le genre de professeur qui corrige les copies le soir-même et les rend le lendemain. Elle ne laisse jamais ses corrections traîner afin de revenir rapidement sur les points ayant posé le plus de souci à ses élèves. Elle est d'autant plus rapide lorsqu'il est question de QCM, étant donné qu'elle n'a qu'à vérifier si la réponse donnée est la bonne. Elle aurait pu demandé des justifications mais elle n'est pas cruelle à ce point. Alors Sofia enchaîne les copies, octroyant énormément de bonnes notes. D'un simple coup d’œil, elle repère les notions comprises par l'ensemble des élèves ou celles qui posent un peu plus de souci. Et lorsque c'est le cas, elle les note dans un petit calepin afin de préparer des cours récapitulatifs. Son objectif n'est pas d'aller le plus loin possible dans le programme, mais que tout le monde comprenne. Et si elle doit passer dix heures sur l'importance de la visualisation en métamorphose, alors elle le fera. La danoise sait que sa matière n'est pas la plus facile, d'autant plus qu'elle réclame énormément de magie, alors elle ne lésine pas sur les efforts. Ces petites têtes blondes mettront le temps qu'il leur faut pour apprendre et ce n'est pas Sofia qui leur mettra la pression. Loin de là, même.

Mais si Eyla respecte cette philosophie, en ce moment-même, elle préférerait que Sofia abandonne ses corrections et se décide enfin à se préparer. Alors pour attirer son attention, l'esprit-dragon parasite son esprit de commentaires inutiles et désagréables. Parfois, une grimace déforme le visage de la danoise mais elle ne bouge pas d'un iota pour autant. Tant pis, aux grands maux les grands remèdes. Ni une ni deux, Eyla bondit sur les genoux de Sofia, faisant voler ses copies aux quatre coins de son salon. La professeur pousse un petit cri surprit et se hâte de figer les feuilles dans les airs d'un mouvement de la main. Une veine palpitant à l'angle de son front, elle s'apprête à rhabiller Eyla pour l'hiver lorsque cette dernière lui désigne l'horloge d'un mouvement de la queue. Et alors, tout se passe très vite. Sofia ramasse les dernières copies qu'elle jette sur son bureau avec son stylo bille avant de foncer dans sa chambre. Là, elle ouvre son placard en catastrophe et se saisit de la première robe qui vient. Une fois enfilée, elle court jusqu'à la salle de bain et détache ses cheveux, tentant de leur rendre une forme acceptable en passant ses doigts dans ses mèches souples. Heureusement, elle les a lavé la veille au soir ! Quant au maquillage, elle se contente du minimum : un peu de fard sur les yeux, une touche de mascara et le tour est joué.

Tout aussi précipitamment, Sofia revient dans son salon afin de récupérer son sac. C'est alors qu'elle croise le regard rieur de Eyla. Et alors, la danoise comprend. Son familier l'a trompé. D'un mouvement de la patte, l'esprit-dragon remet les aiguilles de l'horloge en place. Il est seulement dix-heure heure quarante-cinq. Comment Eyla a-t-elle osé lui jouer un tour pareil ? Sans se justifier, la créature mi-dragon mi-chat se couche tranquillement sur le canapé afin de commencer une toilette totalement inutile étant donné qu'elle n'est jamais sale. Quel perfide animal. Poussant un long soupir, la danoise tourne les talons et retourne à la salle de bain. Autant prendre un peu plus de temps pour s'apprêter, puisqu'elle ne part pas avant une bonne heure. Sofia se permet donc de se coiffer un peu mieux, tressant quelques mèches de sa chevelure et se permettant même de rajouter quelques petites perles offertes par les Sirènes il y a des années de cela, lors de son baptême. Quant à la robe qu'elle a choisi au hasard, elle décide de la garder. Dans les tons blancs et bleus, elle n'est ni trop simple, ni trop sophistiquée. Après tout, elle ne se rend pas à un rendez-vous galant, inutile de se mettre sur son 31. Eyla se permet cependant un coup d’œil critique sur sa tenue, qu'elle finit par valider. Pour un début, c'est amplement suffisant. Si elle se ramène trop apprêtée, cela risquerait d'être vraiment gênant. Alors même si Sofia n'attend pas son aval, l'esprit-dragon valide. Ce qui est déjà un bon début.

Étant donné qu'il reste à Sofia une bonne demi-heure avant de partir, elle reprend sa correction - la danoise étant le genre de femme à profiter de chaque seconde pour s'avancer sur son travail. Et cela se voit d'autant plus depuis que sa fille réside à l'internat de Sainte Catherine. Pas que Sofia ne veuille plus s'occuper de sa fille, loin de là. Mais c'est Milla elle-même qui a demandé davantage d'indépendance. Avoir sa mère comme professeur n'est jamais pas chose aisée, alors elle tient à garder une distance respectable à l'école. Ce que Sofia ne comprend pas toujours forcément, mais elle respecte le choix de sa fille. Certes, sa présence lui manque très souvent mais elle doit accepter le fait que Milla grandisse et vole de ses propres ailes. Et puis, ce n'est pas comme si elle risquait grand chose à Sainte Catherine. Au moins, elle est épargnée des aller-retours jusqu'à Copenhague, même si un tour de magie suffit à les téléporter jusqu'au Danemark. Il arrive parfois à Sofia de résider dans l'école mais dans la mesure du possible, elle essaie de rentrer chez elle. Il est important qu'elle ne néglige pas son chez elle et fasse la différente entre la vie professionnelle et la vie personnelle. D'ailleurs, comment doit-elle qualifier sa sortie de ce soir ? Un dîner entre collègues ou entre … amis ? Peut-être vraiment dire que Frédérik est un ami ? Mmh, ce serait peut-être mettre la charrue avant les bœufs de le penser.

C'est finalement dix minutes avant l'heure du rendez-vous que Sofia se téléporte jusqu'à Malnans. Elle atterrie à l'arrière d'une boutique tenue par une magicienne qui ne s'étonne donc pas de la voir sortir de sa remise. Après quelques politesses, la danoise s'engage dans la rue. Quelques passants flânent dans les rues mais en règle générale, Malnans est très calme. La danoise se dirige donc en direction du fameux restaurant thaïlandais dont certains de ses collègues en parlent comme la révélation de l'année. Sofia le repère assez facilement, sa devanture aux teintes mauves et orangées tranchant nette avec les couleurs plus classiques des enseignes l'entourant. Petit coup d'oeil à sa montre : il est vingt heure dans une minute. Elle est donc pile à l'heure. La danoise va donc se présenter au réceptionniste qui l'accompagne aussitôt à une table plutôt bien placé. Comme elle s'y attendait, Frédérik est déjà là. Mais si elle en juge son attitude, il ne semble pas installé depuis bien longtemps. Sofia s'assoit donc face à lui, étirant un large sourire. Avant de l'inonder de questions concernant ses recherches, il faut passer par l'étape des formules de politesse. N'oublions pas nos bonnes manières.

Bonsoir, monsieur Bartosz ! Comment allez-vous ?

Sofia se pince la cuisse. C'est trop enjoué pour être naturel ! Elle n'a cependant pas le temps de s'auto-flageller davantage, parce que ses yeux tombent aussitôt sur un magnifique bouquet de fleurs. Constituée de œillets et de gerberas rouges et parsemé d'adorables petites fleurs blanches, la composition est d'une beauté sans pareille. Il s'agit-là du plus beau bouquet qu'elle n'ait jamais vu de sa vie – même celui de son mariage n'était pas aussi beau. Néanmoins, en réfléchissant à cette composition, Sofia se sent rougir. D'après le langage des fleurs, les œillets rouges sont des appels du cœur et les gerberas, un message d'amour profond. Bartosz a-t-il seulement conscience de la signification de ce bouquet ? Non, bien sûr que non. C'est un homme cultivé, certes, mais à ce point ? Elle ne saurait le dire. De toute façon, ils ne se connaissent pas suffisamment pour qu'il éprouve le moindre sentiment à son égard. Ils ne peuvent même pas dire qu'ils sont amis. Malgré elle, Sofia lance un regard en direction de Eyla, qui a bien évidemment tenue à l'accompagner. L'esprit-dragon semble étrangement … ravie ? Est-ce du à l'absence de Derrick ? D'ailleurs, ce détail étonné Sofia. Elle a bien du mal à imaginer le scientifique sans son fidèle compagnon à quatre pattes. N'y tenant plus, elle se sent obligée de se renseigner à ce sujet :

Derrick n'est pas avec vous ?

Pourtant, les familiers sont invisibles aux yeux des êtres non magiques. Le basset serait passé inaperçu au milieu du restaurant. D'ailleurs, l'absence de son compagnon d'arme laisse Eyla pantoise. Elle va donc devoir gérer LIA seule ? Voilà qui promet ...
Sofia Eriksen
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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyMer 22 Aoû - 22:26
dans lequel un gars expérimente

Alors qu'il déboutonnait sa veste pour ne pas la froisser en s'asseyant, Frédérik aperçut un éclair turquoise au loin qu'il devina être la chevelure de Sofia. Puisqu'il n'avait pas l'intention de s'installer pour se relever dans deux minutes quand elle arriverait à la table, il se contenta de l'attendre debout patiemment.

« Bonsoir, Mme Eriksen. Bien, et vous ? »

En prononçant la formule de politesse classique, le professeur lui tendit le bouquet. Une fois débarrassé de l'encombrant présent, il s'installa, imperméable aux efforts vestimentaires de son rendez-vous. Par contre, il remarqua immédiatement la présence d'Eyla aux côtés de la Magicienne. Ce détail le fit tiquer. Il avait imaginé leur repas plus ... Intime, d'une certaine manière. Ce témoin gênant lui semblait superflu sans qu'il puisse véritablement en expliquer la raison précise. Si la présence d'Eyla perturba Frédérik, l'absence de Derrick eut un effet similaire sur Sofia. A sa question, le magicien fronça les sourcils tant l'absence du chien lui semblait évidente.

