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Photo de famille – Famille Chandeliere.
Père est un grand homme, debout au second plan. Richard Chandeliere, frère du chef de famille, il est immense, bien bâti, le visage avenant et le costume impeccable. Il est de ces hommes importants qui affichent et tiennent à leur rang. Tiré à quatre épingles, il dégage un charisme fou et une assurance capable d'écraser quelques personnalités plus effacées. Sa main repose doucement sur l'épaule d'une jeune femme, assise sur le fauteuil de bois sculpté. Mère, Madeleine Chandeliere, née Beauregard. Femme élégante et digne, dont le visage figé et doucement souriant ne trahit en rien la fatigue de son accouchement la veille. Elle a la noblesse et le port de tête de ces anciennes familles et tout dans son allure et son maintien témoigne de la force de son esprit et de son intelligence. Rien n'est laissé au hasard. Debout près d'elle, tout juste assez grand pour se tenir droit et atteindre l’accoudoir, Frère, alias Armand. Petit garçon de quatre ans qui déjà veut faire comme les grands. Dos droit, regard fixé à l'objectif, menton relevé et sourcil froncés. Il fait de son mieux pour paraître sérieux et en oublie de sourire. Son costume immaculé lui donne des airs de poupée que ses bouclettes blondes finissent d'achever. Et au centre de la photographie dans les bras de sa mère, Daniel, emmitouflé dans un drap clair et orné de broderies. Ses grands yeux verts déjà ouverts sur le monde, arrêtant de s'agiter le temps d'une seconde.

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Photo souvenir – Enfance de Daniel.
Assis en tailleur dans la bibliothèque baignée par la lueur du jour, l'enfant est sage, concentré. Un roman repose sur ses genoux et ses sourcils froncés témoignent de ses difficultés à déchiffrer sa lecture. Période de calme pour Daniel, qui ne semble trouver de la tranquillité qu'une fois couché. Ses parents font ce qu'ils peuvent pour le faire tenir en place et l'éduquer correctement. Il est sur le bon chemin, mais ne peut s’empêcher de courir dans le jardin, grimper là où il peut, explorer l’ensemble des pièces de leur manoir, des caves au grenier malgré les interdictions. Il commence dès son plus jeune âge à collectionner les bleus et traces de ses aventures rocambolesques et rares sont les réceptions auxquelles le garçon assiste sans faire d'histoires. Alors que son frère aîné repose souvent sagement auprès de ses parents, un sourire poli aux lèvres, le plus jeune à déjà disparu entre les convives, à poursuivre quelques chimères en renversant tout sur son passage. Il n'est en rien méchant, juste plein de vie et l'esprit bouillant de rêves et d'histoires. Mais cela ne se fait pas, alors après une tape sur les doigts et quelques privations pour lui faire comprendre la leçon, il se retrouve à la bibliothèque pour s'enrichir la tête de choses qu'il juge inutiles.

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Photo d’anniversaire – Enfance de Daniel.
L'image est formelle. Quelques enfants de son âge sont regroupés autour d'un gâteau magnifique sur lequel repose huit bougies. Tout est trop sage, trop propre pour être un véritable goûter de fête. Les cadeaux sont sagement déballés et reposent sur le côté, les habits sont propres et pas assez colorés. Et les yeux de Daniel sont floutés d'un ennui profond que le sourire hypocrite qu'il sert au photographe ne réchauffe pas. Il a dans la tête des désirs d'aventures et de découvertes et dans le cœur l'envie d'aller jouer avec les enfants de la cuisinière et la fille du majordome. Mais cela ne se fait pas, ils ne sont pas de son rang et ne peuvent venir partager avec lui ce gâteau délicieux. Dommage. Il aurait préféré courir avec les deux filles de la bande et l'autre garçon, à s'imaginer des princesses volant sur des dragons accompagnées de leurs preux chevaliers magiciens. Ils auraient pu aller jusqu'à l'étang dans la foret voisine, aller embêter les cinq enfants de la famille de sorciers du village voisin, aller traverser la rivière pour se cacher dans les champs. Mais non, il se retrouve là, coincé dans son triste costume au milieu d'enfants trop polis et sages pour être honnêtes, trop bien éduqués pour être amusants. Et sa mère qui prend le thé avec les autres femmes dans la pièce voisine le surveille du coin de l’œil. Qu'il évite de leur faire honte une fois de plus. Il devrait prendre exemple sur Armand.

