Il y a une histoire que ma Grand-mère ne cessait de me répéter.

Autrefois, bien avant la guerre entre les sorciers et les magiciens, vivez une grande famille de sorciers dans un endroit reculé de l'Asie. Cette famille était connue pour les artefacts magiques de grande qualité qu'elle produisait. Bijoux, sceptres, baguettes, elle vivait dans la prospérité grâce à la vente de ces objets. Sa connaissance magique était incroyable, mais elle attirait souvent la jalousie d'autres sorciers. Alors, cette famille préféra rester à l'écart du monde pour éviter toute catastrophe.

Puis la guerre arriva, la famille ne pouvait plus se cacher, elle ne pouvait pas rester les bras croisés pendant que ses compères se battaient pour la cause de sorciers. Ainsi, elle décida elle aussi d'entrer en guerre, elle donna toute sorte d'objets magiques aux sorciers et se battit même à leurs côtés. Son aide fut précieuse, très vite les sorciers furent en mesure de se défendre. Elle, qui avait vécu jusqu'à présent cachée, ne pouvait plus continuer ainsi.

La guerre fit des ravages dans les deux camps. La famille de sorciers avait elle aussi grandement souffert de cette bataille. Elle n'est plus ce qu'elle était avant. Elle avait perdu de nombreux membres de sa famille, ses artefacts se retrouvaient perdus aux quatre coins du monde. De plus, une malédiction terrible jetée par les magiciens était censée punir tous leurs genres de leurs actions. Sa grandeur d'autrefois n'est plus. Elle décida une nouvelle fois de se cacher du reste de la communauté magique, que ce soit des magiciens ou des sorciers.

Cette histoire que ma grand-mère me racontait sans cesse, c'est l'histoire de la Famille Xiao.
L'histoire de ma famille.

Je me souviens que grand-mère nous la raconter encore et encore. Mais personne ne trouvait quelque chose à y redire. C'était devenu une sorte de rituel, on était toujours assis autour d'elle à l'écouter plus ou moins attentivement. Mon grand frère, Jin Wen était toujours pendu à ses lèvres. Les jumelles, Min Ai et Min Na s'amuser entre elles. Mon petit frère, Jie Feng se contentait de sourire comme s'il comprenait ce qu'il se passe autour de lui. Moi, j'observais grand-mère, qui nous contait cette histoire comme pour la toute première fois.

Puis après cette pause, Père venait nous chercher pour " l'entraînement ", c'est comme ça qu'il l'appelait. L'entraînement de père consisté à nous apprendre à nous battre et à utiliser la magie. Tout ce que je connais, c'est grâce aux enseignements de père.

Grand-mère n'utilisait plus vraiment la magie, à son âge, elle avait plus que les répercussions de sa malédiction ne soient trop fortes pour qu'elle puisse les supportent. Mère, quant à elle, souffrait énormément, même si elle essayait de me rassurer avec ses doux sourires, je savais que sa malédiction la tuait à petit feu. J'ai vite appris que les malédictions chroniques étaient la pire des choses qu'un sorcier pouvait vivre.

Un jour, j'ai eu le courage de lui poser des questions sur sa malédiction. Elle a vite voulu éviter le sujet, mais mon regard déterminé la convaincue. Elle m'a tout raconté, le poids constant sur ses épaules, la façon dont ses os la font souffrir de plus en plus, jour après jour. Et même si Grand-mère nous avait répété de ne pas détester les magiciens pour les actions de leurs ancêtres, à ce moment, j'ai ressenti du dédain, de la rage et de la confusion. Qu'on fait les sorciers pour mériter un sort pareil ? Jusqu'à présent, cette rancœur envers les magiciens continue de grandir en moi.

Chaque jour était unique, nous voyageons souvent pour ne pas rester trop longtemps aux mêmes endroits. Je n'ai jamais pensé à demander pourquoi, mais cela ne me dérangeait pas, j'aimais la vie nomade que nous menions.

Puis un jour, ce qui devait arriver, arriva. La malédiction de Jie Wen se manifesta. J'ai assisté à tout, du début de ses cauchemars à l'apparition de son tatouage. Je savais très bien que j'étais la prochaine, alors j'ai fait tout mon possible pour ne pas laisser la peur s'emparer de moi. Je ne sais pas à quoi je pensais, mais j'étais bien naïve. Un sorcier est toujours rattrapé par sa malédiction.

Ma lutte fut vaine, peut-être qu'à cette époque je pensais qu'un sorcier sans peurs était un sorcier libre de toute malédiction. Mais non, cela n'existe pas. Je ne me suis même pas aperçue de cette peur, elle était enfouie tout au fond de moi. Il semble que ma peur soit en rapport avec la douleur. C'est sûrement dû au fait d'avoir vu ma mère souffrir en silence chaque jour ou à la période ou mon frère à lui-même obtenu sa malédiction. Je ne sais toujours pas, mais une chose est sûre, c'est que cette peur est belle et bien présente en moi.

J'ai peur de souffrir. J'ai peur de la douleur que je pourrais ressentir.
Voici mon fardeau, voici ma malédiction.

Habituellement, cela commence par le cœur. Comme si mon cœur se déchirait, se brisait, se tordait. Une douleur que jusqu'à présent, je ne peux pas décrire. Ensuite, cela se propage dans mes bras et mes jambes et enfin dans tout mon corps. La douleur est si intense que je pourrais hurler et avec un peu de chance m'évanouir… Vraiment, je déteste ce sentiment.

Dans certains cas, cette douleur est accompagnée d'hallucination. Des lames coupant chaque recoin de mon corps, des clous s'enfoncent dans mes mains ou d'autres situations horribles. Finalement, tout dépend de la situation dans laquelle je me trouve. Dans tous les cas, la douleur reste la même, peu importe les hallucinations.

Mais j'ai appris à vivre avec… Comme tous les sorciers.

Et un beau jour l'école la plus réputée du monde des magiciens, Hortensia, est devenue une école accueillant les magiciens et les sorciers. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans la tête du directeur ?! Néanmoins cette nouvelle m'a beaucoup intriguée, je suis trop curieuse comme ma mère me l'a souvent dit.

Ce serait une bonne occasion d'en savoir plus sur les magiciens et cela, autrement qu'à travers les histoires de grand-mère. De plus, je pourrais vérifier si la grande bibliothèque de Sainte Catherine possède des livres sur l'histoire de ma famille, de leurs objets magiques et de leur gloire perdue.

Et surtout le plus important, je vais pouvoir m'amuser !