« Vous vouliez qu'il vienne ? se hasarda-t-il particulièrement perplexe. J'imaginais notre entrevue privée. »

Oulà, ne vous emballez pas, on range les cotillons, tout le monde reste calme. Il n'y avait aucun sous-entendu dans sa phrase, il s'agissait simplement d'un constat dénué de toute allusion. En ce moment, Derrick devait être allongé sur le pouf que son partenaire avait spécialement acheté pour lui - pour éviter qu'il dégueulasse le canapé -, à regarder une série absurde à la télévision. Même si Frédérik lui avait spécifié de ne pas l'attendre, il savait pertinemment que le chien allait rester éveillé afin de lui faire passer un interrogatoire en règle à son retour. Le prix pour qu'il ait accepté de ne pas l'accompagner.

D'ailleurs, bizarre qu'il n'ait pas insisté davantage pour s'imposer. Certes, il avait passé la matinée à assaillir le polonais de sous-entendus lourdingues et d'assauts frontaux, tentant vainement de le faire céder en menant une guerre d'usure. Mais Frédérik s'attendait à ce qu'il persévère jusqu'à ce que le magicien cède - ce qui n'arrivait jamais malgré son obstination, soit dit en passant. Peut-être qu'au fond, Derrick ne supportait vraiment pas Eyla. Étonnant de sa part ; Frédérik ne l'aurait jamais pensé capable de nourrir une haine féroce au point de boycotter quelqu'un. Bref. Peu importe en fait. Il n'était pas là, tant mieux, Frédérik n'allait pas regretter sa tranquillité. Pour une fois qu'il n'avait pas ses pensées parasitées par des commentaires inintéressants au possible, il n'allait pas s'en plaindre.

Un serveur passa rapidement déposer deux cartes sur la table en leur demandant s'ils désiraient prendre un apéritif. Au moins, ils n'avaient pas trop attendu avant qu'on s'intéresse à eux, un bon point. Bon, Frédérik n'avait pas pour objectif de rédiger une critique détaillée sur TripAdvisor ou tout autre site du même acabit, mais si l'adresse s'avérait sympa, il pourrait toujours y retourner pour un déjeuner d'affaire ou juste pour y traîner Benjamin à l'occasion. Parmi ses critères de sélection, autant dire que la rapidité du service figurait en haut de la liste, le professeur n'appréciant pas spécialement poireauter pendant une plombe avant qu'on daigne s'enquérir de sa commande, que le restaurant soit rempli ou non. Ses yeux survolèrent en un éclair l'encart Boissons.

Tiens, il était agréablement surpris. A vrai dire, il s'attendait à ce que les boissons proposées se résument à du Coca et quelques piquettes au cépage obscur acheté le matin même dans la grande distribution. Bizarrement, son esprit avait du mal à associer cuisine thaïlandaise et gastronomie, ce qui était parfaitement stupide.  Les quelques noms qu'il voyait et qu'il connaissait le ravir. Seule ombre au tableau, les prix, bien entendu, mais Frédérik n'escomptait pas jouer les rapiats ; pour avoir de la qualité, le prix ne le gênait pas, et parmi tous ses défauts, on ne pouvait lui reprocher d'être une pince. Au contraire. Mais quitte à tenter l'expérience thaïlandaise jusqu'au bout ... Autant se lancer pleinement dans l'aventure pour se former un avis complet sur ce restaurant plutôt que de jouer la sécurité et au final, ne parvenir qu'à une image biaisée de sa qualité. Perfectionniste jusqu'au resto.

« Un cocktail maison. »

Décrit comme étant un apéritif à l'alcool de riz et au gingembre ou citronnelle, au choix, sur la carte, Frédérik sentait qu'un verre lui suffirait amplement. Il ne buvait que très rarement de l'alcool, ne le supportant pas très bien généralement. Mais un seul verre ne devrait pas le propulser à quatre pattes sous la table, incapable de rentrer chez lui. Il laissa le soin à Sofia de choisir à son tour.
Leur apéritif réglé, Frédérik se lança dans une lecture attentive de la carte après un rehaussement de lunettes. En un coup d'œil, particulièrement performant en matière de lecture en diagonal, il avait déjà identifié la prochaine étape de son exploration culinaire forcée. Il parcourut ensuite distraitement le reste du dépliant avant finalement de rompre le silence.

« Vous êtes-vous remise de notre aventure hier ? »

Petite accroche de conversation pour entamer. Bien que partagé entre l'envie de ne plus jamais évoquer cet incident dans son parcours si parfait et celui, contradictoire, de revenir sur le moindre détail pour le décortiquer, il fallait bien qu'il mette ce sujet sur le tapis à un moment ou un autre.

Frédérik Bartosz
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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyLun 3 Sep - 11:53

Tentative de rendez-vous galantKhrua Thai - Malnans
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Observatrice et critique, Eyla scrute Bartosz de la tête au pied. Veste bleue et pantalon camel ? Voilà qui ne l'étonne guère. Elle ne prétend pas connaître le professeur de potion, mais d'après ce qu'elle sait – et ce qu'elle a apprit par Derrick – il n'est vraiment pas le type de personne à s'habiller de façon décontractée. Au moins a-t-il fait l'effort de ne pas garder les mêmes vêtements que ceux qu'il portait à Sainte Catherine aujourd'hui – il a du passer ne serait-ce qu'un petit peu de temps à réfléchir sur sa tenue. Et pour l'esprit-dragon, c'est un très bon point. Elle se demande d'ailleurs comment Derrick a accueilli l'accoutrement de son propriétaire. Pour sûr, le basset s'est très sûrement dit qu'il avait toujours un air coincé mais que ça passait. Ou du moins, une réflexion de ce genre. Eyla glisse alors un regard en direction de Sofia : avec sa jolie robe et sa coiffure travaillée, elle a finalement fait plus d'effort qu'elle ne l'avait d'abord cru. Reste, sa tenue demeure très simple mais … elle paraît déjà plus apprêtée. Heureusement que Eyla ne l'a finalement pas forcé à enfiler cette magnifique combi-short blanche au décolleté ravageur … là, ça aurait vraiment fait la femme en recherche de quelque chose de plus … intime. Pour vous épargnez les réflexions bien plus crues que l'esprit-dragon a à l'esprit.

Ignorant totalement le fil de pensées de son familier, Sofia accueille le bouquet de fleurs que lui tend Frédérik avec un plaisir qu'elle ne cherche même pas à dissimuler. Son regard pétille devant cette magnifique composition et elle adresse au professeur un remerciement des plus chaleureux. Il n'était vraiment pas obligé de lui offrir quoi que ce soit, le restaurant est déjà bien suffisant – d'autant plus que la danoise s'est fait invitée sans réelle gêne. Pour ne pas encombrée la table du magnifique présent, Sofia le dépose délicatement sur une chaise libre à côté d'elle. Elle compte évidemment sur Eyla pour le surveiller, histoire que personne ne le lui vole. Les formules de politesse passées, Sofia ne peut s'empêcher de relever l'absence de Derrick. Elle perçoit alors un léger froncement de sourcils de la part de Bartosz – sa question était-elle déplacée ? Certes, c'est avec lui qu'elle souhaite discuter et non avec le familier, mais la danoise a tellement l'habitude de le voir accompagné de son fidèle toutou que le contraire l'étonne. D'ailleurs, le professeur lui demande aussitôt si la présence de Derrick était désirée. Ce à quoi Sofia se hâte de répondre en secouant vigoureusement la tête de droite à gauche.

Veuillez m'excuser, ce n'est pas ce que je voulais dire. Simplement, je suis tellement habituée, au sein de l'école, de voir chacun de mes collègues et même les élèves avec leurs familiers que … quand ils sont absents, cela me paraît étrange. D'ailleurs, si la présence d'Eyla vous dérange, je peux lui demander d'aller faire un tour.

Ce à quoi l'esprit-dragon répond avec un regard aussi noir que l'encre. Sofia compte vraiment se débarrasser d'elle pour les beaux yeux du professeur ? Foutaises ! Eyla serait capable de se changer en mouche ou en serviette de table juste pour les garder à l’œil. Déjà que son compagnon d’infortune est absent, les deux magiciens ne doivent pas leur mettre plus de bâtons dans les roues. Malgré tout, LIA semble plutôt bien engagée : ils dînent ensembles, correctement habillés, et monsieur a offert des fleurs à madame. Pour le commun des mortels, ce n'est certainement rien de bien extraordinaire mais pour Eyla, c'est la fiesta. Depuis combien de temps Sofia n'a-t-elle pas dîné avec un homme – autre que l'un de ses frères ? L'esprit-dragon ne saurait le dire, tellement ça date. Parce que sa magicienne fait parti de ces femmes qui pensent que l'amour, ce n'est réservé qu'aux jeunots. Si proche de la quarantaine et mère d'une adolescente, elle ne conçoit pas refaire sa vie, affirmant à qui veut l'entendre qu'elle n'a nullement besoin d'un homme dans sa vie. Ce que Eyla juge dommage, parce qu'il n'y a pas d'âge pour tomber amoureux. Et il n'y a aucune raison pour que Sofia se prive du bonheur seulement parce que son mariage a été un bel échec. Jonas n'était pas fait pour elle, voilà tout.

Évidemment, Eyla ne considère pas non plus Frédérik comme l'âme-soeur de Sofia. Si cela se trouve, ils finiront bons amis, tout au plus. La fleur de l'amour peut ne pas éclore entre eux. Mais est-ce si grave ? Certes, l'esprit-dragon aimerait que la danoise retrouve l'amour, mais il est aussi important qu'elle se fasse des amis sincères. Eyla ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour Charlie Gleeful : Sofia l'a rencontré sur les bancs de l'école et malgré leur parcours vraiment différent, elles restent de très bonnes amies qui se confient tout. Ce n'est certes pas avec Frédérik qu'elle ira faire les boutiques de fringues mais leur intérêt commun pour les Larmes de Sirènes est déjà un point à travailler pour développer leur relation. Quant à la tournure de cette dernière, c'est à voir. Bien sûr, pour l'heure, l'objectif d'Eyla est de les rapprocher suffisamment pour voir si la petite graine sort de terre. Et si elle le souhaite fort, elle ne la forcera pas pour autant. Derrick doit sûrement avoir le même état d'esprit. Il y a certaines choses que nous sommes bien incapables de contrôler. C'est en ça que les êtres vivants sont bien difficiles. Heureusement que les familiers ne possèdent pas ce genre de préoccupation. Eyla a déjà bien assez à faire avec Sofia pour s'occuper de son propre cas. Et de toute façon, elle ne serait pas faite pour ça. Berk.

