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Le chagrin du phénix [Line]
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MessageSujet: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyDim 12 Nov - 12:20
Le chagrin du phénix

Line
Loisel

Tout commença par un chant. Le crépuscule tombait et le prestigieux jardin se vidait de ses derniers élèves. A l'orée de la forêt, mes doigts pinçaient les cordes de mon instrument de musique pendant que je chantonnais des paroles... même si je ne les connaissais pas vraiment. Allongé sur le toit de cette carcasse de van qui traînait à côté de ma cabane – et dont l'intérieur me servait de salle de classe – je profitais de l'agréable fraîcheur du soir.  Pas pour longtemps cependant, car je n'avais pas prévu de petite laine sur mes épaules. Et je commençais à frissonner. Oscar, lui, était parti s'amuser au lac. Seules résonnaient donc alentour les arpèges que je jouais.

Puis ce chant qui s'élève enfin, au-dessus de la forêt. Rapidement, il vint m'envahir et me percer le cœur. Des larmes commençaient à perler aux coins de mes yeux. On attribuait à cette mélopée une magie empathique. Il y avait dans la tristesse qu'elle clamait une pureté, une vérité indescriptible. Pas d'interprétation, pas de réflexion. Tout était dans ces lamentations porté par l'émotion. Le chagrin d'un phénix. Une créature foncièrement altruiste et dont les capacités magiques nous restaient, pour la plupart, encore inconnues.

Bien sûr, je ne pouvais rester là à pleurer en entendant la créature chercher de l'aide. Pleurer en contemplant le ciel ne faisait pas partie de ma philosophie de vie. Où il y avait des larmes, il y avait de l'espoir. Et si c'était moi ? D'un bond, je me levai pour descendre de mon perchoir. Dans la précipitation, je glissai de l'échelle et dégringolai les deux mètres comme un oiseau manquerait son premier envol. Un détour par la maison pour récupérer une lanterne et changer de chaussettes, car j'avais gardé mes bottes en main et que la rosée avait commencé à s'installer sur l'herbe dans laquelle je venais de marcher. Mais cette mésaventure n'avait que trop peu d'intérêt.

Une fois dehors, j'hésitai une seconde : devais-je aller chercher Oscar pour m'assister ? Son aide pouvait m'être précieuse, qu'importait le malheur vers lequel je me dirigeais. Puis je me souvins : il s'agissait d'un manchot maladroit et à l'intelligence réduite. Je m'aventurai donc seul dans la forêt. Un coup de baguette illumina ma lanterne d'une lumière bleutée, rendant chaque silhouette autour de moi fantomatique. Sa douceur pâle effrayait moins les animaux que la vivacité d'une flamme orangée.

Suivant le chagrin déchirant du phénix, il ne me fallut qu'une dizaine de minutes pour découvrir les origines de sa souffrance. Étendu au sol dans une flaque de sang, un loup cristallin respirait difficilement. Je pouvais reconnaître son espèce à ses longues oreilles, et à sa vaine tentative pour cristalliser son pelage à mon approche. Ses forces ne le lui permettaient pas. Ce qui, pour moi, n'était pas un mal. Sans matériel ni lumière appropriée à disposition, il me faudrait le porter jusqu'à ma demeure pour tenter de le sauver. Son flanc avait été lacéré par un autre animal, plus féroce. Le reste de sa meute s'était sans aucun doute dispersé. car chez eux, la survie de l'espèce prédominait la survie d'un individu. Aussi étaient-ils retournés se cacher comme ils en avaient l'habitude.

Quinze minutes plus tard, j'arrivais à l'orée des bois. Le loup lévitait lentement devant moi tandis que je pointais ma baguette en sa direction. Le retour avait été plus difficile du fait de son état et de la concentration dont j'avais du faire preuve.

Laissant la porte ouverte derrière moi, je posai la créature directement sur ma table et allumai toutes les lumières d'un tour de baguette. Oscar, qui était revenu de sa promenade depuis, vit l'animal blessé et, dans la panique, se mit à pousser de puissants cris et levant le bec vers le ciel et en ouvrant les ailes. Posture classique du manchot en train de crier.

- Ferme-la, débile ! lui sommai-je dans une panique plus grande encore.

Le sang coulait déjà sur le bois. Bien qu'aussi cramoisi que le nôtre, il semblait scintiller sous l'effet de la lumière.

- Je vais chercher des tissus et du matériel en bas, pas le temps d'aller jusqu'à l'écurie ! Surveille-le, je reviens !

Le familier me regarda avec deux yeux exorbités par la surprise. Il n'avait aucune confiance en ce loup mourant. Toutefois enclin à suivre les directives de son maître, il grimpa tant bien que mal sur une chaise et fixa la créature sans bouger. Les blessures béantes qu'il pouvait voir lui donnaient des renvois.

Je disparus dans l'escalier, manquai de les descendre sur le fessier et me pris en plein nez la porte de la salle de bain que je pensais ouverte à l'étage inférieur. Je n'en avais que pour une minute.
Sangha Jani
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyMar 14 Nov - 21:30
Le chagrin du Phénix
Ft. Sangha Jani

Il n’est pas rare, le soir, de te voir te promener à l’orée de la forêt des Elfes.
Tu adores le crépuscule, d’autant plus lorsque l’automne commence doucement à s’installer. C’est pour toi un moment de détente, après une journée compliquée. Et Dieu sait que tu as eu une journée compliquée. Tu es donc sortie, après avoir fermé ton infirmerie. Tu n’as pas pris le temps de repasser par ta chambre, mais la fraicheur qui tombe sur tes épaules ne dérange pas outre mesure. Pour le moment, du moins. Tu aimes te perdre dans tes pensées, en admirant les feuilles des arbres rougir et le ciel rosir. Le temps est encore clément, à cette époque, ce qui te fait encore plus apprécier ces petites balades de fin de journée. En revanche, tu ne t’aventures que rarement dans la forêt. Tu as bien peu confiance en ton sens de l’orientation, et tu ne souhaites pas tenter le diable. Après tout, qui irait chercher une infirmière perdue en pleine forêt ?

Epsilon te suit docilement. Il aime tout autant que toi ces promenade quasi-nocturne, qui lui permettent d’aller voler au-dessus des arbres et de relâcher son instinct de rapace chasseur. Il ne te ramène jamais de proie en cadeau, il sait parfaitement que tu n’apprécies pas. Mais tu le laisses tranquille pendant une petite heure, sachant qu’il a parfois besoin de se défouler. D’ailleurs, tu l’as perdu de vue depuis maintenant presqu’un quart d’heure. Mais tu ne t’inquiètes pas. Même si tu n’as pas confiance en ton sens de l’orientation, tu sais que le sien est quasi-infaillible. C’est d’ailleurs Epsilon qui t’aide à te repérer en ville, ou dans des endroits inconnus. C’est grâce à lui que tu te perds si peu souvent. Ainsi, tu es persuadée qu’il reviendra bientôt vers toi.

D’ailleurs, tu repères rapidement son plumage bleu au-dessus des arbres. Un simple petit point, qui se détache facilement du ciel rosé. En pleine journée, tu ne l’aurais pas vu. Il revient vers toi en babillant. C’est une chose rare venant de lui, qui ne parle qu’à toi seule et qui ne crie jamais. Directement, tu t’inquiètes. Que se passe-t-il ? Est-il blessé ? A peine se pose-t-il sur ton épaule que tu le prends délicatement sur ton avant-bras pour l’examiner. Les ailes, les rémiges, les yeux, le cou. Mais non, il n’a rien. Tu t’es à nouveau inquiétée pour rien. Il te met un léger coup de bec sur la main.
« Par là. »
Ah, il a vu quelque chose. Tout aussi curieux que toi. Tu le laisses donc te guider jusqu’à une petite cabane en pierre et en bois. Pourquoi t’a-t-il traîne jusqu’ici ? C’est la cabane du garde de chasse, et professeur de zoologie de l’école. Tu as souvent eu envie de venir lui rendre visite, enfin d’apprendre à le connaître, mais tu as rapidement pensé que s’il habite dans une cabanette excentrée, il y a de fortes chances que ce soit par désir de solitude et de tranquillité. Ainsi, tu n’es jamais allée l’embêter.

Tu le vois par ailleurs revenir chez lui. Pourquoi Epsilon t’a-t-il emmené ici ? Espérons que ce ne soit encore un de ses plans tordus visant à te caser avec quelqu’un. Mais apparemment, tu as été médisante. Le professeur revient chez lui, certes, mais en portant du bout de la baguette un loup au pelage grisâtre et aux oreilles pointues. L’animal n’a pas l’air d’être au meilleur de sa forme, visiblement. C’est ce qui a dû interpeller ton oiseau. Voir l’un de ses congénères animal, familier ou non, blessé le fait rapidement réagir au quart de tour. Un peu comme toi, encore une fois. Parfois, tu penses que ton familier te ressemble un peu trop. Tu laisses le professeur rentrer le loup dans sa cabane, hésitant sur l’idée de le suivre afin de lui proposer ton aide. Tu es infirmière, pas vétérinaire. Ce sont finalement les coups de bec qu’Epsilon te met sur la tempe qui te convainquent.

Tu te décides donc à entrer dans la cabane, dont la porte est restée ouverte. Bien sûr, tu n’y rentres pas comme dans un moulin, pour aller t’assoir sur la première chaise venue, en attendant tranquillement un café. Tu restes dans l’embrasement de la porte d’entrée, en toquant afin d’attirer l’attention du professeur.
Mais tout ce que tu vois, c’est un pingouin, ou un manchot. Ou un drôle de mélange, tu ne sais pas. Ce dernier est assis, si on peut dire, sur une chaise, et surveille le loup blessé d’un œil inquiet. Et personne d’autre.

« Hum… Il y a quelqu’un ? »
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyJeu 16 Nov - 11:31
Le chagrin du phénix

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Loisel

Hum… Il y a quelqu’un ? m'avait déjà interpellé une voix, tandis que je déversais le contenu de mes placards sur le sol pour trouver le matériel dont j'allais avoir besoin. Je n'avais que quelques notions en magie curative et ne souhaitais pas prendre le risque de les exploiter. Bien que je travaillais studieusement à progresser dans le domaine. C'était fou toutes les compétences que je pouvais acquérir en étudiant sérieusement le sujet. L'une d'entre elle m'a fait penser à une histoire d'ailleurs...

Bon, peut-être le moment était-il mal choisi.

Puis j'activai la cadence lorsque Oscar commença à piailler de manière parfaitement ridicule, comme un bébé essaierait de paraître menaçant. Je l'imaginais très bien en train d'agiter ses petites ailes atrophiées et se dandiner d'une patte à l'autre sur sa chaise pour se donner un air agressif. Ce qu'il n'était jamais parvenu à faire.

Moins d'une minute plus tard donc, je remontais les marches quatre à quatre et déboulai dans le salon pour constater avec une pointe de fierté que je connaissais très bien mon familier. Face à lui, une femme restait sur le palier, apparemment peu troublée par le spectacle qui s'offrait à elle. Le sang commençait à tomber à grosses gouttes de la table maculée au plancher. Elle semblait pourtant trop jeune pour assister à la scène. Il m'arrivait d'accueillir parfois des élèves alors qu'ils devraient être au lit. Souvent perturbés, paniqués ou en sanglots, ils trouvaient un refuge calme et prospère ici. La plupart était des sorciers dont la vie était une perpétuelle malédiction. A cet âge là, rien ne me semblait plus normal que de ne pas trouver sa place dans un monde qui nous rejette de toute part.