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Photo de classe -Enfance de Daniel.
Sur trois rangs s'élèvent des enfants. Tous dignes et élégants. Sauf la p'tite bande dans le coin en haut à droite. Trois garçons et une demoiselle s'amusent à faire une grimace alors que l'un deux bouscule la voisine qui trébuche, que l'autre fait des oreilles d’âne à son camarade au premier rang et que les deux autres lancent des confettis sur le reste de la classe. Cette photographie n'aurait jamais dû être développée, mais l'enseignant voulait mettre les parents des quatre agitateurs face à la preuve de leur mauvais comportement. Les quatre fautifs se tiennent sagement contre le mur de la classe, alors que les parents présents leur adressent un regard lourd de reproches et de promesses de dispute. Dan ne peut s’empêcher de sourire en regardant ses pieds. Merlin et Lorène à sa droite retiennent difficilement le rire qui les secoue, alors que Liam de son côté se mord la langue pour s’empêcher de répondre aux remarques de leur professeur. Au final, la claque qu'il se prend en rentrant est bien méritée, sûrement, mais lui est plutôt fier d'avoir réussi à chiper la photo incriminante pour la cacher dans sa chambre. Avec ses trois amis, la vie est moins ennuyante et surtout pleine de surprises. Malheureusement pour les adultes qui leur sont proches. Problème de discipline, d'éducation. Ils ne sont pas méchants, mais commencent à prendre de l'assurance. Entrée dans l'adolescence.

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Selfie – Adolescence.
La photo est floue, mais on y voit clairement les quatre amis. Ils ne se sont pas encore quittés et cela ne risque pas d'arriver. Ils y croient, rien ne pourra les séparer. Au premier plan Liam rit trop pour tenir fermement l'appareil photo et fixer l'objectif. L'ado est mal coiffé et son sweat est trempé, comme celui Dan qu'il tient par l'épaule. Ce dernier lui tire la langue, tout aussi mouillé, une feuille collée sur le front et les joues rougies par le froid. Derrière lui se tient Merlin, sourire moqueur aux lèvres et faussement sérieux, alors que Lorère l'embrasse sur la joue, ses boucles brunes ruisselantes. La photo a été prise un après-midi d'été, après s'être fait tomber dans l'étang et avant de se faire engueuler par leurs parents. Le jeune Chandeliere aurait malencontreusement oublié la réunion de Famille qui avait lieu aujourd'hui, la présence du Chef et la réception qui serait donnée le soir. Dommage. Il allait se prendre une rouste par son Père avant que sa Mère ne le déguise en pingouin pour qu'il ressemble plus à un digne héritier d'une ancienne Famille. Sauf qu'il savait très bien que tout ce qui touchait à l'héritage et à la fierté des siens reposaient sur les épaules de son frère aîné, que lui n'était que le second et qu'il était plus souvent ignoré et mis à l'écart qu'admiré et complimenté comme l'était son frère. Et tout ce protocole et ces convenances ne l'encourageait en rien à se montrer digne de son rang.

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Paysage un soir d'été – Photo personnelle.
Une de ses premières photographies. Ses amis s'étaient cotisés pour lui offrir un appareil digne de ce nom à son dernier anniversaire et depuis il l'utilisait régulièrement. C'était une sorte de cadeau d'adieu. Finalement, ils allaient devoir se séparer. Merlin et Lorène rejoignaient chacun leur famille, respectivement en Angleterre et en Belgique et Liam allait dans une autre école française. Bien que rien ne leur avait été dit officiellement, ils avaient compris que cette séparation n'était en rien due aux aléas de la vie, mais bien à la volonté de les éloigner les uns des autres. En espérant que cela les aide à chacun rentrer dans le droit chemin, loin de l’influence des autres. C'est douloureux. Daniel sait que la prochaine rentrée sera la plus difficile et c'est la première fois qu'il se sent aussi perdu, aussi démuni. L'École de Magie Hortensia, vitrine de la société pour les Grandes Familles de magiciens. Ça allait être la merde. Heureusement qu'il y a cette histoire de familier pour lui remonter le moral.