Un serveur s'approche alors de leur table et, tout sourire, leur tend les cartes. Sofia se saisit de la sienne et explore aussitôt le contenu de la rubrique boissons avant de commander son apéritif. Elle aperçoit évidemment les sodas habituels que chaque enseigne se doit de proposer aux plus frileux ou aux enfants. Le regard de la danoise glisse sur les différents alcools mais elle n'en a jamais été une grande friande, alors elle se rabat sur le cocktail maison. D'ailleurs, Frédérik demande la même chose. Parfait, voilà qui rend la demande simple, il ne risque pas d'y avoir de confusion au bar. Après avoir rapidement griffonné la commande sur son calepin, le serveur les remercie et repart aussitôt. Comme lui ont dit ses collègues, le service est en effet très rapide, ce qui est fort appréciable. Toute à sa lecture de la carte, Sofia alterne entre la description des plats et le prix. Ce n'est pas parce qu'elle ne paie pas qu'elle se permettra de prendre le menu le plus cher. Rapidement, deux plats se détachent du lot tant ils lui donnent l'eau à la bouche. Doit-elle craquer pour un Pad Thaï, des pâtes de riz sautées accompagnées de crevettes, d'oeufs et d'épices ou un Tom Ka Gai, une soupe composée de lait de coco, de galanga, de citronnelle, de piment thaï, de citron vert et de poulet ? Les deux sont des plats simples mais typiques qui ne coûtent pas spécialement chers – du moins, lorsque l'on compare aux autres plats de la carte ? Hmm … Quel dilemme.

Vous êtes-vous remise de notre aventure hier ?

Sofia lève les yeux vers Frédérik. Heureusement qu'il lance la conversation, parce que sa réflexion risquait de créer un silence pesant et plutôt gênant. La question du professeur réveille néanmoins les humeurs d'Eyla qui, aussitôt, vient parasiter l'esprit de la magicienne.

Il ose te le demander alors qu'il t'a laissé seule au milieu du parc en pleine crise de Sécheresse ?!

La danoise choisit cependant de ne pas répondre à Eyla. Si elle commence, elle sait qu'un nouveau débat va s'ouvrir sur le sujet et elle n'a vraiment pas envie d'en parler pour le moment. D'autant plus que ce serait demeurer silencieuse devant le professeur de potion et elle ne veut vraiment pas paraître impolie. Au lieu de cela, Sofia abaisse doucement sa carte afin de découvrir son visage. Si elle s'en est remise physiquement, ce n'est pas encore totalement le cas mentalement. En vérité, Sofia a encore du mal à croire que les Sirènes aient si facilement céder des Larmes à Bartosz. Certes, il n'en a pas reçu des centaines mais elles sont tellement précieuses pour leur peuple que cela représente déjà beaucoup. Si la danoise n'a pas encore eu l'occasion d'aller en discuter directement avec les Sirènes, elle compte bien le faire dès que ce sera possible. Juste histoire d'assouvir sa propre curiosité sur la question.

Je m'en suis très bien remise, je vous remercie. Votre potion a été très efficace, je ne savais pas qu'il en existant de pareille. Elle est de votre composition ?

Question inutile, Sofia est quasiment sûre que oui. Bartosz est professeur de potions alors il est évidemment qu'il concocte lui-même tout ce qu'il utilise et trimballe un peu partout. D'ailleurs, en a-t-il toujours sous la main en cas de besoin ? Cela ne serait même pas étonnant. Sofia se souvient très bien de son professeur lorsqu'elle était à Sainte Catherine  – enfin, Hortensia – il y a de cela des années. Il s'agissait d'un vieil homme tout ridé mais à l'esprit plus vif que celui d'un jeunot. Il se promenait toujours avec une énorme besace en cuir rempli de flacons et de tubes à essai au contenu étrange. La danoise se souviendra toute sa vie de cette élève s'étouffant avec du pain à la cantine. Le professeur s'était rué sur elle en fouillant dans sa besace, en sortant un flacon au liquide verdâtre qu'il avait aussitôt vidé dans sa bouche. L'instant d'après, l'élève reprenait des couleurs. D'après les camarades de Sofia, il lui avait fait ingérer une potion ramollissante, afin que le pain glisse plus facilement dans sa gorge. Ainsi, il a évité à tout le monde le spectacle peu ragoûtant d'un vomissement en bonne et due forme. Et même si longtemps plus tard, Sofia lui ait toujours reconnaissante pour les avoir épargné de cela.

Le jeune serveur revient alors vers le duo en déposant doucement les cocktails sur la table. Aussitôt, il désire savoir s'ils ont fait leur choix. Si Sofia est toujours en pleine hésitation, elle ignore si Frédérik a déjà fait son choix. En tout cas, elle finit par jeter son dévolu sur les pâtes – elle a bien trop peur de faire d'horribles bruits de bouche en buvant sa soupe. Car oui, même à l'approche de la quarantaine, Sofia ne sait toujours pas manger une soupe sans faire de bruit. Alors autant éviter un moment gênant et se rabattre sur le choix le plus safe comme disent les jeunes. Les commandes prises, le serveur repart, afin de ne pas les déranger dans leur intimité. Sofia se saisit alors de son verre qu'elle tend en direction de son collègue. N'est-ce pas le meilleur moment pour trinquer à leur réussite ?
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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyLun 24 Sep - 21:23
dans lequel un gars ne sait pas décrocher

« Faites comme bon vous semble. »

Si la présence d'Eyla l'avait véritablement importuné, il l'aurait spécifié d'emblée, cash, sans aucun tact. Puisqu'il ne parvenait pas vraiment à trouver un argument valable pour la mettre dehors, il en déduisit que le familier n'avait rien de dérangeant. D'ailleurs, pourquoi s'était-il braqué immédiatement quand il avait vu l'accompagnatrice de Sofia ? C'était un simple repas entre collègues, il n'avait pas y avoir une intimité quelconque. Cette incohérence dans son propre esprit d'ordinaire immunisé aux confusions le laissa perplexe. Après tout, Sofia n'avait pas tord, les familiers collaient aux basques de leur partenaire H24 à Sainte Catherine. Visiblement, les autres n'avaient pas un relationnel aussi compliqué que celui qu'il entretenait avec Derrick.

Franchement, il ne s'imaginait pas passer sa vie avec le basset accroché à sa jambe en continue. Il ne le tolérait qu'à petite dose et n'éprouvait aucunement le besoin d'avoir une commère inondant son esprit de commentaires inutiles à tous les instants. Derrick lui avait confié une fois qu'il aimerait bien une complicité plus grande entre eux, comme celle qu'il constatait entre nombre d'élèves et de familiers à Sainte Catherine. Mais Frédérik se fichait bien de ces états d'âme canins.

D'ailleurs, cessons de parler de Derrick. Pour le moment, Frédérik n'avait rien à lui reprocher, mais s'il continuait à ruminer, il allait se souvenir de quelque chose d'agaçant qui le placerait dans une mauvaise disposition pour la suite du dîner. Voilà, concentrons-nous plutôt sur l'instant présent.

Ils étaient partis tous les deux sur un apéritif, ce qui annonçait une bonne soirée détente si on admettait que Frédérik était capable d'une telle prouesse. En tout cas, il venait déjà de briser le silence qui risquait de prendre ses aises sans son intervention, ce qui constituait un bon point. Les silences gênants ne l'étaient pas spécialement pour le professeur ; il pouvait laisser un blanc s'installer sans éprouver le moindre malaise. En l'occurrence, il s'interrogeait vraiment sur le ressenti de Sofia après le l'aventure incroyable qu'ils avaient partagé ensemble. Il s'attendait à ce qu'elle lui fasse part de son incompréhension face au dénouement surréaliste de l'expédition. Quand elle aborda la potion, il haussa un sourcil. Des potions, il en distribuait sans problème alors ce présent ne l'avait pas marqué outre mesure.

« Ma concoction, oui. Pas ma recette cependant. Ce serait comme utiliser la magie d'un autre pour vos métamorphoses. »

Sofia venait de demander à un cuisinier s'il consommait volontiers des plats préparés de grandes surfaces ... Frédérik préférait toujours utiliser ses propres potions, pour être sûr de leur composition. Certains vendeurs peu scrupuleux opéraient des substitutions douteuses pour réduire les coûts de production. Bien entendu, les profanes se heurtaient à la difficulté de dénicher certains ingrédients rares pour élaborer des potions complexes. Mais Sainte-Catherine était bien achalandée de ce côté-là, Frédérik trouvait sans problème son bonheur et on ne voyait pas de problème à ce qu'il tape dans la réserve pour ses besoins personnels du moment qu'il se montrait raisonnable. Autant dire qu'il n'y avait aucun problème de ce côté-ci ; en aucun cas Frédérik n'abusait de son privilège, au contraire. Et puis, si vraiment il avait besoin d'une décoction très particulière, il avait quelques bonnes adresses dont il ne doutait pas de la qualité.  