J'avançai jusqu'à la table et vidai le contenu de mes bras près du loup cristallin au souffle rapide et difficile. Il me fallut déglutir difficilement pour prendre la parole. Les émotions prenant le dessus, je sentais déjà les larmes me monter aux yeux à mesure que mon cœur se déchirait en même temps que le fil de vie de cette pauvre créature.

- Navré navré navré navré ! Pas maintenant ! Il faut que j'arrête les saignements...

Puis d'ajouter, une main sur la tête du loup :

- Qu'est-ce qui a bien pu te faire ça, mon grand ?...

Je pris des tissus pour compresser les profondes entailles qui lacéraient son flanc. Il finirait par se vider de son sang dans le cas contraire. Et si ce n'était pas ce qui allait le tuer, peut-être un poison ou une caractéristique magique propre à son agresseur aurait raison de lui. Pour l'instant, ce n'était pas ce qui m'intéressait. Pour l'instant, je nageais dans l'inconnu en tentant désespérément de sortir la tête hors de l'eau. A peine le tissu entra-t-il en contact avec la plaie qu'il s'imbiba d'un rouge profond.

Et maintenant ?

- Désolé de vous demander ça... lançai-je à l'arrivante sans quitter l'animal des yeux. Mais je vais avoir besoin d'une paire de mains supplémentaire et mon familier fera difficilement l'affaire sans doigt.

Si elle prenait ma place une minute, peut-être aurais-je l'occasion de feuilleter deux ou trois livres à la recherche d'une formule rapide pour arrêter les hémorragies. Puis il nous faudrait maintenant la bête pour recoudre les blessures. Ensuite, une potion à concocter. La chose était toujours plus efficace à deux. Oui, cette élève allait pouvoir m'être utile. Dommage qu'elle ne fut qu'une élève.

Je faisais un bien piètre vétérinaire. Si seulement il y avait à portée de main une personne compétente dans le domaine médical, nos chances de sauver le loup cristallin doubleraient au moins...

Au-dessus de nos têtes, le chant de désespoir du phénix résonnait toujours dans la nuit nouvelle.
Sangha Jani
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyVen 17 Nov - 22:45
Le chagrin du Phénix
Ft. Sangha Jani

A peine as-tu dit ces mots que le pingouin se met à te fixer d’un air faussement menaçant, en agitant les pattes d’avant en arrière, et en piaillant d’une manière bien peu crédible, il faut bien avouer.
« Qu’est-ce qu’il a, le canard ? »
Sur ton épaule, tu sens ton familier gonfler ses plumes dans l’espoir de paraître également plus gros et donc plus menaçant. Mais ce n’est pas avec ses trente centimètres tout mouillés qu’il risque d’impressionner qui que ce soit.

« C’est pas un canard, Epsilon. Calme-toi. »

Tu observes la scène sous tes yeux. Le loup que le garde-chasse a ramené de la forêt trône désormais sur la table, non-loin de l’entrée. Et il se vide à vue d’œil, le flanc lacéré. Tu soupires en fixant le sang du pauvre animal couler sur le sol. Personne d’autre ne semble venir. Tu ne connais pas cette espèce de loup, mais tu sens bien que c’est une créature magique. Et tu n’y connais rien en espèces magiques. Ne sachant pas vraiment quoi faire, tu tripotes ta baguette, coincée dans ton jean. Personne… Tu étais pourtant sûre d’avoir vu le professeur ramener ce loup chez lui. Et le canard t’a tout l’air d’être un familier. Le sien, apparemment.

Tu entends enfin quelques bruits venus d’en bas. Tu n’avais pas remarqué que la maisonnette avait un sous-sol. Voilà qui explique la mystérieuse disparition du professeur. Tu le vois d’ailleurs réapparaître rapidement dans ton champ de vision, les mains pleines de matériel médical. Il semble assez jeune, avoir ton âge, tout au plus. Il s’accorde étrangement bien avec sa cabane, penses-tu. Dans la précipitation, il vient poser ses bandages non-loin du loup blessé, avant de se redresser, les larmes aux yeux et la parole difficile.

« Navré navré navré navré ! Pas maintenant ! Il faut que j'arrête les saignements... »

Il panique. C’est mauvais. Très mauvais. Il espère soigner le loup dans un tel état ? Tu sais d’avance qu’il n’y arrivera pas. Or, malgré sa panique évidente, le professeur reste d’une douceur incroyable envers l’animal, en lui passant la main sur la tête. Tu espères soudainement avoir le même comportement envers tes patients. Tu aimerais bien.

« Qu'est-ce qui a bien pu te faire ça, mon grand ?... »

Oui. Tu espères vraiment être comme cet homme, lorsque tu soignes.

Un tissu est posé sur la blessure. Il sera inutile, le loup saigne trop. Tu le sais d’avance. Il sera juste imbibé de sang, puis il deviendra inutilisable. Une bonne compression aurait pu être envisageable, si jamais ce n’était pas un animal sauvage et non-anesthésié sur la table. Comment pourrait-il réagir ? Personne ne le sait vraiment. Mais même une tel geste n’aurait pas été efficace à long terme. Il faut arrêter l’hémorragie, panser la blessure, la désinfecter, la refermer. Et surtout s’en occuper pendant un certain temps, changer les bandages, continuer de la nettoyer. Et c’est un loup. Il n’aimera sûrement pas rester enfermé le temps d’être soigné. Mais même la simple idée d’arrêter l’hémorragie te semble compromise. Elle paraît importante, tu n’as pris aucun matériel avec toi, et ce n’est pas avec trois bouts de tissus que tu risques d’arriver à quelque chose.

Tu continues à tripoter ta baguette.
S’il le faut vraiment… Tu en serais capable. Mais rien ne garantit ton état par la suite.

« Désolé de vous demander ça... Mais je vais avoir besoin d'une paire de mains supplémentaire et mon familier fera difficilement l'affaire sans doigt. »

Tu lèves un sourcil en regardant le canard, toujours assis sur sa chaise. Effectivement, il ne risque pas d’être une grande aide. Tu reportes ton attention sur l’animal. Même s’il est une créature magique, il reste tout de même un mammifère. Sa morphologie globale ne doit être pas si lointaine de celle des humains, par conséquent.

« Je vais prendre les choses en main, si vous le voulez bien. »

Tu lui demandes son avis plus pour la forme qu’autre chose. De toute façon, en continuant sur cette voie, le loup serait mort. Le professeur n’a pas l’air de s’y connaitre énormément en soin, et apprendre sur le tas, dans une telle situation… Peu de chance qu’il réussisse à faire quoi que ce soit, si ce n’est mettre en danger l’animal. Ou même lui. L’hémorragie est grave, tu sais d’avance que la stopper grâce à ta magie va être compliqué, si ce n’est pas impossible. Trois possibilités. Soit tu y arrives, et dans ce cas, tout le monde est content. Soit tu n’oses pas et le loup meurt. Soit ta Malédiction apparaît trop tôt et... Mystère. Une chance sur trois. Pourquoi ne pas tenter ?

« Si jamais les choses tournent mal… Ben… Improvisez. »

Tu lui lances un sourire qui se veut rassurant. Pourtant, tu es loin d’être rassurée, très loin. C’est malgré tout le meilleur conseil que tu peux lui donner, étant donné que, même toi, tu ne sais pas ce que tu fais pendant tes crises. Espérons juste que tu ne deviennes pas dangereuse.

Tu sors enfin ta baguette de ton jean, et la pointes vers le loup blessé. Tu ne t’en approches pas, c’est bien inutile. Tu peux voir d’ici sa blessure béante au niveau de son flanc. Des picotements se mettent à parcourir ton bras, comme toutes les fois où tu te mets à utiliser un sortilège à haut niveau de spécialisation. Tu ne t’occupes pas du sang qui coule encore sur le sol. L’animal l’a perdu, tu ne peux plus rien y faire. Il en refabriquera tout seul une fois qu’il sera soigné. Au fur et à mesure que ton sort agit, tu peux voir la blessure se refermer lentement. Trop lentement. Pourquoi c’est si long, bon dieu ? Tu restes entièrement concentrée sur ta tâche, n’osant même pas cligner des yeux. Tu te sens forcer. Encore un peu plus longtemps. Encore un peu…

Puis tu craques.
Tu lâches ta baguette, tremblante. Pour toi, c’est désormais le noir complet.
Tu regardes tes mains, complètement perdue, la tête pleine de questions.

« Qu’est-ce qui se passe… ? Où suis-je… ? »

Qui suis-je ?
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyLun 20 Nov - 17:25
Le chagrin du phénix

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Loisel

Je vais prendre les choses en main, si vous le voulez bien.

Je devais paraître bien médiocre. Soigner le rhume d'un licorne ou la patte foulée d'un pégase, c'était une chose. Et je m'en sortais très bien pour cela. Mais une blessure aussi grave et profonde... je ne m'y étais pas préparé. Et j'espérais que mon incompétence ne s'ébruiterait pas entre les murs de l'école. Quelle qu'allait être l'issue de cette soirée.

Je ne désespérais pas de ne pas savoir quoi faire... mais voir la créature agoniser me faisait perdre tous mes moyens. Une jeune fille m'avait dit une fois que j'étais plus sensible qu'une femme enceinte. Elle n'avait pas tort à l'époque... mais c'était d'autant plus vrai maintenant. On croit qu'un homme se fortifie avec le temps, qu'il devient plus robuste, que ce qui ne l'a pas tué ne l'a rendu que plus fort. Rien n'est plus faux que ces mots. J'étais une vitre contre laquelle on avait lancé des pierres. Je résistais, mais étais fissuré de partout. La moindre vibration menaçait de m'éclater en milliers de débris, chacun chargé de son histoire propre. Si au quotidien j'étais cet homme souriant, amoureux de la vie et de chacune de ses facettes, certains instants parvenaient à montrer l'autre individu que j'étais, cette vitre lapidée.

Je reculai, les yeux écarquillés sur cet être innocent que je condamnais par ma médiocrité, incapable de prononcer le moindre mot. Oscar, lui, était descendu de sa chaise pour courir en dodelinant, traçant de sa trajectoire un cercle parfait. Et parfaitement ridicule.

- Si jamais les choses tournent mal… Ben… Improvisez.

Elle me sourit alors que mes yeux se plongèrent dans les siens. Quelque chose dans son visage angélique me poussait à lui faire confiance. De toutes les façons, je n'avais pas d'autres options. J'eus toutefois un doute : allait-elle abréger les souffrances du loup, ou m'aider à le sauver ? Ses mots ne m'avaient pas rassuré. Tout sorcier avait une interprétation bien nette des choses qui tournaient mal. J'espérais alors avoir affaire à une magicienne.

