Aujourd'hui aurait été une journée banale si Jack n'avait pas trouvé un compagnon de route. Les cours se sont déroulé sans problèmes, sans réelle accroche, si ce ne sont les questions que certains élèves posent tout le temps. Et si l'on fait abstraction des pensées de Belle qui jonglent à chaque seconde alors que les mots passent ses  lèvres pour expliquer cette matière que la plupart des élèves détestent. Les mathématiques. Rien que le mot a tendance à les faire grimacer, soupirer, râler. La plupart ont donc tendance à être peu attentifs. D'autres en profitent pour fixer la jeune sorcière sans aucune gêne, beaucoup moins intéressés par le cours.

Sans faire de remarque et en ignorant royalement ces mots, elle a continué jusqu'à ce que la cloche sonne la fin des cours, où elle a finalement rejoint Jack qui est en train de jouer dans les couloirs avec sa nouvelle trouvaille. Il s'agit d'un pégase qui s'est probablement perdu. Ou qui a été séparé de son groupe. Ou qui a tout simplement voulu s'amuser avec le cerf-vampire qu'est Jack. Ah, qu'est-ce qu'il n'aime pas ce surnom. Toujours est-il que Belle n'a pas le temps de s'occuper de cette histoire sur le temps de midi, la pause étant bien trop courte.

Après un repas léger, la routine reprend donc. Jack reste de nouveau dehors. Sa présence rassurante lui manque parfois, mais elle fait sans. Subit le regard de ses élèves sans une remarque, jusqu'à ce qu'il soit seize heures. La délivrance pour les jeunes sorciers et magiciens. La plupart s'en donnent à cœur joie et quittent la salle en courant presque pour rejoindre leur club. Un d'entre eux reste pour poser quelques questions à la jeune femme qui y répond sans chercher à abréger les réponses.

Une fois le calme revenu, elle peut donc quitter la salle.
Sa première envie, respirer.
Mais d'autres actions l'attendent. Jack passe entre ses jambes, suivi du pégase.
Elle les fixe sans bouger, alors que tous deux semblent bien s'amuser. Sans un mot, elle se dirige vers l'extérieur du bâtiment, suivie des deux comparses. Elle a entendu parler, quelques fois, d'un collègue habitant dans une cabane à l'orée de la forêt. Il donnerait des cours sur les créatures magiques. Qui d'autre pourrait rendre ce bout de chou à sa mère ?

Alors, sans hésitation, elle rejoint ce lieu. La cabane, Belle l'a déjà croisée plusieurs fois lorsqu'elle cherche la tranquillité et la sérénité, sans pour autant de croiser son propriétaire.
Pourvu qu'il ne m'ait pas remarquée avant, alors que je n'ai pas été le saluer. Espérons qu'il ne m'en tienne pas rigueur. Qu'il ne m'envoie pas promener. Quel genre de personne est-ce ?
Son cœur s'emballe doucement alors que le stress s'empare d'elle. Elle respire une dernière fois, et toque à la porte avant de la fixer silencieusement. Seul le rire de Jack lui parvient à ce moment-là.

Les secondes s'écoulent doucement alors que Belle attend silencieusement à la porte. Seul un bruit se fait entendre peu après qu'elle ait toqué. Un Boum. Sa présence ferait-elle l'effet d'une bombe pour la personne habitant ici ? C'est à se demander si elle est bien au bon endroit.
Peut-être n'est-ce pas le moment de le déranger ? Ou peut-être me suis-je simplement trompée d'endroit ? Je devrai revenir une autre fois...

Trop tard. La porte s'ouvre sur... Hum ? Instinctivement, son regard descend pour fixer l'être qui lui a ouvert, qu'elle pense sur le coup être un enfant. Mais non. C'est un pingouin. Ce dernier lui parle d'ailleurs.
Éteindre les téléphones portables ? Pour quelle raison ? Y aurait-il des substances explosives ici que les ondes pourraient perturber ? Non, non, je ne devrai pas penser ça. Si c'était le cas, cette personne n'aurait jamais été acceptée en tant que professeur. De toute manière, je n'ai rien sur moi.

Alors qu'elle l'observe d'abord s'éloigner, son regard se relève vers la personne que l'animal, probablement un familier pour vivre dans une maison et parler ainsi, rejoint. Un homme, visiblement plus jeune, qui lui fait signe afin de prendre la parole. La jeune femme reste un moment à la porte, sans quitter son regard.
Entrer ? Jusqu'où puis-je m'avancer ? M'installer où ? Je ferai peut-être mieux de rester non loin, mais rester dehors serait un manque de politesse.