A l'Université, il avait connu un collègue obsédé par la conception d'un élixir capable de terrasser les effets de la Sécheresse. Il était toujours en quête du mélange parfait, mais ses travaux avaient au moins permis d'améliorer la recette originale pour atténuer la désagréable sensation. Évidemment, une telle quête paraissait vaine pour le polonais, mais les travaux de recherche visaient justement à rendre possible l'impossible. Inutile de se lancer dans la recherche pour se cantonner à l’existant. Et puis, Frédérik était sûrement mal placé pour juger, vu sa mauvaise période durant laquelle il avait ambitionné avec un acharnement presque obsessionnel l'élaboration d'une potion contrant les Malédictions. Une étude utopique, certes. Mais ce que magie pouvait faire, magie pouvait le défaire s'était-il convaincu à l'époque sans pour autant parvenir à un quelconque résultat. Le sujet continuait d'ailleurs à le passionner même s'il l'avait mis de côté quand il avait frôlé le burn-out. S'il partageait son ultime ambition, le rêve de sa vie, on risquait d'accuser ce brave professeur d'être tombé sur la tête en fait.

Tiens, elle lui faisait penser qu'il fallait qu'il refasse son stock concernant cette fameuse potion ... Elle ne se conservait pas très bien et la quantité retirée au bout du processus était infime par rapport à la complexité des opérations qu'elle nécessitait. Elle était très exigeante, mais cruciale. Sait-on jamais. S'il arrivait quelque chose qui nécessitait une débauche de magie, Frédérik ne voulait pas avoir une panne au pire moment, sans sous-entendu de mauvais goût.

« Vous a-t-elle été utile ? Elle ne fait aucun effet sur certaines personnes, curieusement. »

Son ancien collègue serait intéressé par toute information et, à vrai dire, lui aussi. Cette bizarrerie l'intriguait ; même s'il elle sortait de son domaine d'étude favori, son instinct s'interrogeait sur les causes de ces disparités. On notera cependant que Frédérik avait du mal à décrocher du travail. Sa conversation risquait fort de stagner sur ce sujet .

Lorsque le serveur revint pour se décharger du contenu de son plateau, Frédérik lui fit immédiatement part de son choix quand il s'enquit des commandes. Larmes tu tigre, un plat décrit sommairement comme du bœuf mariné sur une salade. Il n'avait aucune idée de ce à quoi il s'engageait mais il trouvait l'intitulé cocasse. Quitte à rester dans la thématique des larmes en prime. Une fois le serveur parti, Frédérik se saisit de son verre. Il le tendit vers Sofia pour trinquer en la fixant droit dans les yeux comme l'exigeait la coutume.

« A notre réussite. » conclut-il sans pour autant montrer une quelconque trace de joie comme on pourrait légitimement s'y attendre.

Son verre s'entrechoqua avec celui de Sofia. Il prit ensuite une gorgée. Oulà, c'était plus corsé qu'il ne se l'était imaginé. Pas mauvais toutefois. Sympa, mais sans plus.

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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyJeu 4 Oct - 11:46

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A la réponse de Frédérik, Eyla ne peut retenir un petit soupir de soulagement. Sofia peut bien essayer de l'éloigner, elle devra faire face à l'esprit borné du familier. D'ailleurs, l'esprit-dragon prend tranquillement place au côté du bouquet, veillant à ne pas s'allonger dessus alors qu'elle s'installe gracieusement sur la chaise. En feintant une sieste, elle espère bien suivre la petite discussion des Magiciens sans en rater la moindre miette. Et si Sofia se doute des véritables intentions de son familier, elle n'a cependant pas le courage de lutter contre elle pour le moment. De toute façon, elle connaît suffisamment son familier pour savoir qu'elle ne lui fera pas entendre raison. Alors tant qu'elle se montre discrète et qu'elle ne parasite pas ses pensées de réflexions inutiles, la danoise est prête à tolérer sa présence. Au moins, elle garde un œil sur le bouquet, s'assurant que personne ne tente de le lui voler. Même si l'esprit-dragon est invisible aux yeux des êtres non-magiques, il est parfaitement capable d'utiliser sa magie sur eux. Un petit picotement dans les pieds, une sensation désagréable dans le ventre et le tour est joué. Bien que Sofia doute que des voleurs rôdent dans un restaurant thailandais … mais il faut mieux guérir que prévenir, comme on dit.

Le tout maintenant est de réussir à mener une conversation agréable pour les deux parties. Et Sofia marche déjà sur une épine concernant la fameuse potion. Elle ne réalise néanmoins que trop tard la stupidité de sa question. Ce serait un comble qu'un maître des potions ne concocte pas lui-même ce qu'il peut distribuer autour de lui. Et si la danoise ne peut se vanter de connaître parfaitement Frédérik, elle sait cependant qu'il est très doué dans son domaine, un véritable génie en la matière. Ses cours doivent être passionnants, quoi que strict à en juger par la personnalité de monsieur. Mais ce n'est pas une si mauvaise chose, les cours de potion peuvent vite tourner à la catastrophe si les élèves ne font pas preuve de sérieux et de maturité. Sofia ne compte plus le nombre de tubes à essai ou de ballons qu'elle a fait exploser lors de sa scolarité. Malheureusement, elle n'a jamais été une grande amie de cette matière, qu'importe les efforts qu'elle faisait. Il faut dire que son professeur de l'époque n'était pas non plus des plus pédagogues. Le comble pour un professeur de potion, c'est peu dire.

En tout cas, Frédérik confirme aussitôt être à l'origine de la potion, bien que la recette en lui-même ne lui appartienne pas. Voilà un autre point qui a toujours fasciné Sofia : l'élaboration de recette. Certaines d'entre elles remontent à la nuit des temps, mais rien n'arrête le progrès. En jetant un œil curieux à un manuel de potion niveau Phénix dans la bibliothèque, l'autre jour, elle a été stupéfaite de découvrir le nombre de nouvelles concoctions inscrites dans le programme depuis sa propre scolarité. A son époque, ils se contentaient des grands fondamentaux, comme les blanchiments dentaires ou les pousse-vite – des potions accélérant la pousse des poils, très utilisé en médecine vétérinaire. En parcourant le manuel, elle a découvert énormément de nouvelles potions aux effets divers et variés, allant d'un simple sirop pour la toux à un cataplasme contre les brûlures de dragon. Et encore, elle n'a pas poussé le vice jusqu'à feuilleter le manuel des Dragons … Elle n'ose pas imaginer ce qu'ils y apprennent. Rien qui soit à sa portée en tout cas, c'est sûr et certain.

Vous a-t-elle été utile ? Elle ne fait aucun effet sur certaines personnes, curieusement.
Très utile, oui. Du moins, elle a diminué la sensation de vertiges, ce qui m'a permis de marcher jusqu'à l'école.

Sofia aperçoit Eyla qui lève la tête, sûrement pour reprocher son manque de civilité à Frédérik concernant cette affaire, mais un regard de la Magicienne parvient à lui couper l'herbe sous le pied. Agacée, l'esprit-dragon détourne les yeux, grommelant comme une grand-mère mécontente. Inutile de revenir sur ce sujet, ce qui est fait est fait. Et de toute façon, c'est Sofia elle-même qui a dit au professeur de ne pas l'attendre. Si elle a subit la Sécheresse, c'est uniquement par sa faute, ayant trop abusé de sa Magie tout le long de la journée. C'est bien beau de vouloir se transformer en Sirène et faire sa belle sous la surface de l'eau, mais encore faut-il l'assumer par la suite. L'important, c'est qu'elle ait pu regagner l'établissement sans mal – bon, il lui était ensuite impossible de donner un cours de métamorphose classique, alors elle s'est rabattue sur le contrôle surprise. La solution salvatrice pour les professeurs en panne de magie. Une chose que Bartosz ne doit pas forcément connaître, d'ailleurs. Bien sûr, la magie est essentielle lors de certaines préparations, mais elle ne consomme pas autant qu'une métamorphose. C'est à se demander quelle tolérance le polonais a à la Sécheresse …

L'arrivée de l'apéritif tire néanmoins Sofia de ses pensées. Après avoir fait part de leur choix quant au plat principal au serveur, les professeurs trinquent en se regardant droit dans les yeux. La danoise porte alors son verre à ses lèvres, et découvre avec surprise le goût du cocktail. C'est un peu plus fort que ce à quoi elle s'attendait, mais pas mauvais pour autant. Elle n'en boirait pas des tonneaux, évidemment, mais un petit verre de temps en temps, pourquoi pas. De toute façon, Sofia n'est pas friande de l'alcool en règle générale – la seule chose qu'elle peut boire jusqu'à plus soif, c'est bien le Manhattann, un cocktail très prisé à Copenhague. Ses frères, eux, ne jurent que par l'Aquavit, un alcool devenu presque ringard de nos jours mais que les Eriksen considèrent comme un véritable fondamental de la culture danoise. Enfin, ce petit cocktail fait parfaitement l'affaire, il en faut bien plus que cela pour mettre Sofia à l'envers. De toute façon, elle compte bien manger pour ne pas laisser l'alcool se diffuser trop efficacement dans son organisme. Elle a une bonne résistance, mais ne tentons pas le Destructeur, comme on dit !

Cette parenthèse fermée, Sofia se creuse la cervelle afin de trouver un nouveau sujet de discussion. Parler travail c'est bien sympa, mais ils auraient pu tout aussi bien se contenter d'une discussion autour de la machine à café à l'école plutôt que de se rendre dans un restaurant. Quitte à être dans une sphère plus intime, autant orientée la discussion dans ce sens. Néanmoins, que lui dire ? Parler famille lui semble plutôt mal venu. D'après ce qu'elle sait, malgré sa quarantaine, Frédérik est toujours célibataire et sans enfant. Un fait rare pour un homme de bonne famille tel que lui. Néanmoins, elle ne connaît pas suffisamment la politique des Bartosz concernant le mariage et tout ce qu'il signifie pour porter le moindre jugement – et même si elle les connaissait, elle n'oserait pas. Frédérik est libre de mener sa vie comme il le décide, après tout. Sa propre famille, les Eriksen, ne sont pas regardant concernant le mariage. Ses frères et sa sœur se sont mariés par amour – comme elle, bien qu'il ait connu une fin prématurée – et non pas par obligation. Si les mariages arrangés sont encore monnaie courante au sein de nombreuses familles, certaines s'en sont affranchies depuis quelques générations déjà. Ce que Sofia apprécie grandement – jamais elle n'accepterait de donner sa fille à un inconnu dans le seul but de conclure une quelconque alliance familiale.