D'un geste assuré, elle braqua sa baguette en direction de l'animal. Une baguette d'une facture bien supérieure à la mienne. Alors je constatai le pouvoir de la jeune femme. Qui était-elle ? Une élève n'aurait pas la force d'utiliser un tel sortilège... Il est puissant, suffisamment pour refermer la blessure à vue d'œil. Mais le processus est lent... trop lent. Mon regard, inquiet, alterne entre mon assistante de fortune et son patient lupin. Je la vois trembler, forcer. Je voudrais l'arrêter, le danger pour elle était bien trop grand... mais voyant le résultat concluant de son sortilège, je ne pouvais condamner le loup à une mort certaine.

Lorsqu'elle lâcha sa baguette, plus tremblante que jamais, je compris que j'avais pris la mauvaise décision. J'aurais du l'arrêter. Je l'avais encouragée, par mon inaction, à dépasser des limites que je refusais moi-même d'approcher. J'avais été égoïste et lâche. Et le loup n'était même pas pleinement sauvé, bien que le sang ne coulait plus, signe d'une amélioration quelconque. Je m'approchai lentement de la jeune femme dont le regard baissé sur ses mains semblait redécouvrir le monde. Je craignais le pire.

- Qu’est-ce qui se passe… ? Où suis-je… ?

Une sorcière, évidemment. Il ne m'en fallu pas plus pour comprendre. S'il y avait bien une qualité indéniable à conférer aux malédictions, c'était leur capacité à se diversifier et à trouver toujours plus original. Je les voyais défiler les unes après les autres à mesure que les élèves passaient se décharger de leurs fardeaux auprès de moi. Une amnésie n'avait rien de surprenant. Ma crainte, c'était d'avoir affaire à quelque chose de plus complexe encore, et de n'avoir là qu'un des effets secondaires de sa malédiction.

Mais voilà un plus gros problème : si elle avait perdu tout souvenir de sa propre identité, je n'allais pas pouvoir l'aider. Je n'avais moi-même aucune idée de son identité. Je pris la parole, en avançant doucement vers elle, les mains tendues en signe d'amitié.

- Vous êtes à l'école Sainte-Catherine, vous vous souvenez ? Vous venez de sauver une vie, ajoutai-je en souriant. Regardez !

Je montrai le loup cristallin d'une main, et lui tendis l'autre pour l'inviter à s'approcher. Voyant son œuvre, peut-être arriverais-je à contrer la malédiction en stimulant ses émotions. Les blessures de la créature effrayée étaient toujours présentes mais ne saignaient plus. J'allais pouvoir recoudre facilement les plaies et lui assurer une convalescence. Mais comment tenir la demoiselle en place tout en m'occupant de lui ? J'étais tiraillé entre deux problèmes, sans savoir lequel avait une priorité sur l'autre.

- Je suis le garde-chasse, Sangha. Je ne savais pas comment soigner ce loup, alors vous vous êtes portée volontaire. Je... Je suis désolé... J'aurais du vous empêcher...

Mon regard désemparé face à la situation se posa sur l'oiseau de la sorcière, un crécerelle d’Amérique à en juger par son plumage singulier. Si quelqu'un pouvait m'aider désormais, c'était lui. Il savait sans doute comment réagir face à une telle crise. Le message que je lui passais était parfaitement clair.

- Aide-moi.
Sangha Jani
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyMar 21 Nov - 20:49
La chagrin du Phénix
Ft. Sangha Jani

Quand sa Malédiction apparait, elle perd la mémoire, puis tout peut arriver.
Je l’ai déjà vue devenir totalement perdue, au point de se penser être en plein rêve. Et d’essayer d’en sortir, par tous les moyens. Je l’ai déjà vue paniquer face à ce qui pouvait se passer sous ses yeux, ne se souvenant plus qu’elle est Sorcière, ou qu’elle vit dans un monde où la Magie est omniprésente. Je l’ai déjà vue devenir dangereuse, contre elle ou contre les autres, puis regretter sincèrement ensuite, une fois la crise passée. Et je l’ai déjà vue devenir naïve, impressionnable et influençable. Certains en ont profité. Des gens en qui elle avait confiance. J’irai leur crever les yeux si elle le voulait bien.

J’ai toujours été avec elle durant ses crises. Veillant sur ses paroles et gestes, et surtout sur ceux des autres. Je lui ai parlé une fois, tentant vainement de la calmer. Mais elle avait oublié mon existence, et elle n’a fait que paniquer toujours plus, « entendant des voix dans sa tête ». Depuis, je n’essaye plus, et veille sur elle en silence.

A mon grand soulagement, le garde-chasse reste doux et compréhensif. Il tente de la calmer, de lui expliquer ce qu’elle fait ici, ce qui s’est passé plus tôt. Il lui montre le loup, trônant toujours sur la table, non-loin de l’entrée. Sa respiration s’est faite plus sereine après l’intervention de ma Sorcière, mais ce n’est pas suffisant pour m’enlever mes remords. J’aurais dû l’arrêter. Cet animal est loin de valoir ne serait-ce que la moitié d’elle. Elle a d’ailleurs un léger mouvement de recul en le découvrant une nouvelle fois. Elle baisse les yeux, aperçoit le sang au sol, inspire profondément, sert les poings. Et commence doucement à paniquer. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Pourquoi il y a-t-il un animal à moitié mort sur la table ? Qui est cet homme qui lui parle ? Elle ne sait plus rien de tout cela.

Et le canard n’aide vraiment pas. Il est attardé ou quoi ?

Elle pose le regard sur sa baguette, désormais au sol, mais ses yeux glissent dessus sans la voir. Depuis ses études, lorsque sa Malédiction se manifeste, elle a pris le réflexe de lâcher sa baguette, afin d’arrêter immédiatement le sortilège qu’elle jetait. Si elle n’avait pas eu ce réflexe, elle aurait parfaitement été capable de déchiqueter la peau de loup ou de lui ouvrir encore plus les veines. Après tout, elle a également tout oublié de sa formation. Je sais ce qu’elle est en train de faire : elle cherche une sortie, ou une arme. La panique la rend dangereuse. Il faut la calmer, avant qu’elle ne trouve quoi que ce soit qui pourrait potentiellement être fracassé sur un crâne. Comme une chaise par exemple. Par chance, elle n’y a pas encore pensé. Et je sais qu’elle ne voudrait pas avoir le traumatisme crânien de cet homme sur la conscience.

Ce dernier se présente enfin. Enfin… Elle le connaissait déjà. Au passé. Elle le connaitra à nouveau dans quelques heures. Bien qu’elle ne l’avait jamais rencontré, elle avait déjà regardé son dossier médical. Ainsi, elle savait déjà plus ou moins qui il était, comme un peu près tous ses collègues. Sangha. Drôle de nom. Il aurait dû la stopper, dit-il. Mais ce n’est pas vrai. C’est moi qui aurait dû la stopper. Ce n’est pas son rôle, c’est le mien. Personne n’a le droit de s’occuper d’elle à part moi. Je gonfle mes plumes, afin de lui faire comprendre. Il pose les yeux sur moi, cherchant apparemment un quelconque repère qu’elle pourrait reconnaitre. Mais il ne faut pas compter dessus. Elle a tout oublié. Ses proches, sa famille, ses sœurs, son frère, son nom. Moi également. Elle qui voulait ne jamais pouvoir oublier qui que ce soit qui lui soit cher…

« Aide moi. »

Qu’espère-t-il ? Je ne peux pas lui parler, sous peine que la panique finisse par complètement la submerger. Je ne peux pas faire grand-chose dans ces cas-là. A part dicter à cet homme la conduite la plus raisonnable à suivre.

« Peut-elle vous faire confiance ? »

C’est l’unique condition.

« Certains ont déjà profiter de son état. Peut-elle vous faire confiance ? »

Je ne parle jamais aux autres personnes. Sauf dans ces moments. Elle pense que je ne suis pas bavard, et elle a parfaitement raison. Mais je suis parfois bien obligé de sortir de mon mutisme. Elle ne s’en souvient pas, et ne m’entend pas de toute façon. Ainsi, elle pense toujours que je n’ai jamais parlé qu’à elle. Uniquement à elle.

« Si c’est le cas, éloignez la du loup. Elle en a peur, elle panique. Qui sait ce qu’elle peut bien faire dans cet état. Continuez de lui parler, de lui expliquer. Soyez calme, sinon elle s’affolera encore plus que vous… Vous pourrez continuer à vous occuper du loup une fois qu’elle en sera loin. Je la surveille, et je vous préviendrai si elle tente quelque chose d’imprudent. »

Dernier conseil.

« Il faudra peut-être s’attendre à la contrôler, si jamais elle commence à faire n’importe quoi. Contre vous ou contre elle-même. »
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyJeu 23 Nov - 10:59
Le chagrin du phénix

Line
Loisel

- Peut-elle vous faire confiance ? Certains ont déjà profiter de son état. Peut-elle vous faire confiance ?

Cet oiseau était fier et protecteur. Très protecteur. Sa dévotion envers la sorcière était admirable et me touchait au plus haut point. On sentait dans sa noblesse toute la compassion et la peine qu'il éprouvait pour elle. Rien à voir avec Oscar. Comme un chat, il ne m'aimait que parce que j'étais la main qui le nourrissait. Et parce que parfois, je le berçais le soir en lui lisant une histoire. Il m'a fait jurer de ne pas le dire, mais ce qu'il préfère c'est les histoires du jeune pingouin. Malheureusement, T'choupi ne me serait d'aucun secours ce soir. Je n'osais imaginer les scènes auxquelles le familier qui s'adressait à moi avait pu assister, impuissant. Je ne cherchais qu'à l'aider. Je connaissais une personne qui, si elle avait été présente, aurait déjà déplumé le familier. Elle avait toujours détesté qu'on mette en doute ma bonne volonté. Mais dans un monde comme le nôtre, il y avait tant d'horreurs qu'une âme dénuée de mauvaise intention tenait de l'imaginaire. Pourtant, si difficile à croire que ceci pouvait l'être, j'étais cette âme.

Il m'énuméra alors ses instructions. Je l'écoutais sans en avoir l'air, de peur que mon regard braqué sur un oiseau n'atteigne la jeune femme d'une quelconque manière.

- Si c’est le cas, éloignez la du loup. Elle en a peur, elle panique. Qui sait ce qu’elle peut bien faire dans cet état.

L'éloigner du loup, d'accord. Il me fallait trouver un endroit calme et sûr. Un endroit qui était pour moi-même synonyme de réconfort et de sérénité. Je connaissais cet endroit. Ce n'était pas ici, où le sang commençait fortement à imprégner le bois sur lequel il s'était déversait et son odeur pouvait donner la nausée. Une odeur familière finalement, quand on aide les pégases, licornes et autres créatures à mettre bas. Des moments que je chéris mais que je garde pour moi. Bizarrement, ce miracle de la vie lorsqu'il est détaillé dégoûte assez facilement les gens. Mais ce n'était pas le moment d'y penser, bordel ! J'avais des instructions à suivre et des vies étaient en jeu...
Ça par contre, je crois que c'était une première pour moi.