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Loki – Photo personnelle.
Le bouquetin regarde l'objectif, allongé sur le sol, la tête penchée sur le côté gauche et les cornes brillantes sous la lumière du soleil. Il fait une drôle de tête que Daniel souhaite immortaliser. Après un an de vie commune, la cohabitation est facile, tranquille. Bulle d’oxygène au milieu du vacarme de sa vie. Il le trouve toujours trop bruyant et empoté, mais il l'aime plus que tout. Son familier lui permet de tenir au milieu des autres élèves, dont la moitié est une bande d'hypocrites et l'autre le craint pour sa violence. Il lui permet de tenir face à ces professeurs qui tentent de lui bourrer le crane sur les principes de l'éducation et de la connaissance, face à ces cours insipides trop plein de théories lobotomisantes pour son propre bien. Il n'est pas fait pour ça, pour ce système d’éducation là. Surtout que ramener les pires appréciations est presque un défi à chaque fois, juste pour le plaisir d'imaginer ses parents s'arracher les cheveux face à l'annonce de ses résultats. Il n'en peut plus de tout ça, ne sait même pas pourquoi il en est là, comment il a fait pour se retrouver dans ce bordel qu'est sa vie. Mais au moins, sa famille ne l'ignore plus, les siens et les autres reconnaissent sa présence. On ne peut plus le cacher dans un coin et l'oublier. Il existe, et si pour avoir de l'attention il lui faut cracher à la gueule de chacun, il le fera.

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Liam – Photo personnelle.
Celle-là est dans un coin de sa vie, un coin de son cœur. Silhouette en contre-jour qui se dessine sous un arbre. Souvenir d'un été passé loin de tout, près de lui. Ils s'étaient retrouvés, juste comme ça. Pour se revoir, faire le point, se souvenir et rire. Et au final, ils s'étaient juste trouvés, ce soir d'été, et s’étaient embrassés. Étrange sentiment qui lui avait étreint le cœur et tordu le ventre tout l'après-midi, pour trouver une réponse contre ses lèvres posées sur les siennes. Encore une connerie à ne pas faire, à ne pas dire à ses parents. Mais celle là de connerie, c'était sa plus belle. Il la chérie comme pas possible, en aime le souvenir. Elle n'aura pas été beaucoup plus, juste le temps de ce mois de vacances. Avortées avant de devenir trop. Mais elle était déjà énorme. Ses sentiments se sont éteints depuis le temps, il sait qu'ils sont passés à autre chose, mais c'était un beau moment, une belle parenthèse.

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Photo de famille – Famille Chandeliere.
La Famille dans toute sa splendeur. Réunion annuelle. Presque au complet. Ils sont tous élégants, charmants. Léger sourire, sérieux de mise. Chacun respire la grandeur, la splendeur. Daniel est dans un angle, près de l'ombre dans laquelle il veut se fondre. Ses yeux brillent d'un éclat haineux alors que sur sa joue se devine le rouge d'une main trop fortement posée. Sa mère avait osé. Devant la Famille. D'accord, il avait joué avec le feu. Et redoublait son année. Sans aucun remord et presque de la fierté, il l'avait annoncé. Honte et déshonneurs, la claque qui s'abat sur sa joue et lui qui retient ses pleurs, sans peur. Il est un homme, libre. Ne souhaite pas se soumettre à ce genre d'autorité, de société. Pas fait pour ça. Mais le geste résonne fort. Fait mal. A son ego autant qu'à son corps. Il sait que maintenant il n'y a plus aucun espoir dans leurs yeux, qu'il n'existe plus vraiment pour eux.

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Contraste – Photo personnelle.
Photographie tirée de sa série, une de celles qu'il travaille, comme ça, pour le plaisir de faire quelque chose. Il a abandonné pas mal, a lâché prise sur plein de sujets. Les cours, les gens, les parents, les autres. Il ne reste que lui, sa colère, son ennui et Loki. Il cherche un sens à donner à tout ce merdier. Et gueule un bon coup quand on le trouve, le reste du temps il ne fait pas de vague, envoie quelques regards noirs et profite de la vie, loin de toutes ces conneries. Pas toujours présent en cours, pas toujours présent chaque jour. Il se balade, prend ce qui lui plaît, écoute ce qui l’intéresse et envoie chier le reste. Sèche les cours, parfois, ou l'écoute aussi, dès fois. Regarde le monde qui tourne, tourne parfois avec, insulte ceux qui le lui rendent bien et trouve son chemin. Dehors et demain sont deux mots qui donnent un peu d'espoir, même s'il a l'impression d'avoir le cœur et l'esprit pourris. Pas assez arrosés, pas assez appréciés. Et les Sorciers qui débarquent n'arrangent en rien la paix qu'il recherche. Il leur en veut autant qu'aux autres, les envoie balader avec quelques mots bien crachés. Il ressort ce qu'on lui a appris, ne cherche pas à faire d'efforts. C'est ainsi.