Ainsi donc, évitons ce sujet épineux. Partons plutôt sur quelque chose à mi-chemin entre le travail et la vie personnelle. Une transition toute trouvée pour basculer tout doucement sur des sujets plus intimes.

En tout cas, vos cours doivent être passionnants. Je n'ai jamais été très douée en potion. Mon professeur, à l'époque, n'avait ni la patience ni la passion d'apprendre aux plus jeunes. J'ignore si vous avez étudié à Sainte-Catherine, enfin Hortensia autrefois, mais monsieur Prenlbec portait très bien son nom. Je me disputais tout le temps avec lui.

Monsieur Prenlbec, il était ce cliché du professeur acariâtre du nez crochu qui sentait fort le café et la cigarette. Il s'énervait pour un rien et jetait constamment de l'huile sur le feu pour des raisons stupides. Sofia n'a jamais été une élève arrogante ou provocatrice, mais elle avait sincèrement du mal à garder son calme avec lui. C'est pourquoi elle n'a jamais porté les cours de potion dans son cœur. Pour le moment, Milla est trop jeune pour assister aux cours de Bartosz mais d'ici quelques années, cette matière s'ajoutera à son programme scolaire. En espérant qu'il garde sa place jusque là, Sofia ne voudrait pas que sa fille connaisse la même déception qu'elle avec un professeur incompétent – bien qu'elle ne connaissance pas le comportement de Frédérik en cours, elle doute qu'il change radicalement de personnalité.

J'ai également pu constater que le programme de potion est bien plus chargée qu'à mon époque. Cela m'a laissé sans voix.

Pour le changement de sujet, on repassera.
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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyJeu 11 Oct - 13:12
dans lequel un gars se sent vieux

Mentalement, Frédérik prit note des indications de Sofia concernant la potion. Chaque information était précieuse et il se faisait un point d'honneur à toujours transmettre fidèlement les paroles à ses anciens collaborateurs lorsqu'une déclaration était susceptible de les intéresser.  En les rapportant, il ne voulait en altérer le sens ; chaque mot était employé pour une raison et la simple substitution malencontreuse par son esprit d'un synonyme pouvait déformer le discours initial. Raison pour laquelle il grava scrupuleusement la réponse d'Eriksen dans sa mémoire. Il aurait aimé envoyer directement un message mais il ne désirait pas se montrer discourtois en consultant son téléphone. Derrick lui avait suffisamment rabâché que ça ne se faisait pas, il avait intégré la leçon. Cette information l'intéressait également, par simple curiosité, et Sofia venait d'offrir matière à réflexion à son esprit curieux. Légère absence qui se traduisit par un moment de flottement où le magicien s'égara dans son monde de formules.

La voix de Sofia le ramena à la réalité. Ah euh, oui, ses cours, passionnants et tout. Pour le coup, Frédérik se demanda si Sofia n'en faisait pas un peu trop. Comment pouvait-elle qualifier ses cours de passionnants sans y avoir assisté ? L'homme à la logique implacable nota cette incongruité qu'il rangea dans la catégorie des politesses. A la rigueur, il admettait que ses cours étaient intéressants pour les plus attentifs et ceux qui prenaient la peine de porter de l'intérêt à la matière, mais passionnant lui paraissait très dithyrambique.

Lorsqu'elle avoua qu'elle n'était pas très douée pour les potions, le professeur hocha légèrement la tête comme s'il s'y attendait. Bizarrement, il savait que cet art n'était pas fait pour Sofia. Frédérik avait ce talent pour mesurer la compétence des gens dans sa matière. C'était plus une histoire de ressenti, de feeling, avec un brin d'observation qui lui permettait de déduire le type de praticien qu'il avait devant lui. Il n'arrivait pas à imaginer Sofia faire preuve de beaucoup de précision et de rigueur, surtout dans ses années d'étude. Il ne parvenait pas vraiment à l'expliquer, c'était plus une intuition. Bien sûr, il ne la jugeait pas. Elle était sûrement très compétente pour les métamorphoses, comme il avait pu le constater. Meilleure que lui en tout cas.

Il avait toujours été passable pour ce genre de prouesses de force où il fallait mobiliser sa magie brusquement sur une longue durée. Il ne manquait pas de concentration, évidemment, mais cette technique était trop énergivore pour lui, même s'il devait admettre qu'en vieillissant, il parvenait plus facilement à utiliser ce genre de sortilèges qui nécessitait en réalité de la constance. Monsieur précision, toujours à la recherche de la perfection, avait appris à user de cette obsession à son avantage. Inconvénient majeur en dépit de cette belle progression : à force de ne plus pratiquer, il avait beaucoup perdu.

En matière de métamorphoses, il était sûrement à la masse désormais. Se transformer en sirène lui aurait demandé beaucoup trop d'efforts inattendus d'un grand coup vu comment il était rouillé. Partant de ces deux constats, son niveau était donc très insuffisant, l'inconvénient rognant largement l'avantage. Peut-être que s'il s'y mettait sérieusement et quotidiennement ... Sauf qu'il n'avait pas vraiment d'intérêt à se lancer dans une mise à niveau. Après tout, à quoi lui servirait les métamorphoses dans son quotidien ? Déjà qu'il n'utilisait pas des masses de magie, répugnant particulièrement à se servir de sorts anodins qu'il considérait comme superflus, et que les potions ne lui demandaient que quelques opérations bénignes, sauf exceptions. Son pragmatisme n'arrivait pas à trouver de l'importance à cette légère lacune.

Sofia ne serait sûrement pas contre de lui donner quelques cours du soir, il était prêt à le parier. Par contre,  les relents de sa fierté d'ancien premier de la classe - ou deuxième mais on ne va pas chipoter - avaient du mal à l'accepter. C'était cette même fierté qui lui fit ressentir une vague supériorité par rapport à ce Monsieur Prenlbec. 

« Cet homme m'est parfaitement inconnu, ce qui n'est pas très étonnant vu ce que vous m'en dîtes. »

De simples professeurs sans prétention, il y en avait des pelletés. Et pour le coup, ce n'était pas sa fierté de petit intello qui s'exprimait, mais celle de l'universitaire, bien plus féroce. On ne parlait même pas des professeurs par dépit qui n'avaient pas la passion du métier et qui ne l'exerçaient que dans un but purement alimentaire. En tout cas, vu le portrait peu élogieux que Sofia venait de dresser, Frédérik était ravi de ne jamais avoir rencontré le bonhomme. Il sentait par avance qu'il se serait beaucoup pris la tête avec lui jusqu'à devenir franchement imbuvable. Quand on touchait à son domaine de prédilection, Frédérik sortait rapidement de ses gonds, surtout confronté à de l'incompétence pure.

« J'ai également pu constater que le programme de potion est bien plus chargée qu'à mon époque. Cela m'a laissé sans voix. »
« Ils en rajoutent tous les ans. Sur le fond, tout ce qui est demandé n'est pas très compliqué. Mais je trouve le programme trop lourd, dénué de toute cohérence. A croire que ses concepteurs veulent survoler le plus d'hypothèses possible au détriment de la qualité de l'enseignement. Comme tout est concentré sur les deux dernières années d'étude, l'ensemble peut rapidement devenir indigeste pour les élèves. »

A force de faire feu de tout bois à vouloir brasser tous les types de potions imaginables, on finissait par aboutir à un ensemble hétéroclite qui relevait de l'inventaire survolé grossièrement, faute de temps. Mais, attendez ... Comment ça, à son époque ? Frédérik dévisagea Sofia. Elle avait quel âge, au fait ? A vu de nez, il dirait 35 ans, mais il n'était pas très doué à cet exercice. Et, surtout, elle pensait qu'il avait quel âge, lui ? A son époque ... La différence lui paraissait-elle si grande ? Elle le trouvait vraiment si vieillot que ça ? En tout cas, il venait de prendre un coup de vieux terrible. Aïe. Frédérik n'était pas spécialement obsédé par la question de la vieillesse, mais si on pouvait lui éviter de lui rappeler qu'il prenait de l'âge, il ne s'en plaignait pas.

Ce petit cataclysme dans son esprit, dissimulé derrière cet air impénétrable qu'on lui connaissait si bien, lui fit s’apercevoir qu'il ne savait pas grand chose de Sofia en vérité. Bon, il ne savait pas grand chose de ses collègues plus largement, puisqu'il n'était pas du style à aller vers les autres. Mise à part les quelques informations glanées lors de l'expédition la veille concernant son lien avec les sirènes de Copenhague, le reste demeurait parfaitement nébuleux. Curieux d'en apprendre davantage, et, surtout, soucieux de ne plus penser à cet incident, la question qui le taraudait sortit d'elle-même.  

« Vous avez donc fait toutes vos années d'étude à Hortensia ?  On dirait que votre séjour n'a pas été si désagréable, malgré votre professeur de potions, pour avoir décidé de venir enseigner ici. »

Sous-entendu, pourquoi avoir choisi d'enseigner ici. Cet attachement à l'établissement le surprenait. D'accord, Sainte-Catherine était un lieu plutôt sympa ... Mais juste parce que le Directeur avait son amitié. Sans cette donnée, jamais Frédérik ne se serait enterré dans cette école, malgré sa réputation et son cadre plaisant. Mais le professeur n'était pas disposé à parler de lui, comme toujours.