Continuez de lui parler, de lui expliquer. Soyez calme, sinon elle s’affolera encore plus que vous…

Moi, m'affoler ? Bon, il avait raison. J'étais complètement flippé. Mais je savais déjà ce qu'il me disait là. Du moins, je l'imaginais très bien... Si je m'affolais vraiment, je serais déjà en position fœtale sur mon plancher couvert de sang de loup, à pleurer pour tous les dégâts que j'étais en train de causer. Si elle était là, elle saurait calmer mes angoisses. Elle me caresserait la joue et d'un sourire confiant, elle me rappellerait à quel point elle laisserait sa vie entre mes mains sans la moindre crainte. Car j'étais cette aide, ce soutien, dont le monde avait désespérément besoin. Si je n'avais aucune prétention à y croire, au moins me forçais-je à croire que tels seraient ses mots. Et ses mots ont toujours su me donner le courage nécessaire pour tout surmonter.

- Vous pourrez continuer à vous occuper du loup une fois qu’elle en sera loin. Je la surveille, et je vous préviendrai si elle tente quelque chose d’imprudent. Il faudra peut-être s’attendre à la contrôler, si jamais elle commence à faire n’importe quoi. Contre vous ou contre elle-même.

Le loup était calme et ses plaies ne saignaient plus. Cela me donnait un répit nécessaire pour m'intéresser à ce cas unique auquel j'étais confronté. Si j'étais en apparence calme et confiant, il n'en était rien. Tous mes sens étaient en alerte et j'étais prêt à défendre quiconque d'un geste malencontreux. Je n'utiliserais pas de magie contre une innocente, mais j'étais prêt à la mettre à terre si la situation l'exigeait.

Je souris à l'oiseau, sans quitter des yeux la demoiselle. Il fallait qu'il comprenne la confiance qu'il pouvait mettre en moi. Il ne lui était plus permis de douter. Pour la sécurité de sa sorcière, il ne pouvait plus se le permettre.

- Oscar, surveille le loup, ordonnai-je sèchement à mon propre oiseau. Puis de prendre un ton rassurant auprès de la demoiselle : Venez avec moi, vous voulez bien ? J'aimerais vous montrer quelque chose...

Je contournai la table et approchai la porte, prenant grand soin de rester à bonne distance de l'amnésique, afin de ne donner l'apparence au moindre geste déplacé. Je sortis dans le parc sans cesser de parler ni me retourner. J'espérais qu'elle me suive sans vouloir qu'elle s'y sente contrainte.

- Il m'arrive d'avoir peur, parfois... et de me poser des questions. Alors je me suis bâti une forteresse dans laquelle je peux réfléchir sans m'intéresser à ce qui m'entoure. Sans avoir peur du mal que l'on peut me faire... ou celui que je peux faire. Un endroit où je suis la seule chose qui compte vraiment.

Au coin de la maison, la carcasse de mon van trônait à côté d'un potager luxuriant. Dans lequel certains élèves prétendaient avoir vu des gnomes. Alors même qu'ils ne savaient pas à quoi pouvait bien ressembler un gnome. La carcasse, elle, n'avait plus de vitre. Ni de roue. Tous les sièges avaient été arrachés. Un travail manuel confié à mes élèves pour leur premier cours. Je les avais conviés à transformer les lieux avec moi, pour que chacun y trouve sa place. On m'avait traité de hippie, mais je le vivais bien. Le bonheur se travaille en équipe. C'est comme une partie de volley-ball. Sans la compétition. Et aucune équipe ne s'affronte. Il n'y a pas de ballon ni de filet, non plus. Ça n'avait pas grand chose à voir avec le volley-ball, mais quand même un peu. Certains étaient même venus orner la taule externe de quelques graffitis. D'autres avaient utilisé la magie pour graver un nom, un symbole ou une phrase. Quelque chose qui leur appartenait, seulement à eux. Une antiquité bonne pour la décharge, qui recelait en fait des merveilles lorsqu'on s'y attarde de près. Et l'intérieur, lui, était tout autre. Des toiles aux couleurs chaleureuses, d'énormes coussins éparpillés partout, des piles de livres ça et là, un vieux tableau noir tenu par un trépied, sur lequel on trouvait des dessins plutôt abstraits. Ils représentaient en fait un combat de golems auquel j'avais pu assisté dans une forêt au nom oublié. Un beau jour de pluie. C'était un mardi, je crois... Enfin, mes élèves pourront vous la raconter.

Arrivant à la porte, je donnai un coup discret de ma baguette pour allumer à l'unisson les lampes à huile et bougies. Une pancarte en bois indiquait d'éteindre toute forme d'appareil électrique ou électronique avant d'approcher le garde-chasse sous peine d'une mort lente et/ou douloureuse. En dessous, un dessin cartoonesque d'un coyote frappé par la foudre qui lève un petit panneau sur lequel il exprime son mécontentement.

Je n'entrai pas.

- Vous êtes en sécurité là-dedans. Vous êtes en sécurité, et vous le serez toujours.

Le choix lui appartenait. Je souris timidement avant de m'éloigner pour retourner auprès du blessé, ajoutant simplement :

- Vous entendez ? Le phénix a arrêté de pleurer...
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptySam 25 Nov - 10:15
Le chagrin du Phénix
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Voilà. Tout était dit. Maintenant, j’espère sincèrement que cet homme ne tentera rien de trop stupide ou d’irrationnel à mon goût. Après tout, je ne le connais pas, et ma Sorcière non plus. Pourtant, je me vois aujourd’hui obligé de lui faire confiance. Il est bien le seul qui peut réussir à la calmer. Ce n’est pas moi qui ne lui parle que dans sa tête, ou ce canard qui m’a l’air franchement limité, qui risquons de pouvoir remédier à sa crise de panique – en plus d’amnésie – naissante. Je suis donc contraint à l’impuissance. Une fois de plus… Enfin, pas totalement. Même si, dans son amnésie la plus totale, ma Sorcière a fini par m’oublier, je sais parfaitement qu’elle aime toujours autant les oiseaux. « Je ne m’attendais pas à un oiseau », a-t-elle dit lorsqu’elle m’a reçu, à ses seize ans. Mais pourtant, mes camarades à plumes et moi sommes des animaux qu’elle a toujours chéris et pour lesquels elle a toujours fait preuve d’une extrême curiosité. Ce ne fut donc jamais vraiment difficile pour moi de rester auprès d’elle sans qu’elle s’en inquiète.

Je m’envole donc au-dessus du garde-chasse, afin d’apparaitre dans le champ de vision de ma Sorcière. Je vois d’ailleurs ses yeux se poser sur moi presque instantanément. Elle penche la tête sur le côté, se demandant sûrement ce que je peux bien être comme espèce. Espérons qu’elle ne me confonde pas avec un truc trop ridicule cette fois. Tandis que j’énumère mes instructions au garde-chasse, celui-ci a la bonne idée de ne pas me fixer avec des yeux ronds. Enfin quelqu’un qui réfléchit. C’est vrai qu’avoir l’air de parler à un oiseau ne semble pas du tout étrange au regard d’une personne qui ne sait même pas où elle se trouve. Mine de rien, c’est fou le nombre de personne qui me fixaient dans ces moments-là. Voire même qui me répondaient. Ils n’étaient pas bien malins, il faut dire.

Le garde-chasse décide de l’éloigner, comme je lui ai conseillé. Encore mieux, il la fait sortir de chez-lui, en restant loin d’elle, sans geste brusque qu’elle pourrait potentiellement mal interpréter. Son regard se détache de moi lorsqu’il commence à lui parler. Elle fronce les sourcils, comme pour lui faire comprendre qu’elle ne lui accorde pas la moindre confiance. Mais apparemment, l’idée de sortir de la maisonnette la rassure, et elle commence à suivre l’homme, avec tout de même une petite hésitation et surtout sans un mot. Mais une fois à l’extérieur, je le vois se détendre soudainement. Elle soupire tandis que ses poings se desserrent et que ses épaules s’affaissent. Elle était vraiment en plein stress là-dedans. Elle a même oublié d’embarquer un couteau en cachette, dans le doute. De toute façon, elle ne les avait pas vu, et n’avait pas la moindre idée d’où ils pouvaient se trouver. Mais elle y a pensé, vu comment elle s’est mise à regarder le plan de travail à côté de l’évier pour les chercher, avant que je ne m’envole pour détourner son attention.

C’est donc désarmé, heureusement, qu’elle sort de cette maison qui la stressait tant. Je reste en vol au-dessus du garde-chasse qui, lui, continue de parler, d’expliquer où il l’amène. Ma Sorcière le suit, plus docilement que prévu, en se demandant sûrement ce que cet homme lui raconte, et surtout pourquoi il lui raconte à elle. Son regard se pose à nouveau sur moi. Un petit sourire apparait dans le coin de ses lèvres. Je suis heureux de savoir que je peux toujours la rassurer, même lorsqu’elle ne se souvient pas de moi.

« Où est-ce qu’on va ? »

Bon. Elle n’est pas totalement rassurée non plus. Comme toujours, elle a envie de précisions, pas de poésie. L’endroit finit enfin par apparaitre. Un van, ou plutôt ce qui en reste, garé à côté du jardin du garde-chasse. Pourquoi pas ? Tant que l’intérieur n’est pas trop glauque et ne ressemble pas trop à l’antre d’un tueur en série, tout devrait bien se passer. Mais une fois la porte du van ouverte, il semblerait que ce ne soit pas vraiment le cas. Tant mieux. Elle ne voit pas les lampes que le garde-chasse allume comme par magie, et rentre, les sourcils froncés en observant autour d’elle. Son regard s’attarde sur l’affichette indiquant l’interdiction d’appareils électriques allumés en présence du professeur. « Sous peine d’une mort lente et/ou douloureuse » ? Joyeux.

Elle décide apparemment de ne pas s’en occuper plus que nécessaire et part s’affaler sur un tas de coussins. Amnésique, ce n’est apparemment pas la politesse qui l’étouffe. Elle continue de lever les yeux vers moi. J’ai réussi à trouver un endroit où me percher : une pile de livre. Je ne pouvais pas rester en vol cent-six ans dans un si petit endroit non plus. Mais je reviens rapidement me percher sur le bras qu’elle me tend, dans l’un de ses étranges réflexes qu’elle conserve lors de ses crises. Le garde-chasse reste à la porte, continue même à lui parler. Mais elle ne l’écoute plus vraiment.

« J’aime bien cet oiseau. »

Je gonfle les plumes de fierté. Certains sentiments ne peuvent apparemment pas être effacés.

« Même s’il est un peu gros pour un moineau. »

Un moineau ? Moi ?
Si sa crise se finit bien, elle aura le droit à une musaraigne en guise de cadeau demain matin, au pied de son lit. Elle va adorer, je le sens. Mais j’oublie bien vite lorsqu’elle commence à passer deux doigts sur mon dos, comme elle le fait souvent quand je ne suis pas perché sur sa tête. Des réflexes encore… C’est tout de même étrange qui lui reste autant d’automatismes alors qu’elle ne se souvient même plus de son prénom. Je reporte difficilement mon attention sur le garde-chasse, qui est resté au niveau de la porte du van.

« Merci. »

Puis je continue à apprécier les caresses de ma Sorcière. Mais elle arrête bien trop rapidement à mon goût, pour se retourner vers l’affichette qui l’a visiblement troublée. Elle la fixe à nouveau, regarde le dessin placardé en dessous. Et ne rigole, ni même sourit. Elle fronce à nouveau les sourcils, penche la tête sur le côté, puis s’adresse au garde-chasse.