Doucement, elle finit par faire deux pas, s'avançant dans l'encadré de la porte. Comme ses deux hôtes se sont éloignés, elle reste à portée pour attendre son familier mais elle est entrée, lui répondant enfin.

« ... Jekyll. Belle Jekyll. Bonjour, monsieur Jani ? »
« Jack ! » interpelle-t-elle alors son familier, directement par télépathie comme vous vous en doutez.
« Oups ! »

A ces mots, la sorcière a l'impression de s'enfoncer toute seule en lui donnant son prénom. Elle lui offre un jugement facile. Mais sans le lui donner, elle lui en aurait offert un autre qui pourrait être bien plus péjoratif. Ils sont tout de même collègues.

Peu de temps après, deux petits énergumènes débarquent dans la pièce. Jack et le pégase se font une course poursuite dans la salle, sautant au-dessus des quelques obstacles qu'ils peuvent trouver. Le petit cerf revient en enfance, mais cela permet au moins à Belle de fermer la porte derrière eux afin de s'avancer un peu plus. Les deux jeunes finissent alors leur course autour du pingouin, autour duquel ils aiment visiblement courir.

« Nous venons pour ce jeune pégase trouvé ce matin. »
« Il était seul donc j'ai fait la nounou. », ajoute Jack pour tous les êtres présents. Son essoufflement, à force de courir partout depuis le petit matin, se fait d'ailleurs entendre.

Belle a à peine le temps de se retourner que le carnage se voit sous ses yeux. Horrible. Heureusement, ce n'est pas uniquement la faute de Jack sinon elle l'aurait déjà rouspété télépathiquement. Au lieu de ça, elle le fixe sévèrement un instant. Mais lorsque son regard a croisé celui du professeur, le sien s'est adouci pour reprendre son air habituel.
Pourquoi sourit-il de cette manière ? Ça ne le dérange pas qu'un pégase vienne déranger toute sa maison ? D'autant plus que tous deux ont mis le bazar. Peut-être n'aurais-je pas dû les faire rentrer et les laisser dehors pour ne pas déranger plus ? ... De toute façon, c'est un peu tard maintenant. Je devrai peut-être me proposer pour l'aider.

Il félicite alors Jack. Du moins, ça semble l'être. L'hydropote ? Belle se souvient avoir déjà vu ce nom, mais ça date de bien longtemps maintenant. Le cerf, lui, semble surpris et ça peut se voir dans son regard. Si on suit sa logique, il comprend très bien ce qu'hydro peut signifier puisqu'il suit un peu les cours de physique-chimie de Belle. Il sait donc que c'est de l'eau. Le pote, pour lui, ben, ça veut pas dire grand chose...

« Hydropote. Hydropote ? Non mais où tu vois que j'ai des palmes !? »

Le cerf capte un peu tard pour le sucre, le pégase a déjà tout mangé. Mais il peut au moins souffler et ne se gêne pas pour se mettre dans un coin et s'étaler de tout son long par terre. Il est bien parti pour faire une sieste, sauf si monsieur Jani lui répond.

Belle, après avoir fixé son familier, revient vers le trio où le professeur a remplacé le cervidé. Celui-ci parle d'ailleurs à la créature magique de manière... très enfantine. Il donne l'impression de parler à un bébé. En soi, il n'a pas tord. Ce pégase est un bébé. La sorcière se déplace alors légèrement vers eux, presque microscopiquement. Elle ne sait pas trop où se mettre, en réalité, et aimerait se contenter de les fixer. Elle se sent par contre bien grande par rapport à tous ces êtres qui sont maintenant au ras du sol.

La suite la surprend un peu plus. Il lui faut bien quelques longues secondes avant de se décider enfin à lui répondre.

« Je suis désolée de vous décevoir, mais je ne suis pas professeur de métamorphose. »

Qui sait dans quel état le pégase aurait fini dans ce cas-là.

« J'enseigne les matières générales, et ils ont passé leur temps à jouer dehors. »

C'est vrai que dans la journée, ils ont au moins pu profiter du beau temps. Belle continue alors, tout en se courbant légèrement vers lui respectueusement.

« Je suis vraiment désolée pour le désordre qu'ils ont engendré dans votre demeure. Je vous propose volontiers mon aide pour tout remettre en ordre. »

En soi, la sorcière ne se sentirait pas très à l'aise qu'il refuse. C'est tout de même en partie de sa faute, et même s'il prend ça sur la rigolade, visiblement, il n'y a cependant pas de raison pour qu'elle ne prenne pas ça au sérieux, et surtout qu'elle lui fasse perdre son temps.