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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyJeu 18 Oct - 22:51

Tentative de rendez-vous galantKhrua Thai - Malnans
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Pour une raison qu'elle ne saurait expliquer, Sofia est presque rassurée que monsieur Bartosz ne connaisse pas le vieux Prenlbec. Si elle ne prétend pas connaître parfaitement son collègue, elle n'en reste pas moins certaine qu'il ne se serait jamais entendu avec son confrère. Et cela lui confirme surtout que ce vieil idiot n'est pas un génie dans sa discipline, ce qui n'est vraiment pas étonnant. A se donner presque comment il a pu finir professeur – un piston de la part du directeur de l'époque ? Bah, ce n'est pas comme si tout cela avait une réelle importance. Si ça se trouve, ce bon vieux Prenlbec n'est même plus de ce monde, désormais. Il avoisinait déjà la soixante lorsque Sofia étudiait à Hortensia, il devrait donc avoir à peu près quatre-vingt ans désormais. Oh, quoi que, il est peut-être encore en vie, après tout. Mais ne comptez pas sur elle pour lui rendre visite, parce qu'elle ne doute pas que la vieillesse n'a pas arrangé son amabilité. Tout ce qu'elle espère désormais, c'est qu'il ne pratique plus – et surtout, n'enseigne plus. Vu son caractère de cochon, il s'arracherait les cheveux face à l'attitude de la nouvelle génération.

En tout cas, ce court aparté sur Prenlbec a permis à Sofia d'apprendre une chose sur Frédérik : il n'a pas étudié à Hortensia. Chose plutôt étonnante, puisque la plupart des adultes de sa génération y sont passé. Considérée comme la meilleure des écoles d'Europe, toute famille pouvant se le permettre se hâtait d'inscrire son enfant. Et si Sofia, lorsque son tour est venu, a d'abord très mal prit la nouvelle, elle rapidement changé d'avis dès ses premiers jours de cours. A Hortensia, elle a apprit à devenir autonome, elle s'est construite et y a trouvé sa voie. C'est pourquoi elle n'a pas hésité un seul instant à y inscrire Milla lorsque son tour fut venu. Pour la mère qu'elle est, il est important que son enfant évolue dans un environnement sain où l'on enseigne les bonnes valeurs. D'autant plus qu'avec Benjamin Leroy à la tête de l'école, elle était certaine que sa fille y apprenne les notions de tolérance et d'acceptation de soi. Milla semble bien s'y plaire d'ailleurs, ce qui ne peut que rassurer Sofia – de toute façon, elle n'est jamais bien loin, toujours présente pour veiller au grain. Que voulez-vous, lorsque vous avez un enfant, vous ne pouvez vous empêcher de vous inquiéter pour eux, qu'importe les situations.

Or donc, où est-ce que son collègue a bien pu étudier ? Sofia ne connaît pas la qualité des écoles polonaises, mais peut-être les parents de Frédérik ont-ils préféré le voir rentrer chaque soir. A moins qu'il n'ait eu un précépteur ? S'ils sont de moins en moins courants de nos jours, Eriksen sait que quelques familles restent fidèles à leurs vieilles habitudes et préfèrent qu'une seule personne gère l'éducation de leur enfant – et surtout des héritiers. Qui sait quelles idées saugrenues les autres enfants ou même certains professeurs peuvent bien mettre dans le crâne de leur chère tête blonde. Les Eriksen eux-mêmes confiaient l'éducation des héritiers a des précepteurs jusqu'à ce que Lars abolissent cet tradition. Celui en charge de son enseignement l'a tellement traumatisé et dégoûté des études qu'il a toujours refusé qu'un pareil traitement soit fait à ses propres enfants. C'est pourquoi, depuis, la branche principale des Eriksen préfère inscrire ses enfants dans des écoles où ils pourront recevoir une éducation générale et y faire de belles rencontres. Et Sofia a suivi ce mouvement avec sa propre fille, comme l'on fait ses frères et sa sœur avec leur propre progéniture. Plus que jamais, il est devenu important d'élargir l'esprit de ces jeunes, qui représentent la génération dorée de demain.

Ils en rajoutent tous les ans. Sur le fond, tout ce qui est demandé n'est pas très compliqué. Mais je trouve le programme trop lourd, dénué de toute cohérence. A croire que ses concepteurs veulent survoler le plus d'hypothèses possible au détriment de la qualité de l'enseignement. Comme tout est concentré sur les deux dernières années d'étude, l'ensemble peut rapidement devenir indigeste pour les élèves.

Sofia opine du chef. C'est en effet l'impression qu'elle a eu en feuilletant ce manuel de potion. Le programme en demande trop aux élèves – et aux professeurs qui se doivent de tenir la cadance pour le boucler avant les examens de fin d'année. Ne serait-ce pas plus simple d'autoriser les cours de potion aux Pégases également ? Avec une année supplémentaire, cela devrait être bien plus facile pour tous. Autrefois, il n'y avait aucune limite d'âge pour l'apprentissage des potions. Mais plusieurs incidents ont eu lieu au sein de quelques établissements à cause du manque de rigueur des élèves et/ou de l'incapacité des professeurs de tenir leur classe. C'est pourquoi les Grandes Familles ont décidé de repousser cette discipline aux deux dernières années d'étude. Mais si Sofia comprend parfaitement qu'il est plutôt imprudent d'enseigner cette matière aux Faunes, elle estime que les Pégases sont suffisamment matures pour s'y intéresser. Les potions les plus bégignes, par exemple, ne doivent vraiment pas intéresser les Phénix. Il est normal qu'aux alentours des dix-sept ans, concocté un blanchiment dentaire ne doit vraiment pas être intéressant. Et puis, comment réussir à retenir toutes ces recettes et ses manipulations en deux ans seulement ? Vraiment, l'éducation ferait bien de se pencher de nouveau sur le cas des cours de potion, au lieu de quoi beaucoup d'élèves jetteront l'éponge – comme elle-même l'a fait à leur âge, près de dix-neuf ans plus tôt.

Sofia prend une nouvelle gorgée de son apéritif, perdue dans ses pensées. Il ne doit pas être évident d'être professeur de potion, pour sûr. Le programme de métamorphose, lui, est certes très fourni mais s'étale sur plusieurs années. Cette matière est enseignée dès l'école élémentaire, permettant aux élèves d'affiné leurs capacités au fil des années. Et si les transformations demandées aux Dragons sont vraiment complexes, Sofia dispose du temps qu'il faut pour leur enseigner. Le programme est plus souple, plus malléable et la danoise construit toujours ses cours au jour le jour afin de revenir sur les points les plus difficiles avant de passer à autre chose. D'autant plus qu'elle doit désormais adapter son enseignement aux Sorciers qui ne peuvent malheureusement pas se permettre d'utiliser trop de magie, au lieu de quoi leurs Malédictions se déclencheraient. Et Sofia veut impérativement éviter qu'un cataclysme de malédictions en tout genre mettent ses élèves en danger, Magiciens comme Sorciers. Ainsi donc, elle doit jongler plus souvent entre la théorie et la pratique, s'assurant de ne jamais en demander trop d'un coup pour ne mettre personne dans l'embarra. Là réside la difficulté de sa matière, en somme.

Vous avez donc fait toutes vos années d'étude à Hortensia ? On dirait que votre séjour n'a pas été si désagréable, malgré votre professeur de potions, pour avoir décidé de venir enseigner ici.
En effet oui, j'ai fait l'ensemble de mes années secondaires à Hortensia. Et je les ai sincèrement apprécié.

Parfois, lorsque Sofia voit Milla dans son uniforme, elle se revoit au même âge, errant dans ces couloirs qui l'ont vu grandir. Elle peut le dire oui, qu'elle les a apprécié ces quatre années. Elle n'était pas la plus assidue, ni la plus sage, mais elle faisait de son mieux et n'a jamais manqué de respect à qui que ce soit – même lorsqu'elle se disputait avec le fameux monsieur Prenlbec. Pour autant, Sofia n'a jamais eu pour ambition de venir y travailler par la suite. Elle pensait d'ailleurs passer le reste de sa vie à Montréal, où elle a étudié la métamorphose plus en profondeur afin d'en devenir professeur. Lorsqu'elle a été embauché dans cette école élémentaire, elle s'imaginait y enseigner pendant de nombreuses années. Mais c'était sans compter son divorce et sa grossesse, qui l'ont rendu au pays de sa naissance. Là, elle a du attendre la naissance de Milla pour trouver un nouvel emploi, et c'est au collège magique de Copenhague qu'elle a reprit sa carrière de professeur. Elle ne comptait pas le quitter lorsque Benjamin Leroy a joué son coup de poker, l'année même où elle inscrivait Milla à Hortensia, devenue Sainte Catherine. Sofia a déposé sa candidature un peu sur un coup de tête, en parti par curiosité de voir ce que donnerait un tel mélange raciale, mais principalement pour garder un œil sur sa fille. Pas qu'elle risque quoi que ce soit mais, que voulez-vous, la danoise est une mère un peu trop protectrice, parfois.

Pour être franche avec vous, j'enseignais au collège magique de Copenhague avant. Puis j'ai inscrit ma fille ici et, dans un même temps, j'ai postulé au poste vacant de professeur de métamorphose. J'aimerai dire que ce sont en effet mes belles années passées entre ces murs qui m'ont motivé, mais honnêtement, c'était davantage pour demeurer près de ma fille. Je suis un peu trop mère poule.

Et encore, c'est peu dire. Milla étant sa fille unique, Sofia lui a toujours consacré tout son temps – sans pour autant négliger sa carrière ou même en faire une petite princesse pourrie gâtée. Seulement, la danoise aime sincèrement son enfant et veut s'assurer qu'elle ne connaisse ni malheur ni douleur. Elle est consciente que, forcément, la vie et ses relations la décevront à un moment donné, parce que personne ne peut mener une existence parfaite, mais si elle peut la préserver des plus grands maux de la vie, alors ce sera déjà beaucoup. Parfois, Sofia culpabilise de n'avoir jamais parlé de sa grossesse à son ex-mari, qui aurait peut-être été présent dans la vie de Milla. Mais d'un autre côté, l'adolescente ne lui a jamais demandé quoi que ce soit concernant son géniteur. Peut-être ces questions ne la taraude-t-elle pas encore, mais la danoise a conscience que ce jour arrivera forcément – et honnêtement, Sofia les appréhende énormément. Elle a réagir comme la dernière des égoïstes en cachant sa grossesse et n'en est pas vraiment fière. Mais peut-on vraiment lui en vouloir, étant donné les circonstances ? Jonas comptait fleurette à une autre femme pendant qu'elle demeurait seule dans leur domicile conjugale, à compter les jours avant qu'ils ne se retrouvent. Pour elle, il ne méritait même pas de connaître Milla. Et aujourd'hui encore, Sofia ne décolère pas. Elle ne pourra évidemment pas empêcher sa fille de retrouver son père si tel est son souhait mais … cela l'arrangerait vraiment s'il n'en était rien.