« Pourquoi ce panneau ? Qu’est-ce qu’il veut dire ? »
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyLun 27 Nov - 18:56
Le chagrin du phénix

Line
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- J’aime bien cet oiseau. Même s’il est un peu gros pour un moineau.

J'étais finalement resté à la porte, à l'observer découvrir le monde comme si c'était la première fois. Bien que la situation était tragique, cela avait une certaine beauté. Une triste beauté. Cette innocence, et son commentaire sur l'oiseau qui trônait à son bras, m'avait fait sourire à pleine dent. J'imaginais la créature terriblement vexée d'être tant rabaissée, et je la comprenais un peu. Moi-même je m'étais vexé un jour où l'on m'avait comparé à un simple hippie vagabond végétarien et fumeur d'herbe. Alors que je mangeais de la viande, et que je menais des recherches sérieuses sur les animaux durant mon vagabondage, quand même.

Lorsqu'il me remercia, mon sourire changea de son aspect rieur à un aspect rassurant, confiant. Je n'attendais aucune gratitude, ni de sa part ni de la part de sa sorcière. Je venais simplement en aide à quelqu'un dans le besoin. C'était ma nature, et c'était la nature de beaucoup d'autres être humains. Certains méprisent de tendre la main, de soutenir son prochain. On les remarque facilement car ils se font plus facilement entendre. Mais les cœurs aimants, ceux qui incarnent ce que l'on appelle encore « humanité » sont là, agissant dans l'ombre, pour le simple confort de savoir qu'autour d'eux subsiste un peu de bonheur. Mais c'est vrai qu'on remarque plus facilement les cons. Personne n'imagine ce qu'un homme vivant dans un van peut voir comme surprises, et comme cas sociologiques qu'il serait fascinant d'étudier. Pour la plupart, l'éthique ne m'autoriserait pas à divulguer les anecdotes.

- Pourquoi ce panneau ? Qu’est-ce qu’il veut dire ?

Elle me tira de mes rêveries par cette question tout à fait compréhensible. A bien y réfléchir, j'étais même assez étonné qu'il ne l'ait pas faite fuir. Il s'agissait d'un avertissement, bien que donné sur le ton de l'humour, tout à fait brutal et menaçant. Je soupirai en me passant la main sur le visage. Comment expliquer qu'on peut tuer quelqu'un par un simple contact physique si les différents facteurs favorables sont réunis ? Comment lui expliquer quoi que ce soit de magique ? S'en rappelait-elle ou n'était-ce qu'une vague fumisterie à ses yeux insouciants ?

- C'est une... blague, de l'un de mes élèves. Enfin une blague...

Je m'assis sur la marche de mon véhicule aménagé. Il n'était toujours pas question que je pénètre à l'intérieur, souhaitant avant tout que la jeune femme y trouve l'espace et la sécurité nécessaire à son bien-être. Il faisait un peu frais, mais ce n'était pas bien grave, étant donné les circonstances hautement plus graves qu'un peu de chair de poule qui se déroulaient tout autour de moi.

- J'ai un... un problème avec l'électricité. Quelque chose de... dangereux pour les autres. Oh mais vous n'avez rien à craindre ! Je vis sans aucune forme d'électricité. Je suis inoffensif. Mais les adolescents... Vous savez comment ils peuvent être. On leur interdit le téléphone portable et toute forme d'appareil, mais ils n'en font qu'à leur tête. A force de les contraindre à tout éteindre avant d'assister à mes cours, ils m'ont offert ce panneau d'avertissement. C'est pour se moquer gentiment de moi. Ils ne se rendent pas compte...

Et heureusement. Car la seule manière de se rendre compte du danger que je pouvais représenter, c'était en assistant à sa manifestation. Quelque chose que je ne souhaitais voir arriver en aucune façon.

Puis une idée, qui n'avait rien à voir avec tout cela. Chose qui m'arrivait assez régulièrement, il me fallait bien l'admettre. Je tournai la tête vers la jeune amnésique.

- Vous ne sauriez pas me dire votre nom ? Regardez près du tableau, par terre. Il doit y avoir des feuilles volantes. Une avec des portraits... Un trombinoscope. Peut-être vous retrouverez-vous dessus ?

Cette conversation autour de ma malédiction m'avait mis le cafard, et j'avais peur qu'elle ne pose plus de questions. Sans le lui reprocher, je ne souhaitais simplement pas m’épancher sur le sujet. Je me levai, la mine grise.

- Je devrais peut-être... vous savez... le loup. Ce n'est pas Oscar qui lui fera ses bandages.
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyVen 1 Déc - 19:46
Le chagrin du Phénix
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Etant elle-même, jamais elle ne serait permise de poser une telle question. Elle serait doutée des sous-entendus, et serait restée discrète, évitant le sujet et les potentiels mauvais souvenirs qui y sont associés. Mais là… Difficile pour elle de faire fi d’un tel panneau, ou avertissement. Et finalement, même si elle sait globalement se contrôler, la curiosité finit toujours par l’emporter. Ainsi, elle écoute le garde-chasse lui répondre, la tête penchée, toujours plus de questions dans les yeux. Mais elle reste étrangement attentive, et ne les pose pas. D’un autre côté, il n’est pas difficile de voir à quel point le professeur est mal à l’aise en parlant de ce qui semble être sa Malédiction. Personne n’est jamais vraiment à l’aise dans ces cas-là, il faut dire. En tout cas, je n’en ai jamais rencontré.

« C'est une... blague, de l'un de mes élèves. Enfin une blague... »

Je sens la question.
« Oh ? Vous êtes professeur ? »
Mais elle se tait.
Une Malédiction liée à l’électricité, apparemment, qui l’empêche de vivre en contact de tout appareil l’utilisant comme source d’énergie. Soit un bon paquet d’appareils, de nos jours. Voilà qui explique son isolement du château, ce van à moitié démonté et ce panneau, bien évidemment. Une telle vie ne doit pas être facile tous les jours. Mais il a sûrement dû s’y habituer, depuis son adolescence.

« Ils ne se rendent pas compte... »

Nombreuses sont les déductions qu’elle aurait pu faire à partir de cette simple phrase. A dire vrai, elle les a déjà faites. Mais elle finira par les oublier, comme tout ce qui vient de se passer. Elle n’aura plus qu’un gros tour noir à la place de cette fin de journée, et quelques instants plus ou moins flous, comme ce qu’elle faisait avant que sa Malédiction ne se déclenche.

Elle finit tout de même par remarquer la mine sombre du garde-chasse, ce qui finit par déteindre sur elle. Elle baisse les yeux, et tripote simplement ses cheveux. On la croirait de retour en plein adolescence.

« Je suis désolée… J’aurais peut-être pas dû demander… »

Elle continue de regarder autour d’elle, sans poser les yeux sur son interlocuteur, comme elle le fait à chaque fois qu’elle se trouve dans une situation de gêne. Ses yeux retrouvent l’affichette, puis, après une légère grimace, elle décide de ne pas plus s’attarder dessus. Elle se met donc à fixer les livres, les murs, le plafond. Partout. Elle examine encore un peu cet endroit qui lui est inconnu, mais est vite interrompue par le garde-chasse.

« Vous ne sauriez pas me dire votre nom ? Regardez près du tableau, par terre. Il doit y avoir des feuilles volantes. Une avec des portraits... Un trombinoscope. Peut-être vous retrouverez-vous dessus ? »

Elle se redresse, regarde les dites-feuilles volantes sans répondre, puis s’y dirige à quatre pattes, dans une attitude assez ridicule, il faut avouer.

Je ne sais pas tout de sa Malédiction. Par exemple, j’ignore si elle serait capable de se reconnaitre. A-t-elle encore conscience de son propre visage. Il faudrait faire le test, une fois. C’est ce qu’on a bien été obligé de faire les premières fois, afin de voir jusqu’où pouvaient s’étendre les conséquences. Il est vrai que ce genre de test, au trombinoscope, serait le seul moyen de s’en assurer. Mais avec les trombinoscopes des élèves, elle ne risque sûrement pas de se retrouver dessus. Sauf si cet homme possède les trombinoscopes du personnel, mais sauf erreur de ma part, elle n’a jamais été convoqué pour être prise en photo dans l’établissement.

Enfin… Disons qu’elle sera occupée et qu’elle ne risque pas de faire de bêtises.

« Je devrais peut-être... vous savez... le loup. Ce n'est pas Oscar qui lui fera ses bandages. »

Le loup. Elle a déjà dû l’oublier depuis longtemps. Même son excellente mémoire s’envole dans cet état. Trop concentrée dans sa tâche, elle ne remarque même pas le garde-chasse qui s’en va en direction de son chez-lui. Puis le temps commence à passer.

***********************

Le soir tombe lorsque tu reviens à toi ; des feuilles entre les mains, remplies de visages d’élèves dont tu as encore du mal à remettre les noms et les prénoms. Il te faudra du temps avant de ce genre de choses ne te revienne. Du temps et une bonne nuit de sommeil. Demain ou après-demain, tout devrait aller pour le mieux. Pour l’instant, tu es perdue, dans un lieu que tu ne reconnais pas. Epsilon s’est endormi dans un coin de la pièce. Où est-ce que tu es ? Et pourquoi tu tenais des trombinoscopes entre les mains ? Impossible de t’en souvenir.

Tu sais parfaitement ce qui s’est passé. Enfin, dans les grandes lignes. Ta Malédiction est apparue. Pourquoi, comment ? Pas le moindre souvenir. C’est une chose difficile de ne pas se rappeler du pourquoi. Pas moyen d’éviter de refaire la même erreur. Tu réveilles ton familier.

« Epsilon, qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Tu m’as traité de moineau. »
Un petit sourire apparait sur tes lèvres. Pour qu’il te donne cette information en premier, c’est que tu n’as rien de fait de grave. Tant mieux. Et tu sais parfaitement qu’Epsilon n’aime que lui. En gros, que les rapaces. Pour lui, les autres espèces d’oiseaux ont toutes un défaut majeur. Chez les moineaux, c’est la lâcheté.

Bref. Tu finis par sortir de la pièce, pour te rendre compte qu’il s’agit en réalité d’un van. Tu aperçois non-loin une cabanette en bois que tu identifies avec difficulté comme étant celle du garde-chasse du château. Une petite voix te souffle que tu avais voulu y aller plus tôt dans la journée, mais tu ne sais plus pourquoi. Quelques souvenirs remontent. Ta balade du soir le long du la forêt de Elfes, Epsilon qui insiste pour quelque chose, ton envie soudaine et inexpliquée d’aller rendre visite au professeur de zoologie. Puis trou noir. Tu te prends la tête entre les mains, énervée à l’idée de ne pas pouvoir de rappeler de choses aussi simples. Si tu te dirigeais vers la maison de M. Jani, et si tu te trouves sur son terrain, il y a de fortes chances pour qu’il sache ce qui s’est passé durant cette période de vide intersidéral.

Tu repars donc sur son palier, toque à la porte, puis attends qu’il vienne t’ouvrir. Lorsque tu vois sa silhouette se dessiner devant toi, tu lui lances un petit coucou d’excuse.

« Euh… La crise est finie, je suppose… Qu’est-ce que j’ai fait ? »
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyDim 3 Déc - 13:26
Le chagrin du phénix

Line
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- Euh… La crise est finie, je suppose… Qu’est-ce que j’ai fait ?

Pour ma part, je venais de terminer mon ménage. Mais elle se fichait sans doute copieusement. Le temps avait continué de filer alors que j'avais laissé une amnésique seule dans ma salle de classe, en imaginant qu'il s'agissait là de la meilleure idée que j'avais pu avoir. Ce n'était qu'une fois seul chez moi que je m'étais rendu compte des dangers que ça pouvait représenter. Pour elle-même tout autant que pour les autres. Si elle était retournée au château dans cet état, la catastrophe aurait pu être totale. Et donc tout ce que je fis, ce fut de croiser les doigts pour que tout se passe bien. Ce qui arriva. Dieu merci.

Je lui souris et fis un pas de côté pour l'inviter à entrer. A l'intérieur, le feu crépitait dans la cheminée et le sifflement d'une bouilloire sous pression se faisait entendre. Le plancher de bois brillait d'un éclat presque surnaturel. On n'y trouvait plus la moindre trace de sang. Une odeur d'épices et de cannelles chatouillait les narines. Sur le canapé, Oscar ronflait doucement à travers son bec entrouvert.

- Vous avez paniqué, essentiellement, lançai-je d'un ton gentiment moqueur. Oh... et vous avez sauvé une vie...

D'un bras tendu en direction de ma table, je lui désignai le loup qui s'y trouvait toujours. Sa respiration était lente et profonde. Je l'avais endormi grâce à une potion bénigne à mon retour. Il m'avait été bien plus facile de traiter ses blessures ainsi. Le risque de me retrouver la main percée par du cristal en était ainsi amoindri. La sensation était en effet des plus désagréables. J'en sais quelque chose, puisque j'en avais déjà fait l'expérience l'année précédente, dans une forêt de la frontière allemande. Un loup mourant, que je caressais pour accompagner dans ses derniers instants, avait eu un sursaut de vie et changer son poil. Ma douleur n'avait eu d'égale que la surprise de voir un cristal rougi de sang jaillir du dos de ma main. La bonne époque ! Enfin ici et maintenant, j'avais pu recoudre des plaies superficielles, magiquement traitée par mon invitée. Et j'étais tout entier. Des bandages, toutefois, couvraient une bonne partie de l'abdomen de la créature.

- Une tasse de thé ? Je pense qu'on le mérite tous les deux.

Je servis deux tasses sans vraiment prêter attention à sa réponse, car j'étais plongé dans mes pensées et mes souvenirs liés au thé. Cela peut sembler étrange, mais l'on peut vivre de grandes aventures grâce au thé. Ou en l’occurrence, en confondant son thermos de thé avec une potion aux phéromones de griffon alors qu'on a escaladé une montagne pour en observer une meute.

C'est un mouvement brusque de l'animal sur ma table qui me ramena à la réalité. Je posai les tasses et accourut pour rejoindre la jeune femme, tout excité :

- Oh, il se réveille ! lui soufflai-je. Je vais essayer de le maintenir dans un état léthargique pour qu'il ne mette pas la maison sens dessus-dessous, mais j'aimerais que vous assistiez à...

Je sortis ma baguette et la pointai en direction de la créature qui ouvrait les yeux. Son regard se posa sur nous, et l'on put y lire une certaine frayeur.

- … ça...

Il était incapable de bouger, car je le maintenais grâce à ma magie, mais son pelage se mit à scintiller. Toujours plus. Les lueurs de la cheminée semblaient très vite pouvoir s'y refléter. Ses poils se solidifièrent et prirent une teinte immaculée, éblouissante. Tout son corps se couvrit ainsi d'un cristal pur. On pouvait entendre le bois de la table sur lequel il reposait se faire percer de part en part. Je souriais comme un enfant.

- Je ne me lasserai jamais de cette merveille... mais ne jouons pas trop avec ses peurs...

Un autre coup de baguette, et le loup s'endormit de nouveau. Le cristal laissa lentement place à son pelage gris. Je lui caressai la tête, toujours souriant.

- Oh ! Le thé !

Je retournai chercher les tasses fumantes.

- Et maintenant, vais-je enfin savoir qui vous êtes ? Ou on continue de faire planer le mystère ? Allons nous asseoir, ajoutai-je en désignant le canapé. J'imagine que vous devez être épuisée par votre soirée.
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyMer 6 Déc - 20:54
Le chagrin du phénix
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« Vous avez paniqué, essentiellement. »

Tu lances au professeur un petit sourire fatigué. Il semblerait que la soirée ait été longue, tu ne sais même pas combien de temps tu as bien pu rester dans cet état d’amnésie. Mais malgré ta fatigue, tu te réjouis de n’avoir apparemment rien tenté de dangereux, comme tu as l’habitude de faire.

« Ahah… Il paraît que la panique est une constante… »

Tu regardes le château, partagée entre l’envie de rentrer dans ta chambre pour dormir au moins douze heures et l’envie d’en savoir plus sur ce trou noir de fin de journée. Finalement, c’est le deuxième point qui gagne.

« Oh... et vous avez sauvé une vie... »
« Hum ? »

Voilà qui est plus surprenant. Tu as fait ça quand ? Pendant ta crise ou avant ta crise ? Si c’est pendant, ce serait bien une première. Si c’est avant, comme c’est plus probable… Tu espères tout simplement que la nouvelle ne se répande pas trop rapidement. Voire pas du tout en fait. Que penserait les habitants du château d’une infirmière incapable de faire son travail au moindre petit obstacle ? Le professeur te désigne celui que tu as apparemment sauvé. Un loup gris. Tu ne reconnais pas l’espèce, bien évidemment : tu n’es pas vétérinaire. Mais d’après son état et les bandages au niveau, la blessure devait être grave. En tout cas, assez pour que tu finisses par craquer. Tu tentes vainement de te rappeler de ce que tu as bien pu faire pour le soigner mais la sollicitation soudaine de ta mémoire te donne un léger mal de crâne. Tu as besoin de repos.

« J’en ai pas le moindre souvenir… »

Tu te passes la main sur la nuque, fatiguée et énervée. Tu détestes être dans cet état.

« Une tasse de thé ? Je pense qu'on le mérite tous les deux. »

Tes yeux s’illuminent. Du thé… Tu en as grand besoin. Selon ta mère, « le thé soigne tous les maux » et ce fut toujours le cas pour toi. Tu es malade ? Tu bois du thé. Tu te sens mal ? Tu bois du thé. Tu es triste ? Tu bois du thé. Tu risques d’ailleurs de lui siffler toute sa réserve si tu ne te retiens pas. Tu le regardes avec de grands yeux en hochant la tête de haut en bas. En plus, tu commences à avoir froid.
« Quelle idée d’être sortie sans veste aussi ? »
C’est vrai… Mais tu ne t’attendais sûrement pas à rester aussi longtemps dehors finalement. Tu avais peut-être pensé à une petite balade qu’un quart d’heure avant de rentrer au château et d’aller manger dans la Grande Salle. D’ailleurs, quelle heure est-il ?

Tu es sur le point de regarder ta montre lorsque le loup, jusque-là sagement endormi sur la table, se réveille brusquement. Tu sursautes, ne t’y attendant franchement pas, avant de poser la main sur la ceinture de ton jean, dans l’espoir de prendre ta baguette et d’éventuellement te défendre. Mais elle n’est pas là. Et dans ton état, tu n’aurais pas pu faire grand-chose. Le garde-chasse abandonne rapidement sa préparation de thé pour se précipiter à tes côtés, sa propre baguette pointée vers le loup qui s’agite de plus en plus.

« Oh, il se réveille ! Je vais essayer de le maintenir dans un état léthargique pour qu'il ne mette pas la maison sens dessus-dessous, mais j'aimerais que vous assistiez à... »

Il pointe le loup. Ce dernier est visiblement incapable de bouger, si bien qu’une certaine frayeur apparait dans ses yeux.

« … ça… »

Le pelage gris du loup se met soudainement à scintiller. Tu écarquilles les yeux, ne t’y attendant pas plus que son réveil brutal. Ses poils, habituellement ternes, se mettent à luire sous la lumière de la cheminée. Ils se solidifient lentement, perçant alors la table sur laquelle l’animal se repose, ainsi que le bandage. C’est tout simplement magnifique. Le loup se couvre peu à peu de ce qui semble être du cristal pur. Et dangereux. Tu n’oserais pas mettre tes mains dessus, de peur de te couper.

« C’est magnifique… »

Le garde-chasse sourit comme un gosse. Voir un telle passion dans ses yeux te rend soudainement enthousiaste. Tu es persuadée que cet animal ne craindra rien ici, jusqu’à la fin de sa convalescence.

« Je ne me lasserai jamais de cette merveille... mais ne jouons pas trop avec ses peurs... »

Puis le loup se rendort, et le spectacle se termine. Tu es étrangement déçue de ne pas avoir pu l’admirer plus longtemps. Tu ne t’as jamais vraiment eu le temps de t’intéresser aux animaux, tu penses d’ailleurs qu’il s’agit d’un cruel manque de culture. Et qui sait ? Peut-être que tu aurais pu voir d’autres merveilles dans ce genre, plus tôt dans ta vie. Tu te sens nostalgique, d’un coup…

« Oh ! Le thé ! »

Oh oui, le thé ! Hors de question de l’oublier, lui aussi. Lorsque le professeur revient vers toi, deux tasses fumantes dans les mains, une bonne odeur vient gentiment chatouiller tes narines. Tu prends ta tasse entre tes mains, en profites pour te réchauffer un peu, avant d’en boire une première gorgée. Dieu que ça fait du bien !

« Et maintenant, vais-je enfin savoir qui vous êtes ? Ou on continue de faire planer le mystère ? Allons nous asseoir. J'imagine que vous devez être épuisée par votre soirée. »

Tu souris, légèrement revigorée par le thé et la chaleur planant dans la maisonnette.

« Epuisée, oui… Je devais aller manger avec un collègue, comme tous les soirs, mais je pense plutôt faire une soirée pyjama, matelas et douze heures de sommeil. »

Tu espères d’ailleurs que ce dernier ne t’en voudra pas pour ce lapin. Mais tu espères surtout qu’il n’apprenne pas le pourquoi. Tu ne te sens pas vraiment enthousiaste à l’idée de parler de ta Malédiction avec lui… C’est bien le premier soir depuis le début de l’année que tu loupes un repas, mais tu n’as vraiment pas faim pour le coup. Tu veux juste dormir.

Tu suis le professeur jusqu’au fond de sa cabanette, où trône un canapé d’angle. Tu n’oses pas vraiment t’asseoir dessus, tu sais parfaitement que tu risques de t’y endormir. Et tu as déjà bien assez abusé de la bonté du professeur pour ce soir. Si en plus, tu t’endors chez lui…

« Line. Line Loisel. L’infirmière de l’école. Je suppose que c’est pour ça que j’ai réussi à soigner le loup. Je ne sais pas même quelle espèce ça peut bien être… »

Tu baisses les yeux dans ta tasse de thé pour en boire une nouvelle gorgée.