Ses obscures pensées sont alors interrompues par l'arrivée du serveur qui dépose devant Frédérik et elle les plats qu'ils ont commandé. Une douce odeur épicée envahi alors la table, et Sofia en oublie les tracas qui la rongeait l'instant d'avant.

Et vous alors, où avez-vous étudié ? Corrigez-moi si je me trompe, mais nous avons à peu près le même âge, et la plupart des enfants de notre génération ont fait leurs études à Hortensia. Cela m'étonne que les Bartosz n'ait pas suivi le mouvement.

Tentative d'en apprendre encore plus sur lui ? Évidemment. Et autant ne pas passer par quatre chemins : Frédérik n'est pas de ceux qui parlent d'eux gratuitement, alors il faut être direct pour obtenir les réponses que nous désirons. Le tout, néanmoins, est de rester poli et d'éviter les sujets trop épineux, au lieu de quoi il risquerait de se braquer. Et ce que Sofia désire avant tout, c'est bien de converser dans une ambiance agréable et respectueuse, tels les adultes responsables qu'ils sont.
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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyMar 23 Oct - 21:11
dans lequel un gars balance son CV

Ah. L'amour filial. Frédérik haussa légèrement un sourcil, ne parvenant pas spécialement à comprendre comment Sofia avait pu lâcher une bonne place juste pour le confort de sa fille. Tiens, il n'avait pas eu l'occasion d'avoir la fille de Sofia dans ses cours d'ailleurs, elle n'avait pas encore l'âge de manipuler. Si ça ne tenait qu'à lui, il proposerait des séances d'initiation aux années inférieures pour éviter de perdre du temps à leur inculquer des bases à la facilité enfantine quand il les récupérait. Pour l'heure, sa proposition restait cependant à l'étude. On en revenait fatalement au problème précédant s'agissant du programme condensé. Le professeur trouvait assez pitoyable cette précaution causée par l'inadvertance, voire de l'incompétence, de certains de ses collègues. Quant aux accidents entièrement imputables aux élèves suffisamment crétins pour se lancer dans des expérimentations stupides ... Eh bien, la sélection naturelle avait de beaux jours devant elle.

Peut-être que Frédérik avait une vision trop dure. D'ailleurs, peut-être que cette vision l'empêchait de saisir la puissance du lien entre Sofia et Milla. Sur ce point-là, il était plutôt de la vieille école, celle qui aurait laissé ses gamins se démerder comme des grands. Ce même modèle sur lequel il avait élevé. Et qui l'avait probablement rendu aussi réservé et solitaire, aussi. Difficile cependant de s'affranchir de certains carcans.

En tout cas, si Frédérik avait du mal à appréhender l'argument de Sofia, il pouvait concevoir que ce genre de choses puisse avoir une importance pour une mère. Pas pour la sienne, mais admettons. De toute façon, il n'avait aucun jugement à apporter sur le modèle d'éducation qu'avait choisi sa collègue. Cette question ne le concernait nullement et il s'en contrefichait.

En revanche, cette dévotion admirable soulevait une autre question dans l'esprit du magicien : quid de M. Eriksen ? Particulièrement féru de potins avec son air de pas y toucher, le polonais avait entendu dire que Sofia était divorcée. Mais était-elle encore célibataire ? Voilà une autre question. La relation de maman poule qu'entretenait la danoise avec sa fille semblait laisser peu de place à un homme. Une fois de plus, sa curiosité venait d'être titillée. Parfois, Frédérik blâmait son esprit fouineur qui le poussait à s'intéresser à des choses qui ne le regardaient aucunement. Fort heureusement, il avait trop de réserve sur le sujet pour investiguer. Et puis, il préférait faire marcher son esprit logique et analytique ; l'exercice s'avérait beaucoup plus amusant que de tout demander de but en blanc.

« Vous avez joint l'utile à l'agréable. On ne peut pas vous en blâmer. » finit-il par conclure en toute objectivité avec un haussement d'épaule.  

Tant qu'à faire. Même si Sofia se serait sûrement épargnée bien des peines à inscrire sa fille dans une école au Danemark. Il devait y avoir des établissements réputés. D'autant que Sainte-Catherine avait dû beaucoup changé depuis que sa collaboratrice la scolarité de sa collaboratrice. De son point de vue quelque peu biaisé, il fallait l'admettre, les modifications n'avaient été que pour le mieux. Néanmoins, n'ayant pas connu Hortensia - sauf l'année dernière, ce qui ne comptait pas vraiment -, il n'était pas le mieux placé pour apprécier l'ampleur de l'évolution.

D'ailleurs, il allait poser la question à Sofia lorsque l'arrivée du serveur le coupa net dans son élan. Déjà ? Eh bien, le service était vraiment rapide. Ou alors, il ne voyait pas le temps passer. Il lâcha un merci assez sec lorsque l'assiette fut déposée devant lui. La présentation était assez sobre, avec les tranches de bœuf posée sur une salade le tout nappé d'une sauce brune onctueuse qui sentait bon. Décidé à attaquer son plat, Frédérik se saisit de ses couverts ... Et resta en suspens lorsque son interlocutrice le questionna sur son parcours scolaire. Une telle demande passait encore. En revanche, lorsqu'elle évoqua les Bartosz et leur politique familiale, Frédérik ne put réprimer un froncement de sourcils réprobateur.  

Parler de sa famille ne l'enchantait pas du tout. Il n'avait pas de mauvais souvenir les concernant, mais ce chapitre était clôt, rangé et archivé, il ne souhaitait pas s'appesantir dessus.

« En Pologne, puis au lycée Ambroise à Paris pour enfin arriver à l'Université Magique. »

Un résumé très succinct de son parcours sur lequel il ne désirait pas s'étendre davantage. Ses parents avaient donné la meilleure éducation à leur progéniture. Au départ, ils l'avaient gardé à proximité pour s'assurer de la qualité de son enseignement et du suivi de ses études. Ensuite seulement, rassurés de constater que Frédérik avait pris le bon pli, ils étaient monté en puissance pour affirmer tout leur snobisme. Jugeant que ce brave petit garçon devait apprendre à se dépatouiller seul, et, surtout, désireux de pouvoir frimer en soirée en plaçant subrepticement dans la conversation que leur fils étudiait à Paris, ils l'avaient inscrit à Ambroise, lycée magique privé huppé et terriblement élitiste. Autant dire que Frédérik avait eu un peu de mal à être déraciné du jour au lendemain, sans avoir son mot à dire, dans un pays étranger. Heureusement, les langues avaient fait partie de son apprentissage très tôt. Par pur snobisme, de nouveau.

N'allez pas croire malgré l'aigreur de ce bref récit que Frédérik nourrissait de la rancœur envers le parcours qui lui avait été imposé. Il le prenait avec un certain stoïcisme : les choses avaient été ainsi, point, rien ne servait de ruminer.

A vrai dire, il n'avait commencé à s'épanouir qu'à son arrivé à l'Université quand il avait retrouvé Benjamin. Peut-être qu'un cadre comme Hortensia aurait fait de lui un homme différent ... Mais, même si Hortensia bénéficiait à l'époque d'une réputation bien établie dans la communauté magique, l'établissement n'était pas assez bien pour les Bartosz. Justement parce que tout le monde y allait. Non, il leur fallait la crème de la crème, l'inaccessible, un établissement qui coûtait bonbon pour leur héritier afin qu'il puisse se targuer de la qualité de son parcours quand il prendrait les rênes un jour. Autant dire que leur objectif n'avait pas vraiment abouti vu le désintérêt que portait l'intéressé s'agissant de ce prestige sur son CV. Mais bon. Avec toutes les décisions qu'il avait prises depuis le décès de ses parents en tant que chef de famille, ses parents devaient tellement se retourner dans leur tombe qu'ils devaient faire office de ventilateur à leurs voisins. Être une déception le laissait quasiment indifférent.

D'ailleurs, il était presque gêné d'évoquer son parcours, de peur de paraître pour un richard prétentieux, cet archétype du bon fils de famille. Il s'en fichait tellement de ces simagrées. Par contre, ne vous amusez pas à dénigrer son doctorat ; ça, c'était une autre affaire. Son orgueil s'en satisfaisait beaucoup plus.

« Du coup, je me suis toujours demandé à quoi ressemblait Hortensia, avant ... La tradition des Familiers était déjà en vigueur ? »

Ou comment écarter un sujet qui ne lui plaisait pas vers un autre qui l'intéressait davantage.  

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MessageSujet: Re: Tentative de rendez-vous galant {Sofia} Tentative de rendez-vous galant {Sofia} EmptyDim 11 Nov - 12:54

Tentative de rendez-vous galantKhrua Thai - Malnans
Sofia
Eriksen
Fréderik
Bartosz
S'il y a bien une chose que Sofia et Frédérik ne pourront reprocher au restaurant, c'est la rapidité du service. La danoise est bien plus habituée aux attentes interminables qui poussent les plus affamés à grignoter des tranches de pain jusqu'à l'arrivée de leur commande. Ainsi, elle apprécie vraiment recevoir son assiette si vite, d'autant plus que son estomac la réclame depuis qu'elle en a lu l'intitulé sur la carte. L'assiette est sobre mais assez bien présentée pour ouvrir l'appétit. Les pâtes de riz sont accompagnées de légumes colorés et de crevettes légèrement brunies par la cuisson, ce qui dégage un excellent parfum d'épices. En face, l'assiette de Bartosz donne également très envie – et si la danoise avait été en compagnie d'un membre de sa famille et non de son collègue, elle aurait chipé un petit morceau dans son assiette sans se poser de question. Évidemment, ce n'est pas une attitude qu'elle peut se permettre d'avoir avec Frédérik. Déjà parce que ce serait impoli, mais aussi parce qu'ils sont collègues et qu'il y a des choses qui ne se font pas selon les relations. Alors même si la sauce brune nappant l'assiette de Bartosz lui donne sincèrement envie d'y tremper un généreux morceau de pain, elle n'en fera rien. Elle se contente de se saisir de ses couverts, plutôt impatiente de déguster cette spécialité dont elle ignore tout.