« Merci pour votre gentillesse, en fait. Qui sait où j’aurais pu aller sans un minimum de surveillance… »

Sûrement n’importe où.

« D’ailleurs… Est-ce que cet incident pourrait rester entre nous ? Je n’ai pas vraiment envie que le reste du château l’apprenne, voyez-vous ? Qu’est-ce qu’ils pourraient penser d’une infirmière qui peut oublier tout son travail en une demi-seconde ? »

Déjà que ta Malédiction t’a fortement freiné pour avoir tes diplômes et pour trouver un emploi… Tu as dû refaire l’examen plusieurs fois à cause d’elle. Puis finalement, tu as été autorisé à le faire en plusieurs parties, lorsque les examinateurs ont remarqué que tu ne pouvais tout simplement pas enchaîner toutes ces utilisations de Magie à la suite. Et lorsque tu as enfin eu ton diplôme, il a fallu l’accord d’un psychologue pour que tu sois autorisée à exercer, afin de vérifier si tu étais « assez responsable dans l’utilisation de la Magie pour ne pas mettre en danger la vie d’autrui. » Des mesures qui ont fait mal à ta fierté mais tu pensais malgré tout nécessaires.

« Enfin… M. Leroy est au courant, quand même. Mais pas le reste des collègues. »

Tu laisses échapper une légère toux.

« Hum… Vous n’auriez pas vu ma baguette par hasard ? J’ai tendance à la lâcher dans ces cas-là. »
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyJeu 7 Déc - 15:55
Le chagrin du phénix

Line
Loisel

Epuisée, oui… Je devais aller manger avec un collègue, comme tous les soirs, mais je pense plutôt faire une soirée pyjama, matelas et douze heures de sommeil.

Je la conduisis jusqu'au canapé. Mon havre de paix personnel. Le lieu qui soigne tous les maux. C'était ici que venaient se libérer de leurs fardeaux les élèves en mal être. On jetait dans l'âtre de la cheminée flambante tous les tracas et on les regardait se consumer. Jusqu'à la prochaine fois. Une semaine, parfois une seule journée ou une seule heure, durant lesquelles on ne se sent pas tiraillé. Dans des conditions comme les nôtres, c'était un trésor inestimable. Bien mieux que rien.

Son collègue devait attendre depuis un petit moment... Et j'espérais ne pas entrer dans un conflit relationnel s'il apprenait que sa charmante l'avait délaissé pour la compagnie d'un autre homme. Les choses pouvaient se prêter à de mauvaises interprétations qui ne m'enchantaient pas du tout. Je m'installai sans vergogne à ma place habituelle, celle où l'on peut voir les coussins déjà légèrement incurvés, épousant parfaitement les formes de mon corps.

Et lorsqu'elle reprit la parole, je ne fis rien de plus que l'écouter.

Line. Line Loisel. L’infirmière de l’école. Je suppose que c’est pour ça que j’ai réussi à soigner le loup. Je ne sais pas même quelle espèce ça peut bien être…

Ceci expliquait tout. Son dévouement et son talent pour la magie réparatrice. Elle avait été exceptionnelle et elle n'en savait rien. Cela me brisait le cœur. L'égo n'était pas toujours une bonne chose. Mais l'estime personnelle, elle, pouvait avoir une grande importance. Et à quoi bon la modestie lorsqu'on est capable de telles prouesses !

Merci pour votre gentillesse, en fait. Qui sait où j’aurais pu aller sans un minimum de surveillance…

Je ne répondis pas, trop intéressé par ses propos. Enfin je la découvrais. Nous nous connaissions depuis plusieurs heures maintenant – enfin, sans compter les amnésies et autres obstacles minimes – sans que je sache qui elle était. La vérité, enfin, m'intéressait à cet instant plus que tout. Alors j'écoutais, sans un mot, sans un bruit. J'adorais écouter parler les gens. Enfin, cela dépendait. Je me souviens d'une élève qui était venue me voir après une présentation dans une école en Savoie, je crois. La pipelette de huit ans m'avait tenu la jambe cinq-quatre minutes et dix-secondes sans une pause dans ses propos excédant les vingt-trois secondes. Ce fut affreusement abominable. J'avais eu l'impression d'être l'un de ces châtiés du Tartare de la Grèce antique, voué à une torture éternelle. Là, je n'avais pas apprécié l'écouter. Et en même temps, je n'avais pas pu m'en empêcher, car telle était ma nature. Mais avec la fameuse Line, c'était bien différent. Sa douceur et sa sympathie m'encourageaient à l'écouter. Même si, encore une fois, une pensée en entraînait une autre et que je finis par ne plus écouter, en me remémorant les mille et une façons que j'avais imaginées pour faire taire la terrible peste.

… pourrait rester entre nous ? Je n’ai pas vraiment envie que le reste du château l’apprenne, voyez-vous ? Qu’est-ce qu’ils pourraient penser d’une infirmière qui peut oublier tout son travail en une demi-seconde ? Enfin… M. Leroy est au courant, quand même. Mais pas le reste des collègues.

Je supposai qu'elle parlait de son amnésie, même si j'avais raté le début de sa question. Je lui souris tristement. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment. Nous étions tous deux des dangers, qui ne rêvaient que de normalité. Et la peur d'être vu comme un monstre, alors qu'en nous ne vit qu'un désir de générosité.

Hum… Vous n’auriez pas vu ma baguette par hasard ? J’ai tendance à la lâcher dans ces cas-là.
Oh ! m'exclamai-je en me relevant. Bien sûr ! J'ai fait un peu de ménage pendant... enfin, votre baguette était par terre, je l'ai simplement mise sur ma bibliothèque. Attendez !

J'allai rapidement chercher l'objet pour le lui donner, avant de m'asseoir à nouveau. L'impression d'avoir des milliers de choses à lui répondre me rendait un peu énergique, comme si j'allais exploser de discours en tout genre. A commencer par sa baguette, qui semblait avoir été taillée par les mains les plus habiles de notre époque. La mienne provenait de celles d'une fillette de neuf ans. Ce qui, en apparence, n'avait pas du tout le même poids. Je lui souhaitais avoir en la sienne autant d'histoires et de sentiments que la mienne. Elle incarnait ce qui fut et ce qui aurait pu être. Tous les possibles futurs qui nous ont été refusés. Si les histoires du passé sont nombreuses, celles qui auraient pu être sont infinies.

Mais je ne lui en offris pas un mot. Ma baguette resta dans sa poche.

Vous savez... une personne prête à sacrifier tout ce qu'elle est pour une créature sauvage, personne ne devrait pouvoir en penser le moindre mal. On apprendrait seulement à ne plus utiliser le terme « malédiction » à la légère. C'est affreux, n'est-ce pas ? Injuste, même. La peur constante de dévoiler le monstre en nous, alors que nous n'avons rien de monstrueux. D'être jugés pour ce que nous ne sommes pas, ou trop rarement pour peser dans la balance.

Je bois une gorgée de thé et son effet fut immédiat. La chaleur, le bien-être, le confort. C'était comme une potion de félicité, qui n'avait rien de magique. Line, qui restait debout, finit presque par me mettre mal à l'aise. Je grognai légèrement.

Installez-vous ou je vais être forcé de rester debout moi aussi. Faites juste attention à Oscar, il n'aime pas être réveillé trop brutalement.

En effet, le petit manchot dormait toujours à l'extrémité du canapé, et s'était étrangement roulé en boule comme un chat.

Et si vous tenez à remercier quelqu'un, adressez-vous plutôt à votre familier. Son dévouement et le lien qui vous unit m'ont beaucoup touché. C'est lui qui a su vous guider dans les ténèbres.

Je jetai un œil à mon propre familier. Si nous étions attachés l'un à l'autre, notre relation était toutefois bien différente. Il était plus un animal de compagnie doublé d'un majordome maladroit à mes yeux qu'un véritable ami sur lequel je pouvais me reposer. Principalement parce qu'il ne comprenait pas la moitié de mes propos lorsque j'osais me confier à lui. Il m'était plus aisé de communiquer silencieusement avec d'autres créatures qu'avec lui par la parole.
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptySam 16 Déc - 14:11
Le chagrin du phénix
Ft. Sangha Jani

« Oh ! Bien sûr ! J'ai fait un peu de ménage pendant... enfin, votre baguette était par terre, je l'ai simplement mise sur ma bibliothèque. Attendez ! »

Une fois ta baguette revenue entre tes mains, te voilà immédiatement soulagée. Tu as l’impression d’être nue sans elle, comme s’il te manquait quelque chose. Au fil des ans, tu as tout de même fini par t’habituer à sa présence, bien que tu avais eu du mal à t’y faire lorsque tu l’as reçu, à tes onze ans, à ton entrée dans un collège de sorcellerie. Avant ce moment, tu utilisais un stylo Bic pour pratiquer la magie, même si tes parents te l’interdisaient catégoriquement. Mais tu savais rester discrète pour faire exploser ton verre à la cantine, lorsqu’on te servait du chou. Difficile de manger avec des morceaux de verre dans l’assiette… Du coup, on te servait des pâtes, et tu étais contente d’avoir échappé au supplice du chou.
« Et ils se sont jamais posé de questions ? »
Apparemment pas. Et heureusement. Sinon, tu n’oses même pas imaginer quelle aurait été la réaction de tes parents en l’apprenant. Ils se seraient voilés la face devant les humains, mais une fois à la maison… La rouste aurait été magistrale. Et de toute façon, une fois arrivée au collège, tu t’étais bien rendue compte qu’un simple stylo n’était pas assez puissant pour pratiquer la magie, ou pour être précis dans ses sorts. C’était pratique pour faire exploser des verres dans du chou, voilà tout. Au final, tu as été bien contente de recevoir ta baguette.

Tu plonges le nez dans ta tasse de thé une nouvelle fois. Si tu pouvais, tu t’endormirais dedans.

« Vous savez... une personne prête à sacrifier tout ce qu'elle est pour une créature sauvage, personne ne devrait pouvoir en penser le moindre mal. On apprendrait seulement à ne plus utiliser le terme « malédiction » à la légère. C'est affreux, n'est-ce pas ? Injuste, même. »

Injuste, certes… Tu as toujours pensé que ta Malédiction était plus une malédiction pour tes proches que pour toi-même. L’idée que tu puisses les oublier à tout instant, voire même les agresser si l’envie t’en prend ne doit pas être facile à vivre. Même pour toi, qui n’en vois finalement que les conséquences.

« La peur constante de dévoiler le monstre en nous, alors que nous n'avons rien de monstrueux. D'être jugés pour ce que nous ne sommes pas, ou trop rarement pour peser dans la balance. »

Il est vrai que tu vivrais bien mieux sans ta Malédiction, comme tous les Sorciers, penses-tu. Surtout quand ladite Malédiction peut avoir des conséquences désastreuses sur autrui. Sur des gens qui n’ont rien demandé, qui se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Sur des gens qui n’ont pas eu de chance, en somme. Tu repenses notamment à tes années d’études supérieures, qui fut une période où tu devais utiliser la magie quasiment tous les jours, pour pratiquer, t’entrainer, apprendre. Une période remplie de catastrophes en tout genre, tant pour toi que pour tes autres camarades Sorciers qui souhaitaient simplement devenir infirmiers.

« Installez-vous ou je vais être forcé de rester debout moi aussi. Faites juste attention à Oscar, il n'aime pas être réveillé trop brutalement. »

Tu regardes M. Jani qui a l’air désespéré de te voir encore debout, alors que lui est confortablement installé dans son canapé. Mais si tu t’y assieds, tu vas t’y endormir. Déjà que tu sens tes paupières particulièrement lourdes, tu n’as franchement pas besoin de rajouter le facteur confort par-dessus. Mais le regard que tu lances le professeur finit par te convaincre de t’asseoir.
Tu te poses donc au bord du coussin, en prenant soin de ne pas réveiller le canard qui dort à côté de toi – le chanceux – et de ne pas trop t’affaler sur le canapé.

« Si jamais je m’endors, réveillez-moi. Ça m’ennuierait de passer la nuit ici, par-dessus le marché. »

Tu lances un petit sourire au professeur. Même si tu as parlé sur le ton de l’humour, tu espères qu’il va vraiment te réveiller si jamais ton cerveau décide de se mettre sur off.

« Et si vous tenez à remercier quelqu'un, adressez-vous plutôt à votre familier. Son dévouement et le lien qui vous unit m'ont beaucoup touché. C'est lui qui a su vous guider dans les ténèbres. »

Tu souris désormais à pleine dents, en gratouillant Epsilon sous le cou. Tu sais parfaitement qu’il est toujours resté à tes côtés pendant tes crises, malgré le fait que tu ne te rappelais plus de lui. C’est d’ailleurs toujours lui qui t’explique ce que tu as fait pendant ton absence, lorsque les conséquences ne sont pas directement visibles. Il est rare qu’il te cache des choses. Il ne l’a fait qu’une fois, à dire vrai. C’était parce qu’il ne voulait pas que tu saches ce qui s’était passé durant ton amnésie, ce jour-là. Mais tu as tout de même finit par deviner. Effectivement, tu ne voulais pas savoir.

« Oh vous savez, il sait s’y prendre depuis le temps. Et j’ai toujours pu compter sur lui. »

Epsilon gonfle ses plumes comme pour montrer sa fierté. Toujours dans la modestie.
« Toujours. »

« Mais bon… Apparemment, je n’ai causé aucune catastrophe notoire, et c’est le plus important. Surveiller quelqu’un dans mon état ne doit pas être chose facile. J’aimerais que ça se passe constamment comme ça, ce serait plus simple pour tout le monde… »

Tu soupires et retournes le nez dans ta tasse de thé. La fatigue te rattrape, si bien que tu bailles soudainement en fixant l’intérieur de ta tasse. A cet instant, tu veux partir. Mais pourtant, tu ne le fais pas. Tu te sens bien ici, au chaud, avec du thé et une cheminée à proximité. Tu veux partir, mais tu n’as pas vraiment envie de bouger. Alors tu ne bouges pas.

« J’en ai causées des catastrophes, quand j’étais plus jeune. J’ai même failli éborgner un de mes camarades, pendant mes études. Mauvais mélange magie et scalpel… Même si son œil est resté intact, on n’a jamais vraiment pu réparer les dégâts. Autant dire que je l’ai défiguré… »

Tu ravales difficilement ta salive. Tu n’as jamais vraiment réussi à lui reparler en face, à partir de ce jour. Tu t’en es toujours voulu, mais tu n’as jamais osé prendre de ses nouvelles, ce qui renforce ton sentiment de culpabilité. Un bon cercle vicieux.
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MessageSujet: Re: Le chagrin du phénix [Line] Le chagrin du phénix [Line] EmptyMer 20 Déc - 11:04
Le chagrin du phénix

Line
Loisel

Je pense souvent aux sorciers et à leurs malédictions. Sans doute les seuls instants pendant lesquels rien ne peut me distraire. Le monde entier disparaît face à cette fatalité. Et chaque fois j'en suis attristé, désespéré. Je vois ces enfants et partage leur souffrance, ne peux rien y faire. Les mots soulagent mais ne résolvent rien. Je vois l'innocence qui les incarne leur être arrachée. Trop tôt. Trop vite. Trop brutalement. Pourtant, on devrait le savoir. La cruauté engendre la cruauté. Les magiciens ont voulu être cruels envers ceux qui étaient cruels envers eux. Alors ils ont créé de nouvelles personnes qui seraient cruelles envers eux. Et ils se défendent en étant cruels. Qui peut blâmer l'un ou l'autre des camps ? Et par-dessus tout, la peur pousse l'homme à suivre ses plus bas instincts, et en devient bien trop malléable. Si l'Histoire, humaine ou magique, nous apprend quelque chose, c'est que si la cruauté s'alimente elle-même, la peur, elle, est l'impulsion qui démarre le mouvement de roue. Et j'en pleure, oui. Car sur ce champ de bataille silencieux, vain, prétentieux, les enfants se retrouvent cernés par des bombes qu'ils n'ont pas réclamées. Ils posent les pieds sur les mines poussiéreuses installées là des décennies plus tôt, par leurs ancêtres poussés par la peur.

- Oh vous savez, il sait s’y prendre depuis le temps. Et j’ai toujours pu compter sur lui.

Je n'ai pas sursauté, mais ai été surpris lorsque Line me répondit. Ce qui était stupide puisque je lui avais parlé quelques secondes plus tôt. Mais le bref silence m'avait suffit à me perdre dans un monologue engagé, pessimiste et extrêmement imagé. Rien de bien intéressant en somme. Je remontai les pieds sur le canapé pour me recroqueviller, la tasse fumante sur les genoux, et me concentrai sur la conversation – ce qui devrait être une bonne habitude à prendre. Cela m'aurait évité, par exemple, de devoir fuir la nuit en plein hiver à travers la campagne mosellane, après n'avoir pas écouté un traître mot d'un vieux paysan grincheux qui m'invitait à dormir chez lui. Je lui avais simplement dit que j'étais d'accord avec tout ce qu'il me proposait. Il s'était avéré qu'il m'avait aussi demandé d'épouser sa plus jeune fille pour assurer la prospérité de sa lignée de sorciers paysans aux grands pieds. Bien que j'ai depuis oublié leur nom et leurs visages, je me souviens étrangement des pieds disproportionnés de chaque membre de cette famille.

Mais bon… Apparemment, je n’ai causé aucune catastrophe notoire, et c’est le plus important.

J'imaginais qu'il devait déjà exister des films d'horreur avec un scénario semblable à l'idée que l'infirmière dégageait de ses propos : un amnésique se réveille et, dans sa panique, commence à massacrer tout le monde après un stupide quiproquo. Il commence, bien sûr, par le jeune et charmant garde-chasse qui vit dans une cabane reculée, où personne ne peut l'entendre crier. Heureusement, j'avais géré la situation.

Surveiller quelqu’un dans mon état ne doit pas être chose facile. J’aimerais que ça se passe constamment comme ça, ce serait plus simple pour tout le monde…

Pour elle avant tout. Elle restait la principale victime de sa malédiction, contrairement à des personnes comme moi, qui ne sont que bourreaux. Chacune de ses paroles se rapportant à ses états d'amnésie me laissait entrevoir de sombres expériences. Pour certaines, peut-être valait-il mieux qu'elle n'en ai gardé aucun souvenir.

Elle avait la mine basse et l’œil fatigué. Qu'elle s'endorme chez moi ne me dérangeait absolument pas... mais qu'en penserait l'heureux élu de son rencard manqué ? L'idée de me retrouver piégé dans une querelle de tourtereaux revenait planer au-dessus de ma tête. Mais j'étais qui j'étais, et je savais pertinemment que la personne que j'étais n'allait pas mettre dehors une autre personne qui serait dans le besoin. Comme la fois où j'accueillis dans mon van un auto-stoppeur qui désirait faire un peu de route avec moi, jusqu'à ce que je remarque son sac plein d'argent et de bijoux, et le pistolet qu'il me braquait sur la tempe pour que je roule sans m'arrêter. Il m'a fallu six heures de route et trois arrêts pipi pour enfin avoir l'occasion de saisir ma baguette. L'homme fut retrouvé le lendemain, nu et finissant tout juste de dévorer tous les billets qu'il avait volé alors qu'il bafouillait dans une langue inconnue et incompréhensible, dans un champ près d'une autoroute.

Line, heureusement, n'avait pas l'air d'avoir de revolver sur elle.

J’en ai causées des catastrophes, quand j’étais plus jeune. J’ai même failli éborgner un de mes camarades, pendant mes études. Mauvais mélange magie et scalpel… Même si son œil est resté intact, on n’a jamais vraiment pu réparer les dégâts. Autant dire que je l’ai défiguré…

Alors que j'étais amusé par les souvenirs qui me revenaient en tête, la soudaine confession de l'infirmière me tira une mine déconfite. J'avais voulu en rire, mais lorsque la vérité éclata, je me rendis compte que rien de tout ça n'était sujet ni à plaisanterie, ni à scénario de film à sensation hollywoodien. Encore une âme innocente vivant dans la peur d'elle-même, et les regrets. Je savais qu'à la place du jeune homme, je n'aurais pas pu accuser Line de son geste. Sagesse ou idiotie ? Chacun est libre de s'en faire sa propre opinion. Mais je savais que trop peu de personnes pouvaient penser de la même manière. J'imaginais alors très bien les regards qu'on put lui porter dès ce jour. Comme ma famille avait pu me regarder, dix ans plus tôt. Un sourire faussement confiant, et des yeux qui hurlaient de terreur.

J'aurais voulu lui tapoter la main pour la réconforter, mais qui sait comment ce geste pouvait être interprété ? Ça me rappelait une anecdote que je préfère taire, parce qu'elle était trop honteuse et parce qu'on avait eu pour aujourd'hui bien assez d'histoires. Je me contentai de la regarder. Elle était jolie et sa bonté se lisait sur son visage. Tout autant que sa tristesse. J'avais le cœur serré. Mais je souris. Car je souriais toujours. Car rien n'était jamais tout noir. Et l'obscurité ne durait jamais éternellement. De la compassion. Toujours.

J'ai tendance à vouloir croire que toute chose doit arriver pour une raison. Même la plus horrible des expériences est utile pour avancer. Peut-être que sans ces catastrophes, vous ne seriez pas à Sainte-Catherine. Vous n'auriez pas sauvé une vie ce soir. Vous n'auriez pas de rendez-vous avec votre collègue. Vous ne soutiendriez pas de jeunes sorciers et de jeunes magiciens qui ont besoin de vous. Vous ne seriez pas l'un des acteurs d'une révolution dans le monde magique... pour que plus aucun jeune sorcier n'ait à vivre dans la peur ou le regret comme nous. Faisons en sorte que nos regrets leur soient bénéfiques.

Je termine ma tasse de thé, pensif.

Et toi Sangha, dans tout ça ? Un meurtre peut-il être bénéfique ? J'avais peut-être tendance à ne pas appliquer à ma propre personne les conseils que je pouvais donner. Tout ce que je voyais pour moi, c'était la culpabilité. Et l'enfer qui m'attendait, pour expier. Mais ce n'est rien. Je n'ai pas peur de l'enfer.

It's just heaven for bad people.
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