Néanmoins l'arrivée de leur dîner ne doit pas être un frein à leur conversation. Frédérik est curieux quant à son parcours, et elle l'est tout autant vis-à-vis du sien. C'est donc un juste retour des choses qu'elle le questionne également. Pourtant, Sofia perçoit le froncement de sourcils qui accueille son interrogation. Parler de lui – et de sa famille ? - ne le réjouit visiblement pas. Mais aux yeux de la danoise, il est tout à fait normal qu'il lui réponde. Après tout, pourquoi devrait-elle lui raconter sa vie si, en retour, il refuse de parler de la sienne ? Ce n'est pas comme ceci que fonctionne les choses. C'est du donnant-donnant, dans un sens. Sofia guette donc sa réponse sans le quitter des yeux – qu'il n'essaie pas de s'esquiver, parce qu'elle ne le loupera pas. Au lieu de ça, il lui répond d'une phrase simple, sans appel, sans plus de cérémonie. Elle aurait lu son CV que ça aurait été la même chose. Ce sera mentir que de dire que Sofia n'aurait pas préféré quelques petits détails en plus mais loin d'elle l'idée de lui tirer les vers du nez. Elle se contente donc de ses très brèves informations, qui en disent pourtant bien plus que l'on peut le croire.

Le lycée Ambroise, Sofia le connaît très bien. Ses parents projetaient d'y inscrire son frère aîné avant de finalement jeter leur dévolu sur Hortensia – Lars et Susanne en avaient entendues des belles concernant cet établissement très huppé de la capitale française et l'idée que Lukas devienne un petit snob prétentieux leur avait coupé toute envie de l'y envoyer. Pour les Eriksen, il est important que leur progéniture garde les pieds sur terre et ne se considère pas comme supérieur de par leur richesse et leur rang social. A Hortensia, elle a côtoyé des Magiciens venant des quatre coins du monde, elle s'est imprégnée de leur culture et y a apprit la tolérance et le respect des valeurs simples. Sofia doute que Lukas et elle en aurait apprit autant à Ambroise. Non pas qu'elle considère Frédérik – ou même Benjamin – comme un petit richard à l'esprit étriqué, loin de là. La preuve en est concernant les idées bien arrêtées de Leroy. Et si Bartosz est bien plus discret que son ami excentrique, il n'est pas en reste pour autant. Sinon, pourquoi aurait-il quitté l'Université Magique, où il semblait avoir une place de choix ?

En tout cas, le parcours scolaire de Frédérik n'étonne pas Sofia plus que cela. Si elle ne connaît pas les Bartosz tant que cela, elle sait qu'ils ont toujours mis un point d'honneur à éduquer leurs enfants selon les pures valeurs magiciennes. Elle se demanderait presque comment Frédérik a pu prendre un tel virage à trois cent soixante degré. Eriksen doute que cela soit du à Benjamin Leroy seulement. Elle se garde bien de lui demander, cependant. Sofia a conscience que Bartozs est un homme plein de secrets mais qui déteste parler de lui-même. Et elle n'a pas pour projet de le mettre mal à l'aise, au contraire. Alors elle repousse ses questionnements et accuse le changement de sujet sans trop de difficulté. D'autant plus qu'ils ne s'éloignent pas tant que cela : Frédérik l'interroge sur l'ancien visage d'Hortensia, et en particulier la tradition des Familiers. Un petit sourire vient fleurir sur les lèvres de Sofia tandis qu'elle lance une œillade nostalgique à Eyla. Cette dernière, en réponse, se met à ronronner comme un vieux chat heureux. En réalité, c'est la bouffée de nostalgie qui les assaille qui provoque une telle réaction chez l'esprit-dragon. Sofia comme Eyla se souviennent de leur première rencontre comme si c'était hier. Et s'il y a bien une chose qui n'a pas changé malgré les reformes de Leroy, c'est bien cette tradition-ci.

Lors de la rentrée scolaire, alors que Sofia et Milla rejoignaient l'établissement, le professeur de Métamorphose a assisté à la remise des familiers depuis un point de vue totalement différent qu'il y a vingt-deux ans. La première fois qu'elle a vu le coffre renfermant les petites boules grises, elle était assise à l'une des grandes tables, nouvelle arrivée dans une masse nombreuse d'élèves en tout genre. Les années suivantes, elle n'a été que spectatrice, se rappelant avec émotion ce qu'elle avait ressenti en voyant Eyla apparaître dans le creux de ses mains tendues. Mais en début d'année, elle n'était plus parmi les élèves, mais parmi les professeurs. Et de sa position, elle a vu les différentes émotions traversées le visage des élèves. Tantôt surpris, tantôt ravis, ces premières rencontres des adolescents avec leurs familiers ne l'a pas laissé insensible. Surtout qu'elle a vu Milla recevoir sa propre créature des mains de Benjamin. Soyons honnête, ça lui a vraiment fait quelque chose. Si elle s'est retenue de pleurer, c'est uniquement pour ne pas passer davantage pour une maman vraiment gaga de sa fille. En tout cas, ce fut plaisant de constater que certaines choses ne changeaient vraiment pas, et restaient des moments d'émotion intense qu'importe les années et les générations. Recevoir son familier à l'école, ce n'est pas un privilège dont tout le monde jouit. Mais pour Sofia, il n'y a pas meilleur moment ni meilleur endroit que la rentrée des classes à Hortensia – non, Sainte-Catherine.

Elle l'était, oui. Tout comme nos élèves cette année, j'ai reçu Eyla lors de la cérémonie d'accueil. En vérité, l'établissement est resté fidèle à lui-même sur de nombreux points.

Si tout le monde s'accorde à dire que Leroy a changé l'école dans sa globalité, Sofia n'est pas de cet avis. Certes, les changements apportés par Benjamin ne sont pas bénins, mais si elle compare avec son époque, elle n'y voit pas un bouleversement total. Ce qui dérange le plus, au fond, c'est l'abolition de tous les principes religieux. Sofia se souvient parfaitement des messes matinales que l'établissement leur imposait pour que les élèves remercient le Créateur de sa bonté et de sa bienveillance. Les Eriksen n'étant pas une famille particulièrement pratiquante, elle vivant ces messes comme la pire des tortures – ou un moyen de gratter quelques minutes de sommeil en roupillant discrètement sur les bancs inconfortables de la chapelle. Cette dernière n'existe même plus de nos jours et Benjamin en a condamné l'ancienne entrée dans son désir d'instaurer la laïcité dans son école – un signe annonciateur de sa politique à venir, que cependant personne n'a vu arriver. La suppression des enseignements religieux a d'ailleurs précédé le remaniement du programme scolaire, notamment concernant la soi-disant culpabilité des Sorciers concernant de nombreux points sombres de l'Histoire. A ses yeux, il n'était pas acceptable de les accuser de tous les maux, et la matière entière a été repensé pour éviter toute prise de position. Un coup dur pour les Grandes Familles, cela va s'en dire.

Les valeurs d'Hortensia n'étaient pas différentes de celles d'aujourd'hui. Les professeurs nous inculquaient l'importance de l’honnêteté, de l'entraide et de l'acceptation. Mais entre Magiciens seulement, évidemment. Nous pouvons dire que monsieur Leroy a prit ces valeurs au pied de la lettre en ajoutant les Sorciers à l'équation.

Du bout de sa fourchette, Sofia pique une crevette qu'elle porte à sa bouche. La saveur qui lui éclate dans la bouche lui confirme que le produit est frais et parfaitement maîtrisé par les cuisiniers. C'est un vrai délice qu'elle prend le temps d'apprécier à sa juste valeur, malgré son estomac qui lui gronde d'engloutir le contenu de son assiette sans attendre. Pourtant la danoise profite de cette discussion intéressante pour refréner sa fringale et déguster son plat au fur et à mesure.

Disons que le changement le plus radicale a été la suppression de toutes les pratiques religieuses au sein de l'établissement. Je me souviens des messes obligatoires auxquelles nous devions assister chaque matin. Et je vous dis honnêtement que je suis bien soulagée de constater que ma fille en est épargnée.

Au delà du fait que toute la communauté magique ne prie pas le Créateur de la même façon, Sofia considère que forcer ces prières étaient une insulte plus qu'une preuve de dévotion. La danoise s'est toujours accordée à dire qu'elle n'avait pas à joindre les mains et marmonner des paroles religieuses pour prouver sa bonne foi au Créateur, bien au contraire. D'autant plus que, pour elle, l'athéisme n'a jamais été un crime – elle-même n'est pas une fervente croyante, surtout avec tout ce que les Humains ont apprit au fil des siècles concernant la théorie de l'évolution. Mais la religion est encore profondément ancrée au sein des anciennes familles, qui ont très mal prit la décision de Benjamin. A leurs yeux, cette instauration de la laïcité est une insulte à leur Dieu et Leroy, un petit prétentieux se pensant plus malin que le Créateur. Sofia a d'ailleurs toujours trouvé cela étonnant que rien de fâcheux ne soit arrivé au jeune directeur de Sainte-Catherine. Si elle espère sincèrement que cela durera, elle ne peut s'empêcher de redouter une fin tragique pour ce visionnaire entêté.
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Tentative de rendez-vous galant {Sofia}
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